Édouard Butin attaque une nouvelle saison à Brest

Le Dijonnais Édouard Butin adémarré sa deuxième annéeau club de foot de Brest. Échange avec un trentenaire qui parle de son métier avec autant de passion que de recul.

Dijon l’Hebdo : En juin 2019, tu seras en fin de contrat avec Brest, est-ce que tu sais comment sera l’année suivante ?

Edouard Butin :« Non, pas du tout, tout dépendra de notre progression cette saison. Pour l’instant c’est encourageant, l’année a bien démarré, on est proche des équipes de tête et puis le groupe a peu changé cet été ce qui permet de démarrer rapidement. On va tenter de monter en Ligue 1 mais malgré ça je ne sais vraimentpas quelles envies j’aurai d’ici 8 mois, je ne prendrai pas ma retraite en tout cas car j’ai toujours autant de plaisir à jouer. En revanche je réfléchis à ma retraite de footballeur car à 30 ans, je suis plus vers la fin de ma carrière qu’audébut. Est-ce que je resterai dans le domaine du foot, dans celui du sport, je ne sais pas encore mais j’ai la chance d’avoir suivi des études à côté de ma formation sportive donc je peux prospecter dans divers domaines. »

DLH :C’était une volonté de ta part ?

E. B :« Oui, de la part de mes parents aussi. Après avoir joué à Auxonne quand j’étais enfant, je suis allé en sport études au collège des Lentillères de Dijon et tout était organisé pour qu’on suive une scolarité presque normale. J’avais des cours le matin, les entraînements se déroulaient l’après-midi au stade des Poussots et la nuit je logeais au collège Pardé. À ce moment-là, je jouais avec le DFCO et comme ils avaient un partenariat avec Sochaux, le club m’a proposé un contrat. Je suis donc parti en centre de formation là-bas parce que j’avais la certitude que ma scolarité ne serait pas délaissée. Nous étions 2 ou 3 élèves maximum par classe et c’est comme ça que j’ai eu mon bac ES avec mention. »

DLH :Sochaux est donc le club qui t’a formé comme joueur professionnel.

E. B : « Oui mais comme homme aussi car nous étions très soutenu et ne pas être trop éloigné de ma famille, qui vivait à Auxonne, m’a aussi aidé à ne pas perdre pied car on commence sa vie active très jeune. Heureusement j’ai été entouré et n’ai pas quitté trop brutalement mon environnement familial et amical ce qui m’a permis d’avancer sereinement dans ma carrière. Et, comme joueur professionnel, c’est évidemment Sochaux qui m’a formé puisque j’y ai passé 12 ans, de 2003 à 2015. Avec ce club, j’ai connu la Ligue 1 et des années magnifiques. J’ai croisé les plus grands footballeurs du moment et joué dans des stades exceptionnels comme le Vélodrome, Saint-Etienne, Lens et bien sûr le Parc des Princes qui, en tant que grand supporter du PSG, a ma préférence. Ensuite, je suis allé à Valenciennes pendant deux ans, puis Brest où je me plais beaucoup. »

DLH : Un souvenir en particulier de ton passage en Ligue 1 ?

E. B :« Oui, la cicatrice que je garde au genou suite à un choc avec Hugo Lloris ! Je rigole mais cet épisode a été un tournant de ma carrière, j’étais en plein progression et pouvait avoir de grandes ambitions mais cette fracture a freiné cette dynamique. J’ai été opéré plusieurs fois et la blessure en a engendré d’autres mais elle m’a aussi donné le mental d’acier dont un sportif a besoin. Je suis devenu réellement professionnel à ce moment-là, quand j’ai acquis une vraie discipline de travail. Je pense parfois à ce que serait devenue ma carrière sans ce choc et finalement je me dis que ça m’a rendu meilleur, plus complet. »

DLH :La vie de footballeur est très particulière, est-ce que tu as de regrets ?

E. B :« Regrets non, mais c’est vrai que j’aurais aimé connaître la vie étudiante par exemple, les campus… Et puis on est très tôt en vase clos avec des « footeux » et uniquement des garçons ce qui n’aide pas à l’ouverture d’esprit. Je pense que les jeunes devraient être plus en contact avec d’autres milieux, en tout cas d’autres sportifs. Avec les matchs le week-end il est aussi difficile d’assister aux réunions amicales ou familiales mais j’ai quand même un métier magnifique, j’ai réalisé un rêve d’enfant ! Je me rends compte de la chance que j’ai de vivre de ma passion, chaque jour est un réel plaisir et puis les supporters, les applaudissements pendant les matchs, tout cet engouement est magique. »

DLH :Que penses-tu de l’escalade financière dans le milieu du foot ?

E. B :« Rien de mal, c’est l’industrie de ce sport, les sommes continueront sûrement à grimper mais cet argent n’est pas volé, c’est un circuit entre les clubs, les sponsors et tout ceux qui gravitent dans l’économie du foot. Quand il y a un transfert, c’est un accord entre deux clubs donc personne n’est lésé, chacun accepte la transaction et critiquer le joueur est également injuste puisqu’il n’est absolument pas responsable du montant de son transfert. »

DLH :Enfin, quel regard as-tu sur la métamorphose du DFCO ?

E. B : « En tant que dijonnais, je suis très heureux de voir cette réussite et la trouve méritée. Les dirigeants ont été intelligents, ils n’ont pas grillé les étapes, ils sont arrivés de Nationale à Ligue 2 puis à Ligue 1, le tout en renforçant les fondations : le recrutement a été bien pensé, le stade modernisé, le centre de formation amélioré et le club est aujourd’hui réellement admis et reconnu parmi les 20 meilleures équipes. Je regarde toujours avec plaisir leurs matchs car le style de jeu est plaisant, à l’image de la progression de la Ligue 1 qui, avec de très grands joueurs, est de meilleure qualité qu’il y a quelques années et s’améliorera encore. »

Propos recueillis part C. C