David Butet : « Entreprendre, c’est vivre »

 

Seul candidat à la succession de Pierre-Antoine Kern qui a accompli deux mandats de trois ans, David Butet a été élu président du MEDEF de Côte-d’Or. Entretien avec le tout nouveau « patron des patrons ».

 

Dijon l’Hebdo : C’est un MEDEF en pleine santé que vous prenez en main…

David Butet : « C’est vrai et je remercie tout particulièrement Pierre-Antoine Kern qui a œuvré pendant 6 ans dans une conjoncture économique pas des plus euphoriques. Je vous avoue que c’est un engagement auquel j’avais réfléchi, pas forcément aussi tôt dans ma carrière, mais après de nombreux échanges et soutiens, j’ai décidé de me lancer.Le MEDEF Côte-d’Or est une force. Force de proposition. De fédération aussi du plus grand panel possible d’entreprises. 780 000 d’entre elles y adhèrent en France. C’est un mouvement ultra-représentatif. »

 

DLH Vous souhaitez orienter le MEDEF autour de trois missions. Quelles sont-elles ?*

D. B : J’utiliserai pour cela trois verbes d’action : faciliter, préparer et inspirer.

Faciliter tout d’abord la vie des entreprises adhérentes et des entrepreneurs qui les dirigent. On doit avoir des services pour les adhérents à tous les moments de la vie de l’entreprise, pour toutes les catégories d’entreprises. 500 consultations en droit social ont été traitées en 2017. C’est loin d’être anodin. Il y a d’autres services qu’il faudra développer en direct ou en partenariat avec d’autres.
Préparer ensuite, en dopant l’employabilité et en accélérant l’évolution et la formation permanente de nos collaborateurs. Le MEDEF peut devenir l’acteur n°1 du recrutement. Je propose, par exemple, d’étudier la mise en place d’une plateforme de recrutement collectif. Pour partager une anecdote personnelle, il y a quelques années, lorsque j’ai voulu attirer un talent parisien dans une de mes entreprises, je me suis vu contraint de réfléchir à l’employabilité de son conjoint. Je l’ai fait, seul, via mes réseaux. Et il s’est donc installé sur notre territoire, avec sa famille. Partageons, via cette plateforme, les profils de nos recrutements et favorisons ainsi la croissance de nos entreprises en collectif. Jamais, je ne voudrais que le MEDEF fasse le job d’un de ses adhérents. Par contre, on peut être le précurseur de l’idée de développement, voire le fédérateur de compétences. On peut être ce « hub » pour partager l’ensemble des possibilités de recrutement qui existent sur l’ensemble des 1 900 entreprises adhérentes au MEDEF.
Enfin, inspirer : devenons acteur de l’innovation et promoteur des bonnes idées et bonnes pratiques. Nous avons des filières d’excellence avec des acteurs leaders sur leur marché sur notre territoire : je ne souhaite pas réinventer l’ADN de notre territoire, mais plutôt m’appuyer sur celle-ci pour mieux organiser le développement de l’innovation et donc de la croissance.

 

DLH : La croissance est un mot qui revient souvent dans votre propos…

D. B : « Je suis convaincu qu’on ne peut faire que mieux que ce qui se passe aujourd’hui sur le territoire. Nous sommes dans la seule région de France qui a fait de la déflation depuis ces dix dernières années. – 6 % en une décennie. On a un énorme complexe d’infériorité. On ne fait jamais savoir ce qu’on fait.

J’ai reçu de Nicolas Dufourcq, le directeur général de BPI France, la cartographie qui sera éditée cet été des industries du futur. Et la seule région de France où il n’y a rien, c’est la Bourgogne – Franche-Comté. La Région n’a fourni aucun élément alors qu’il y a des entreprises qui auraient mérité d’y figurer.

 

DLH : Un nouveau président a pour habitude de mettre rapidement sa touche personnelle au fonctionnement. Que souhaitez-vous mettre en place dans les meilleurs délais ?

D. B : « Un geste fort, il y en aura un prochainement mais je ne peux pas l’évoquer aujourd’hui. Je voudrais mettre en scène le financement de cette croissance que j’évoquais il y a un instant, dans le cadre d’un événement qui se déroulera mi-juin. »

 

DLH : Quels sont les arguments que vous mettriez volontiers en avant pour convaincre un chef d’entreprise d’adhérer au MEDEF ?

D. B : « Le MEDEF est, pour moi, la seule organisation patronale de toutes les catégories d’entreprises. A mon niveau, j’incarne la PME et je la défendrai. Ce n’est pas antinomique avec le mot MEDEF. Loin de là. S’il n’y avait pas l’ensemble des grands groupes qui constituent aussi la fierté de ce que nous sommes en France, il y aurait une flopée de PME qui n’existeraient même pas. Pour pouvoir faire partie d’une économie qui est aujourd’hui globale et générale, il faut être dans un syndicat global et général. Et le MEDEF est le seul qui fédère toutes les branches professionnelles, toutes les catégories d’entreprises et qui a cette agilité pour tester beaucoup de choses. Je suis convaincu qu’un MEDEF territorial se vit à une échelle qui permet l’expérimentation pratique de beaucoup d’initiatives, avec des résultats concrets rapidement mesurables. Encore une fois, l’échelle du département est un formidable terrain d’expérimentation pragmatique.

Testons, expérimentons davantage, soyons les premiers à sortir du cadre. Pour enrichir un territoire, il faut réfléchir en dehors du territoire. Le MEDEF doit devenir le « hub » de toutes les entreprises de croissance de la Côte-d’Or. Le MEDEDF doit accélérer les liens pour la réussite de nos projets locaux, nationaux et internationaux. »

 

DLH : L’entreprise, c’est la vie »… dit volontiers le MEDEF. Il y a pourtant d’autres choses dans la vie ?

D. B : « Ah oui, et c’est pour ça que j’aime dire aussi : « Entreprendre, c’est vivre ». Car entreprendre, ce n’est pas que l’entreprise. On entreprend aussi quand on est responsable d’une association, à la tête d’un syndicat de salariés, quand on fonde une famille… C’est ça la vie et entreprendre, c’est vivre. C’est aussi une façon de replacer le mot entreprendre à sa juste valeur.

 

DLH : Si vous deviez-vous définir en trois adjectifs…

D. B : « Les meilleures définitions viennent des autres… Je dirais dynamique, fédérateur et humain. Le côté humain est essentiel. Il ne faut surtout pas l’oublier. B to B, B to C désincarnent complètement cette dimension. Je préfère de loin le H to H. »

 

Propos recueillis par Jean-Louis Pierre