Pierre-Antoine Kern, président du Medef Côte-d’Or, déplore le manque de connaissance – pour ne pas dire l’ignorance – du monde du travail et de la diversité des métiers chez les enseignants. Il compte bien que l’actuel Ministre Jean-Michel Blanquer fasse bouger les lignes, pour que les enseignements professionnel et technique ne soient plus tenus en aussi piètre estime.
« Aujourd’hui, les chefs d’entreprise ne sont ni associés aux conseils de classe ni aux réunions parents/enseignants. C’est dommageable pour les élèves des collèges ou des lycées. Le système scolaire vit et raisonne en vase clos ; je résume : les profs quittent l’école pour y retourner à vie ! Conséquence, le corps enseignant n’a qu’une vision parcellaire de la diversité ainsi que de la richesse des métiers de l’industrie ou de l’artisanat. Je prends un cas bien simple : quel jeune n’a pas envie de faire une formation marketing-communication, alors que la filière offre peu de débouchés ? Mais qui va l’en dissuader ? Alors qu’il serait plus judicieux d’orienter les élèves de bon niveau vers des filières techniques qui conduisent par le biais de l’alternance ou de formations en CFA et CFI à Bac+2 ou Bac+3. On ne dit pas assez que ces métiers techniques qui supposent un bon niveau en maths -mais pas forcément hors pair- sont intéressants et offrent un bel avenir professionnel. Il faut cesser de leur attribuer cette connotation péjorative qui est actuellement de mise. Le besoin d’information est considérable, si l’on veut changer les mentalités, tant chez les collégiens et les lycéens que parmi les parents ou les professeurs. J’ai lancé l’idée auprès d’une dizaine de jeunes gens de les mettre en contact avec un industriel. J’attends une réponse… Tout est à reconstruire dans le système éducatif pour donner leurs lettres de noblesse à des métiers ignorés ou injustement mésestimés. »
Propos recueillis par Marie-France Poirier