Chenôve 2018… La reconquête d’image commence à porter ses fruits. Dans le secteur immobilier, les projets ne manquent pas avec des projets qui vont prendre forme dans tous les quartiers de la ville. Thierry Falconnet, le maire, explique les enjeux qui attendent la deuxième ville de la Métropole dijonnaise.
Dijon l’Hebdo : Quelles sont aujourd’hui vos priorités en matière d’habitat ?
Thierry Falconnet : « En premier lieu la diversification avec un rééquilibrage sociologique de la ville en continuité avec ce qui se fait sur le sud dijonnais.
On a une commune qui est très déséquilibrée. Même si le programme de renouvellement urbain a amené un certain nombre de déconstructions, nous avons encore le premier parc à loyer modéré de la Métropole. Sur le territoire communal, on compte, en effet, 44 % de logements sociaux.
Ensuite, il est important de souligner que la baisse de population est enrayée. Elle est, selon l’INSEE, de – 0,4 %. On peut donc espérer, avec les programmes de logements neufs et de requalification de l’ancien, voir la courbe s’inverser et gagner ainsi, petit à petit, de la population. »
DLH : Combien d’habitants comptez-vous gagner dans les années qui viennent ?
T. F : « Aujourd’hui, la population totale est de 14 205 habitants. C’est évidemment très loin des 23 000 que nous avons eus à la fin des années 70. Nous sommes la troisième ville du département et la deuxième de la Métropole. Notre ambition est donc de regagner de la population. On peut raisonnablement se fixer un cap supérieur à 15 000 habitants pour les 10 ans qui viennent. »
DLH : Tous les quartiers de la ville sont-ils concernés par ce rééquilibrage sociologique ?
T. F : « Pour les habitants de Chenôve, pendant des années, la politique du logement s’est résumée à l’intervention sur le quartier « Politique de la ville ». Désormais, la volonté de l’équipe municipale, c’est de faire en sorte que la politique d’aménagement touche tous les quartiers de Chenôve. Avec la volonté, bien sûr, de mener à son terme le Programme national de renouvellement urbain, mais de travailler aussi sur cet axe important, stratégique et majeur pour l’agglomération, que constitue l’avenue Roland-Carraz. Avec bien entendu, la politique de déplacement qui va avec. C’est à dire la préfiguration de ce que pourrait être demain un transport en commun en site propre. »
DLH : Vous êtes un fidèle défenseur de l’accession aidée ?
T. F : « Il faut travailler sur le parcours résidentiel à l’intérieur de la ville. Je m’explique : aujourd’hui, on a une offre de logements -particulièrement neufs- qui n’est pas suffisante.
Comme nous y invite le projet d’aménagement et de développement durable, il nous faut favoriser l’accession aidée. On ne peut pas, du jour au lendemain, passer du « tout social » à « toute accession libre ». Personnellement, je n’y crois pas. C’est pour cela qu’il faut passer par un palier intermédiaire qui est celui de l’accession aidée avec tous les produits qui peuvent exister : le prêt à taux 0, le prêt social location-accession…
Nous avons le Programme national de renouvellement urbain – deuxième phase qui a commencé avec la Cour Margot. Sur la centralité de Chenôve, nous avons un programme de 230 logements exclusivement en accession aidée ou libre puisque nous n’avons plus le droit de produire du logement social dans le « Quartier Politique de la Ville ». La prime ANRU est aussi un encouragement à l’acquisition. Elle peut aller jusqu’à 15 000 € sur un logement à cet endroit-là.
C’est pourquoi je souhaite une augmentation de la part des logements aidés, en allant de 30 à 40 %. »
DLH : « Quels sont les principaux projets immobiliers qui vont s’inscrire sur la commune ?
T. F : Les projets ne manquent pas. 850 logements seront construits d’ici 2030. Il ne s’agit pas de refaire les erreurs d’hier. Les grands ensembles, c’est fini. Permettez-moi d’insister : il s’agit de reconstituer l’offre de logements et d’habitat sur Chenôve dans le sens d’une réorientation sociologique.
170 logements vont être construits sur le site de la clinique dans les deux ans qui viennent. Autre priorité en terme de logement et d’habitat, c’est le projet « Les Vergers du Sud » sur le site Divia. On y attend un programme immobilier qui pourrait atteindre 250 logements. Parmi les projets déposés par les architectes, il en est qui propose même un téléphérique urbain… Le choix du cabinet d’architecte qui va conduire le projet dans le courant de ce premier semestre 2018.
Ensuite, on a tout ce qui se situe le long de l’avenue Roland-Carraz où une véritable mutation est en train de s’opérer. Cet axe est identifié comme un axe de développement majeur à l’horizon 2030 dans la continuité de ce qui se fait aujourd’hui à Dijon le long de l’avenue Jean-Jaurès.
L’avenue Roland-Carraz est aujourd’hui exclusivement dédiée à des activités économiques et commerciales qui, pour certaines, disparaissent du paysage. L’idée sera de mixer les fonctions urbaines en s’appuyant sur une politique d’opportunités pour reconstruire, y faire de l’habitat, du commerce en ras d’immeuble…
Quel avenir, par exemple, pour le site Peugeot – La Vie saine – Iveco, à proximité de l’ancien garage Gremeau ? Il y a là près de 15 000 m2 qu’on pourrait urbaniser. C’est pourquoi j’espère, et je travaille pour ça, que la réglementation permettra la mixité des fonctions urbaines.
DLH : Il y a encore quelque temps, le nom de Chenôve était quasiment tabou dès lors qu’on était sur un registre immobilier. On lui substituait même les noms de Divia ou Dijon sud. Aujourd’hui, quels arguments mettriez-vous en avant pour promouvoir un investissement immobilier sur votre commune ?
T. F : « Nous avons une reconquête d’image qui commence à porter ses fruits. Pour preuve, les prix de vente moyen des logements augmentent. Chenôve est une commune qui opère sa mutation par une dynamique incontestable comme en témoignent ses projets en cours. Le réseau de transports urbains la rend très accessible. L’offre commerciale n’est pas aussi forte que dans le nord et l’est de la Métropole, mais elle est tout à fait intéressante, notamment en commerces de proximité.
Pour des jeunes ménages primo-accédants de catégorie sociale moyenne, les prix de l’immobilier sont à même de permettre des installations qui correspondent pleinement à leur budget. Ce qui est vrai pour les appartements, l’est aussi pour les maisons.
DLH : Comment voyez-vous le paysage urbain de Chenôve à l’horizon 2030 ?
T. F : « Le nouveau paysage urbain montrera que Chenôve a un centre. C’est à dire qu’on va poursuivre le travail d’affirmation de la centralité de Chenôve engagé par mon prédécesseur, Jean Esmonin. La Cour Margot, le site actuel de la Poste, l’aménagement du bas du vieux bourg, le réaménagement de l’espace où va être déconstruit le centre commercial Saint-Exupéry… L’idée sera de créer à cet endroit un espace de nature en ville, de convivialité, récréatif, de culture avec la proximité du Cèdre.
D’autres pôles vont faire l’objet d’une attention particulière : le secteur Kennedy, c’est à dire l’entrée nord de Chenôve, avec un réaménagement qui mêlera la reconfiguration commerciale et une offre nouvelle d’habitat.
L’aménagement urbain va se déplacer sur l’avenue Roland-Carraz dans la perspective des flux touristiques mais pas seulement. C’est un axe majeur de développement à moyen et long terme, avec, peut-être, un parking-relais plus au sud qu’on pourrait imaginer à Perrigny-lès-Dijon, avec des navettes et un éventuel prolongement de la ligne du tram…
Propos recueillis par Jean-Louis Pierre