Vol au-dessus de la rue Vauban

 

Il en est des villes comme des hommes : leur nature est d’être mortelle ! Ainsi Romulus a donné naissance à la Rome Antique qui s’est perpétuée jusqu’à nos jours. En revanche, c’est la guerre de Troie qui portera un coup funèbre à la cette belle cité de la Grèce archaïque. Entraînant dans sa chute, celle de ses héros, de ses demi-dieux,  de toutes les activités économiques humaines, religieuses ou économiques…

Plus modestement, évoquons notre Dijon et ses commerces du début du 20e siècle. C’est ainsi qu’après la grande guerre, la famille Pelletier fonde les établissements qui trouveront leur finalité dans une société de comptoir mécano-électrique, rue Vauban. Arrive 1929 et son fameux krach qui stoppe net le  développement attendu… Il n’empêche qu’elle survit sous le nom de Société dijonnaise de matériel électrique et s’implante en partie pour mieux prospérer en zone industrielle nord.

Au fil du temps, tout en maintenant son siège à l’adresse initiale, elle fera place aux établissements Streichen spécialisés dans le négoce du charbon et du mazout. Politique et guerre vont rendre la vie difficile aux négociants. Les locaux rue Vauban sont assez vastes pour que les Lauvergnier puissent y installer une galerie d’art qui sera la coqueluche du Tout-Dijon jusqu’à la fin du siècle dernier. L’endroit sera fréquenté par le Tout-Dijon amateur d’art et accueillera, une fois par an, l’exposition de l’Essor qui eut ainsi son heure de gloire !

Aujourd’hui, les arts picturaux ont cédé la place aux fourneaux de « L’oiseau des Ducs ». Le restaurant s’est vite fait remarquer du Michelin. Que dire d’autre de cet oiseau qui n’est pas né au demeurant pour finir à la casserole ? Il s’agit d’un aigle de taille remarquable à l’envol si majestueux qu’il figurera dans le blason héraldique des Ducs de Bourgogne. Symbole ambivalent du ralliement et du combat, il orne le heaume et l’armure des princes de la famille ducale. Charles le Téméraire ne les portait pas à la funeste bataille de Nancy. Et, selon un historien suisse, c’est ce qui causa la chute et la mort du Téméraire.

Roger Loustaud