« Saint-Philibert parait dévotement agenouillée sur ses origines romanes et sous son gothique clocher de pierre ». D’une phrase, l’historien bourguignon Gaston Roupnel l’avait résumée. On la ressent bien ainsi, en la découvrant blottie entre les flans amples de Saint-Bénigne et les tours aux yeux de sentinelle de Saint-Jean.
Beauté de formes simples, agencement de blocs quadrangulaires et d’aigus : elle a une simplicité d’épure qui émeut.
A l’origine, au IXe siècle, saint-Philibert fut bâtie en annexe de Saint-Bénigne. Novices et serviteurs l’utilisaient comme chapelle et elle ne fut érigée en paroisse qu’au XIe siècle. Elle fut reconstruite au XIIe siècle. Elle avait alors trois absides qui furent détruites au début du XIXe siècle pour créer une rue. Le beau clocher octogonal couronné d’une balustrade date, par ailleurs, de 1513.
Désaffectée à la Révolution, elle servit alors d’écuries puis de magasin de vivres militaire. La précarité de son état architectural interdit actuellement toute visite ou utilisation.
Saint-Philibert mériterait mieux : elle fut témoin des grandes heures de Dijon. La coutume médiévale était de tenir les assemblées communales dans son cimetière et c’est là qu’en 1187, le duc Hugues III accorda à la ville la charte de la commune, conservée aux archives municipales.
C’est aussi sous le portail que se passait l’investiture du maire avant qu’il ne renouvelle qon serment à Notre-Dame et l’on y rendit même la justice.
Saint-Philibert est le seul édifice de l’art roman à Dijon ; superbe par ses hautes piles sévères soutenant la voûte, elle évoque l’atmosphère de Saint-Philibert de Tournus.
Sous le porche, rapporté aux XVe et XVIIIe siècles, le portail central a malheureusement été mutilé à la Révolution. Il reste, sur le bas-côté sud une porte romane remarquable par la finesse de sculpture des voussures travaillées en rinceaux et palmettes.
Marie-Claude PASCAL