Les Halles signées… Gustave Eiffel

 

Hier et aujourd’hui… dans cette rubrique, Dijon l’Hebdo vous propose de vous replonger dans les coulisses dijonnaises afin de mieux comprendre le Dijon d’aujourd’hui. L’historienne de l’art, Marie-Claude Pascal, nous promène ainsi dans cette Cité des Ducs devenue Métropole. Direction, pour ce nouvel opus, les Halles de Dijon…

A l’heure des grandes surfaces, les Halles restent le cœur du Dijon marchand. Les jours de marché, l’immense voûte métallique se charge de bruits, de cris d’odeurs et de couleurs. On vient ici retrouver les habitudes de la campagne, on va chercher « le petit chèvre » des Hautes Côtes, les salades de la plaine de Saône : on vit ici au rythme des saisons et au ton de la harangue. Autour des halles, les étals débordent largement et se mêlent l’été aux terrasses des bistrots et des restaurants.

Quartier bon enfant, les halles s’ébrouent dès le matin, «  à point d’heure » comme l’on dit ici. Dès le Moyen Age, Dijon a été un important marché régional avec des rues entières dévolues à certaines activités : rue du Bourg, les bouchers ; rue Piron, la volaille ; rue Saint-Jean, le vin. L’emplacement des halles correspond au XIIIe siècle à l’enclos des Jacobins, avec son cloître et son église. Un pignon sévère roidi de hauts contreforts qui domine la rue pendant quelques six cents ans. Au XVIIIe siècle, son parvis est voué à la poissonnerie. Au XIXe, après les tumultes de la Révolution, c’est l’église même achetée par la Ville, qui devient un marché aux comestibles.

Disparues les statures précieuses, les sculptures des chapelles, les pierres tombales. Le sol exhaussé enfouit ce qui peut rester d’un passé prestigieux. Conversion éphémère qui ne suffit pas à préserver l’église de la démolition.

On a longtemps cru qu’elle était l’œuvre de Baltard, le célèbre architecte des halles parisiennes en raison d’une homonymie avec l’architecte présumé de ces halles de Dijon, un certain Balard. En fait, il n’en est rien : elles ont été construites par l’architecte de  la Ville sur les plans de rien moins qu’un certain… Gustave Eiffel ! On trouve même aux archives un courrier du maire de l’époque lui demandant de baisser ses prix !

Les halles sont bien sûr classées comme Monument historique. Elles continuent d’être une des plus grosses pourvoyeuses de comestibles de la ville. Il faut dire que l’atmosphère y est bien plus sympathique que celle d’un supermarché et les visiteurs y vont autant pour son architecture que pour cette ambiance.

A ne pas manquer non plus, le mur peint « clin d’œil » réalisé par l’artiste parisien Dominique Maraval qui a repris la silhouette métallique des Halles, sous laquelle s’amarre un cargo Ville de Dijon : le quai regorge de blocs colorés, boules, fruits ou légumes. Symphonie vibrante devant laquelle le passant se met à rêver de marchés exotiques regorgeants de victuailles et de couleurs.

Marie-Claude Pascal