Les 29 et 30 septembre derniers, une délégation dijonnaise pilotée par le maire François Rebsamen a traversé les Alpes pour se rendre à Région Emilia. Objectif : redonner un nouveau souffle au jumelage qui date, rappelons-le, de 1963 en participant au premier colloque du genre, Agrippine, destiné, notamment, à penser l’agriculture de demain aux portes des villes et la recherche agro-alimentaire. Le président de Dijon Métropole a pu, à cette occasion, exposer « comment construire l’attractivité d’une capitale régionale à travers le patrimoine, l’innovation et l’agro-écologie ». Sladana Zivkovic, adjointe déléguée aux relations internationales et présidente de l’Office de tourisme de Dijon Métropole, nous détaille les enjeux de ce voyage, auquel participaient, notamment, la chef d’entreprise Catherine Mulot&Petitjean, le chef David Zuddas, le président de Vitagora et d’AgrOnov Pierre Guez…
Dijon l’Hebdo : Pouvez-vous nous en dire plus sur le colloque Agripride auquel vous êtes allée participer à Reggio Emilia ?
Sladana Zivkovic : « Nous avons, en effet, été invités par le maire de Reggio Emilia, Luca Vecchi, pour la première édition du colloque Agripride en présence du ministre italien de l’Agriculture, Maurizio Martina. L’objectif était de faire un diagnostic sur les pratiques existantes sur les circuits courts, le développement durable, l’agriculture périurbaine… C’est une région à la fois fortement agricole et industrielle possédant des similitudes avec la nôtre. La ville est à peu près de la taille de Dijon et souhaite travailler sur les mêmes thématiques : l’attractivité, le rayonnement touristique, la gastronomie, l’agroalimentaire. Sans omettre la recherche et l’enseignement supérieur. Nous avons ainsi des projets de mobilité européenne avec Reggio car la jeunesse est au cœur de nos préoccupations internationales. Notre objectif est d’optimiser les liens forts avec ces partenaires. Ils sont en effet très attachés à ce jumelage qui date tout de même de 1963 ; Il faut savoir que, depuis le Chanoine Kir, c’était la première fois que le maire de Dijon s’y rendait. Ils ont véritablement apprécié ce geste ».
DLH : Qu’ont pu retirer ces deux villes partenaires de ces échanges ?
S.Z. : « Pierre Guez, qui est président de Vitagora mais aussi d’AgrOnov, a pu apporter son expertise. Ils sont très intéressés par nos start-up en pointe sur la recherche agroalimentaire. Ils ont beaucoup d’expérience de terrain de petits agriculteurs, installés en périphérie, qui se sont lancés dans la biodynamie. Nous pouvons nous nourrir des deux expériences. François Rebsamen a détaillé l’ensemble des projets innovants, à l’image de la Foodtech mais aussi de la Ville connectée. Ils sont également très intéressés par notre future Cité internationale de la Gastronomie et du Vin. Ils sont très envieux de ce projet majeur mais aussi de notre labellisation au Patrimoine mondial de l’Unesco ».
DLH : Un tournant est-il en train de s’opérer dans l’approche municipale des relations internationales ?
S.Z. : « Avec la Métropole dijonnaise, nous avons changé de dimension dans notre approche de l’international. Pour cela, j’ai coutume de dire qu’il faut jouer collectif. Nous devons nous associer pleinement dans ce domaine avec l’ensemble des acteurs du territoire, comme nous avons pu le faire pour les différentes labellisations. Il faut s’appuyer sur l’ensemble des forces vives, je pense aux PME comme aux grands groupes, pour démultiplier l’attractivité de notre territoire. Certes, le marketing territorial et la stratégie sont essentiels mais rien ne remplace les contacts humains. Aller parler en direct de sa ville avec des acteurs locaux susceptibles de rencontrer d’autres partenaires s’avère capital ! Notre idée : que les deux partenaires obtiennent des retombées ! N’oublions pas non plus que c’est aussi une manière de faire vivre l’Europe, de donner du sens à la citoyenneté européenne ».
DLH : L’Office de tourisme communautaire sous la forme d’un EPIC que vous présidez change-t-il également la donne ?
S.Z. : « C’est un outil à la dimension de la Métropole. Nous passons, sur un territoire plus vaste, d’une gestion associative à un établissement public. Nous jouons en équipe avec l’ensemble du territoire. Là aussi, je dirais qu’il faut jouer collectif : la Ville, le Département et la Région ».
DLH : Le bilan flatteur de la saison touristique (+ 7% des demandes au comptoir de l’Office par exemple) est inhérent aux labels internationaux obtenus…
S.Z. : « Nous commençons, en effet, à récolter les fruits de la labellisation et il est nécessaire de l’optimiser dorénavant, de le faire fructifier. L’EPIC permettra de s’adapter aux nouvelles pratiques des touristes car nous savons qu’à l’horizon 2020 la majeure partie d’entre eux viendront grâce à l’outil numérique. Après 10 ans de travail, le classement Unesco a permis un nouveau souffle mais il ne faut pas nous reposer sur nos lauriers. Dans la mondialisation actuelle et eu égard à la bataille que se livrent les territoires en matière d’attractivité, nous devons œuvrer au quotidien pour être encore plus performants dans ce domaine ».
Propos recueillis par Xavier Grizot