Xavier Mirepoix : « Simplifier pour booster le développement économique »

Rentrée économique, refonte du code du travail, régionalisation des CCI Bourgogne – Franche-Comté, suppression du RSI, statut d’autoentrepreneur… L’actualité ne manque pas. Xavier Mirepoix, président de la chambre de commerce et d'industrie (CCI) de la Côte-d'Or, fait le point sur l’organisme consulaire et ses actions à deux mois de la présentation du nouveau contrat de mandature.

 

Dijon l’Hebdo : « Quel est votre sentiment sur cette rentrée ? »

Xavier Mirepoix : « Par rapport à la rentrée dernière, la situation des entreprises est globalement meilleure. Le taux de croissance, au niveau national, est plus important. Les chiffres qui ont été donnés au niveau des exportations ou encore des ventes de voitures, par exemple, sont très encourageants. La Côte-d'Or est dans cette dynamique nationale avec des chefs d'entreprises qui affichent un relatif optimisme au regard de leurs carnets de commandes. C'est le cas, notamment, dans des secteurs comme le bâtiment et les travaux publics qui ont particulièrement souffert ces derniers temps et qui comptent sur des projets d'envergure comme la Cité internationale de la gastronomie et du vin.

Je me réjouis de l'ouverture des magasins le dimanche. Les échos que j'ai pu recueillir sur ce sujet sont très positifs et montrent bien qu'il y avait une véritable attente dans ce sens. Autre sujet de satisfaction, et non des moindres, la refonte du code du travail même si les bienfaits ne se feront pas sentir demain matin. Mais il était temps d'accorder plus de flexibilité aux entreprises ».

DLH : Le passé récent des chambres de commerce est douloureux. Dans le courant du printemps 2014, un rapport d'inspection, qualifié « à charge » prônait de sévères coupes budgétaires et la régionalisation du réseau. Jugeant « confortable » la situation financière des CCI, l’exécutif a envisagé de réduire jusqu’à maintenant leur dotation avec les conséquences que l’on sait qui, en Côte-d’Or, ont abouti à une vingtaine de licenciements. Pensez-vous que le gouvernement Macron sera plus à même de desserrer les tours de vis successifs qui vous ont été imposés ?

X. M. : « J’adorerais vous répondre « oui » mais je serais très étonné que l’étau se desserre ! La situation financière de l’Etat, qui a amené les gouvernements précédents à ponctionner si durement les CCI, ne s’est pas véritablement améliorée. Néanmoins les CCI ont déjà démontré leur force de résilience, et elles doivent désormais consacrer toute leur énergie à leurs missions auprès des entreprises et des collectivités. Le réseau des chambres de commerce et d’industrie est un bel outil. Dans l’ADN des CCI, il y a de l’entreprise et de l’établissement public, et une profonde fidélité à l’intérêt général. »

Les économies potentielles ne sont pas illimitées !

DLH : En quoi la pleine régionalisation est-elle un vecteur d’économie et de rationalisation puissant ?

X. M. : « Il faut redéfinir ce qu’est une régionalisation efficace. Pour moi, il faut mutualiser tous les services support qui peuvent l’être sans entraver les CCI des départements dans leur action. Il faut permettre à ces CCI dites « territoriales » de se concentrer sur ce qui fait leur valeur ajoutée auprès des entreprises et des collectivités. Il faut cultiver l’expertise et la capacité d’innovation des équipes au regard des spécificités des bassins économiques.

Quant à la régionalisation des CCI Bourgogne - Franche-Comté, nous avons déjà pas mal avancé. Par exemple, nous sommes de train de regrouper les services de la CCI régionale et ceux de la CCI 21 sur un même site à Dijon. La CCI 21 mutualise également avec la CCI 71 son service formation et son pôle d’aide à la création d’entreprises. Nous organisons cette année la Semaine de la Création d’entreprise pour la première fois à l’échelle de la grande région.

Certains marchés publics sont traités au niveau Bourgogne-Franche-Comté, ce qui induit des économies d’échelle à la fois sur les volumes commandés et sur les procédures. Peu à peu, les bonnes pratiques se partagent, et nous avons déjà pris l’habitude de raisonner à l’échelle de la grande région pour nos initiatives. C’est une excellente chose. Il reste encore à faire mais les économies potentielles ne sont pas illimitées ! »

DLH : Globalement les organisations patronales ont été plutôt satisfaites des annonces du Premier ministre formulées récemment lors d’un déplacement à Dijon, notamment la suppression du RSI des indépendants et artisans ?

X. M. : « Je ne peux pas parler au nom des organisations patronales ni des artisans, mais je peux témoigner de ce que je constate. L’harmonisation du RSI sur le régime général est un signal de simplification bien accueilli par les chefs d’entreprises. Lorsqu’il est venu à Dijon, le Premier Ministre a dit vouloir libérer les énergies pour reconstruire notre pays. Or nous savons bien que les entreprises créent la richesse et des emplois. Cette annonce n’est qu’un élément d’un grand chantier, tout comme la réforme du code du travail. Ce qui intéresse les chefs d’entreprises, c’est la simplification. Simplifier pour booster le développement économique, assouplir pour stimuler l’activité ».

 L’autoentreprise est un premier pas

DLH : Comme l'avait annoncé le ministre de l’Économie, Bruno Le Maire, fin août, le statut d'autoentrepreneur va être élargi : les plafonds de revenus maximum pour en bénéficier vont être doublés en 2018, pour atteindre 70 000 euros pour les activités de service et 170 000 euros pour les activités commerciales. N’y a-t-il pas un risque de concurrencer un peu plus le monde de l’entreprise ?

X. M. : « L’autoentreprise est un premier pas vers un autre statut, et notamment vers une forme d’entreprise de plus large envergure, avec un potentiel d’emplois salariés. On n’a pas le même périmètre d’action quand on est autoentrepreneur ou dirigeant d’une SARL. Tout ce qui peut encourager les créateurs potentiels d’activité, et leur mettre le pied à l’étrier pour se développer, est bienvenu ».

DLH : Accompagner, informer, conseiller les entreprises à toutes les étapes de leur développement, telles sont les missions des CCI. Plus largement, elles contribuent au rayonnement économique des territoires à travers un vaste plan d'actions. Ces actions s’inscrivent dans un plan de mandature qui sera prochainement présenté. Que faut-il en attendre ?

X. M. : « Le nouveau contrat de mandature de la CCI Côte-d’Or sera effectivement rendu public après notre assemblée générale de la fin novembre. En attendant, je peux vous confier que pour élaborer ce document fondateur, nous avons travaillé sur les mutations liées au numérique, sur le nouveau contexte métropolitain de Dijon, sur les grands projets structurants que sont la Cité de la gastronomie et celle du vin, sur les nouvelles générations d’entrepreneurs, sur le développement des compétences territoriales. Tous ces sujets impactent à la fois le commerce, l’industrie et les services. L’objectif est constant d’une mandature à l’autre. Nous devons activer les leviers Publics et Privés et être le maillon indispensable entre macro-économie, politique publique et réalité du terrain ».

Propos recueillis par Jean-Louis Pierre