Nous avons souhaité prendre un peu de recul afin de mieux « noter » cette rentrée 2017-2018. Et qui de mieux que les chefs d’établissements des deux fleurons de l’Education (publique et privée) de la Métropole pour nous donner leur sentiment ! Dans notre prochain numéro, nous irons à la rencontre d’autres établissements, moins privilégiés diront certains, afin de poursuivre notre tour… de l’Education. Mais pour l’instant place à Carnot et Saint-Bénigne…
Confiance ? C’est, en tout cas, l’un des mots-phares du ministre de l’Education pour cette rentrée, qui entend faire preuve de volontarisme et de diligence. Il a rêvé d’une rentrée musicale pour les 12 millions et demi d’élèves. Et il l’a eue dans de nombreux établissements. Ce qui ne signifie pas qu’il va pouvoir aller plus vite que la musique : les syndicats enseignants tiennent à leur pré-carré ! Ancien recteur dans les académies de Guyane et de Créteil, très attaché à la notion de mérite, le ministre Jean-Michel Blanquer assure faire une priorité de la lutte contre les inégalités. Sans mettre en exergue « l’égalitarisme » qui, estime-t-il, fonctionne rarement en faveur des élèves les plus vulnérables. Il se situe donc loin de la sphère idéologique de Najat Vallaud-Belkacem, n’hésitant pas à remettre en cause plusieurs mesures décidées par celle-ci, notamment dans le secondaire. Dijon L’Hebdo a demandé dans ce numéro aux responsables de Saint-Bénigne ainsi que du Lycée Carnot d’établir une photo de la rentrée et de dessiner le profil de l’année scolaire en cours dans leurs établissements respectifs, voire des pistes à privilégier. Clic-clac, c’est parti …
Pierre Laffitte, chef d’établissement et directeur général du Groupe Saint-Bénigne et Georges Bon directeur du lycée général et technologique :
« La rentrée scolaire en musique, pourquoi pas ? C’est joyeux et ça sacralise ce moment-là. Nous n’avons pas eu encore le loisir d’en faire l’application sur le terrain, préférant privilégier une bonne mise en route pédagogique et pratique. Mais, Saint-B avec sa Maîtrise et sa chorale est bien armé et nous allons dérouler la partition en octobre et novembre ! De toute façon, cette volonté du ministre s’inscrit dans notre projet artistique qui ne date pas d’hier et trouve sa résonnance dans l’importance que nous attachons traditionnellement aux sciences humaines, comme à l’idée de citoyenneté.
L’accent est mis par Jean-Michel Blanquer sur l’accompagnement personnalisé des élèves. Voilà qui va dans la direction que nous avons mise en œuvre depuis des années et qui nous conforte. Nous poursuivons donc, à l’égard des bons élèves, afin de les booster jusqu’à l’excellence. Quant aux plus fragiles, là encore, nous allons fortifier encore le soutien que nous leur apportons. Nos enseignants sont très imprégnés de cette mission.
Quid du modus operandi pour 2017/2018 ? Nous avions installé dans le passé des ateliers de philosophie, dès les classes de seconde. Nous modifions le concept pour le faire évoluer vers des « ateliers Humanisme et Spiritualité ». Nous allons observer la même approche, quelles que soient les filières : l’angle privilégié, c’est de considérer davantage les jeunes en tant que personnes, plutôt que comme élèves. Le but, c’est les amener à se remettre en question pour mieux agir et mieux de se conduire envers autrui. Exemple à la mi-septembre : nous avons choisi la thématique de la liberté pour toutes les classes de Terminales. Ces ateliers interviennent dans les créneaux libres des emplois du temps. Nous allons parler de foi bien sûr, mais de foi en l’homme ainsi que d’espérance. Pour de telles initiatives, nous nous adressons ponctuellement à deux prêtres de la paroisse toute proche de Saint-B…
Quoiqu’en disent les différents classements internationaux, le système éducatif français demeure dans la bonne moyenne : les meilleurs y trouvent les outils pour réussir. Où le bât blesse, c’est dans le primaire ainsi que pour les adolescents en difficulté : il faut absolument que la maîtrise de l’orthographe, de la lecture ou du calcul redevienne une réalité pour tous. L’ancien certificat d’études y était bien parvenu… Alors, pourquoi ne pas nourrir cette ambition dès la rentrée 2017/2018 ? Ajoutons que les media, les réseaux sociaux ne facilitent pas l’affaire : ils se situent davantage sur le terrain de la polémique plutôt que celui de l’analyse. L’Education ne devrait pas constituer un sujet politique, ni se cantonner dans l’anecdotique : avoir 4 jours de classe ou 4 jours et demi n’est en rien déterminant pour l’avenir d’un enfant. La qualité d’un enseignement se situe bien au-delà… »
Michel Gey, proviseur du lycée Carnot, principal du collège Carnot, président du Greta 21 :
« La rentrée musicale dans notre établissement, le 4 septembre ? Oui, nous l’avons faite. Oui, je l’ai trouvée sereine. Elle a bousculé en bien les habitudes. On dit plus de choses en musique qu’en s’en tenant au plan administratif.
J’ajoute que nous nous inscrivions ce jour-là dans la continuité avec notre filière de préparation au baccalauréat TMD (techniques de la musique et de la danse).
Abordons les questions de fond : nous étions déjà fort engagés dans des projets d’Europe des collèges. La relance de l’actuel ministre va renforcer notre dispositif des classes européennes. Je me suis toujours ardemment battu pour un tel dessein. Nous démarrons tout de suite l’option facultative langues vivantes – Espagnol et Arabe – dès la seconde. Je note avec satisfaction l’accueil positif des élèves ! Au sein de la Cité Scolaire de Carnot, nous pratiquons l’ouverture sur le monde, et avons en vue des actions de partenariat avec l’Allemagne, la Chine, le Costa Rica ainsi que la Nouvelle-Zélande.
Autre chose, nous avons restructuré les salles ainsi que les laboratoires des « Sciences de l’ingénierie » : je mise beaucoup sur le jeune professeur qui pilote toute la filière. J’ai en projet d’avoir un fab lab en sciences de l’ingénierie, en partenariat avec le monde de l’industrie. Il s’agirait de concevoir des produits innovants – numérique, électronique, bref de petites ou grandes inventions, tout en formant les étudiants de la filière (1). D’ailleurs, le Greta 21 s’est doté d’un fab lab d’industries graphiques à Beaune, avec l’appui de la Ville. On y a créé des sticks en relief destinés aux personnes malvoyantes ; leur vie au quotidien s’en trouve grandement facilitée. J’ajoute que la rénovation du lycée va continuer grâce aux gros investissements financiers de la Région Bourgogne Franche-Comté. C’est une excellente chose, dans la mesure, où, nos collégiens, lycéens et étudiants en Prépa bénéficient déjà – et davantage encore dans quelque temps – de conditions optimales dans un cadre magnifique ».
Propos recueillis par Marie-France Poirier
(1) Un fab lab(contraction de l'anglais fabrication laboratory, « laboratoire de fabrication ») permet la création d’objets, la réalisation de projets, un ensemble de logiciels, etc.