Un mandat qui se termine… Un autre qui débute… Même si l’exercice n’est pas de mise au sein de la Caisse d’Epargne de Bourgogne – Franche-Comté, Jean-Pierre Deramecourt, président du Directoire, a accepté de faire un bilan et de se projeter sur les 5 années qui viennent.
Dijon l’Hebdo : Quels sont les mots que vous utiliseriez pour définir les valeurs de la Caisse d’Epargne de Bourgogne – Franche-Comté ?
Jean-Pierre Deramecourt : « J’insisterai sur la notion de proximité, la dimension humaine… J’évoquerai une banque moderne, compétitive. Une banque solide, ancrée sur son territoire, rentable, avec une bonne qualité de services notamment sous l’aspect digital, au service du territoire dans ses aspects économiques et sociaux. Une banque responsable ».
DLH : Se prétendre responsable… Qu’est-ce que cela sous-entend ?
J-P. D : « Aucune entreprise, et a fortiori une banque régionale, ne peut ignorer la société dans laquelle elle se trouve. Même si nous avons beaucoup augmenté notre clientèle de gestion privée, nous sommes la banque de tous et nous sommes sensibles à tous les types de diversité de nos clients. Nous souhaitons offrir une qualité de services qui correspond aux attentes de tous les types de marchés. Pas question d’offrir un quelconque service « low cost ». C’est ça être responsable. Servir le mieux possible nos clients, l’économie et le social de nos territoires, assurer un avenir à chacune et chacun de nos collaborateurs. C’est notre rôle. C’est la demande de nos 240 000 sociétaires. Nous sommes une banque citoyenne ».
DLH : Vous terminez un mandat de 5 ans. Quels en auront été les temps forts ?
J-P. D : « La période n’a pas été la plus facile pour les banques. Les 5 dernières années que nous venons de vivre n’ont pas été les meilleures en terme de développement du PIB, de développement économique. On a vécu une baisse des taux d’intérêt qui a pesé sur nos marges, un dispositif réglementaire renforcé avec un encadrement très exigeant, un encadrement des commissions de plus en plus strict… Les régulateurs nous obligent à être de plus en plus solide. Quand on dit qu’il n’y a aucun enseignement qui a été tiré de la crise de 2008, c’est faux. Il y a aussi toute une série de dispositifs auxquels nous devons adhérer pour mieux nous protéger. Avec un coût du risque maîtrisé, la banque a continué d’investir et de se développer ».
DLH : Vous avez augmenté votre produit net bancaire pendant cette période. Comment avez-vous réussi à tirer votre épingle de ce jeu compliqué ?
J-P. D : « En augmentant notre activité bancaire grâce à notre dynamisme commercial. Aujourd’hui, la Caisse d’Epargne a multiplié par deux ses fonds propres. Le produit net bancaire, c’est à dire notre chiffre d’affaires, a progressé pendant cette période de manière significative. Le ratio de solvabilité, c’est à dire la solidité par rapport aux risques que nous prenons, s’est, lui aussi, renforcé.
Les encours de collecte ont progressé. Les encours de crédits aussi : + 12 % dans la période pour l’ensemble de la banque de développement régional y compris l’ensemble du marché des collectivités locales (+ 2%) qui ont une capacité d’endettement qui a baissé. Quand on regarde les entreprises, c’est + 50 %.
On conserve des positions extrêmement fortes sur l’épargne même si elle a baissé un peu en raison de la banalisation du Livret A distribué désormais par toutes les banques. Mais on a surtout progressé sur les crédits notamment sur les crédits immobiliers dans un contexte où l’activité a été puissante pour toutes les banques. Nous avons gagné des parts de marché. Pareil en crédits consommation ».
DLH : En quoi la Caisse d’Epargne de Bourgogne – Franche-Comté est-elle un acteur du financement de l’économie régionale ?
J-P. D : « Nous sommes une banque qui doit servir ses clients, qui doit assurer son avenir et servir l’économie et le social de son territoire. On s’y efforce par notre activité de crédits, on s’y efforce par notre présence aux côtés de tous ceux qui aident à l’organisation de la vie économique du territoire que ce soit les collectivités locales, les chambres de commerce, les syndicats patronaux, les sociétés d’économie mixte autour des collectivités, et nous participons aux débats sur les choix qui doivent être faits pour faciliter le développement économique ».
« Nous sommes une banque citoyenne »
DLH : Récemment, vous vous êtes déclaré favorable à la création d’un pôle de compétitivité autour du bois. Est-ce toujours le cas ?
J-P. D : « Je ne suis pas sûr que la création de nouveaux pôles de compétitivité s’inscrive dans la priorité de nos gouvernants. Il n’empêche qu’il y a des atouts en Bourgogne – Franche-Comté et nous estimons que c’est notre rôle d’aider à leur valorisation. C’est le cas de la filière bois. Nous travaillons, par exemple, avec un certain nombre d’acteurs de cette filière sur des projets dont il est encore un peu trop tôt pour les évoquer. Aujourd’hui, nous croyons à la nécessité de nous appuyer sur des projets concrets pour faire avancer une filière plutôt que de lancer des structures qui seraient là seulement pour les animer ».
DLH : Soutien à l’économie régionale, au social… mais pas seulement ?
J-P. D : « Disons que nous sommes une banque au service de l’économie régionale au sens large. La Caisse d’Epargne, c’est une banque de proximité avec un pouvoir de décision local, au service de tous les marchés -particuliers, professionnels, entreprises, collectivités locales, associations, promotion immobilière-. Nous considérons qu’une des spécificités de la Caisse d’Epargne, c’est d’être, comme toutes les banques régionales, mais peut-être encore un peu plus, une banque qui veille attentivement au développement économique et social de ses territoires. Quand le territoire va bien, c’est mieux pour nous.
Nous sommes aussi présents aux côtés du monde culturel, de la formation et de l’éducation. Tout ce qui permet de valoriser les talents et l’image de notre région nous intéresse. Pas forcément pour un retour sur investissement. Chaque fois qu’une équipe de sport de la région gagne, je pense que c’est positif pour l’image du territoire et son attractivité ».
DLH : Et l’humain dans tout cela ?
J-P. D : « Plus que jamais, nous souhaitons rester une banque qui prend en compte l’humain. En particulier au moment où la culture digitale se développe partout. On sait très bien qu’il y a évidemment un fort intérêt de la part de nos clients sur ce sujet. Mais on sait aussi qu’il nous faut demeurer présent humainement parlant dans tous les bassins de vie. Ce n’est pas parce que nous rationalisons notre réseau d’agences que nous n’investissons plus dans celles-ci. Nous veillons à ce que les clients soient encore mieux reçus même s’ils viennent moins souvent. Ils utilisent au mieux les applications de leur portable mais ils apprécient d’être reçus, de façon très qualitative, par un conseiller dans leur agence. Il est donc essentiel d’offrir à nos clients les canaux qui correspondent à ce qu’ils souhaitent. Que ce soit à distance ou au sein même de nos agences. Il n’y a pas de vérité absolue dans ce domaine. C’est à nous de nous adapter ».
DLH : Le fait de constater un flux un peu moins important de vos clients dans les agences ne vous incite-t-il pas à envisager des fermetures ?
J-P. D : « L’INSEE dénombre 113 bassins de vie en Bourgogne – Franche-Comté. Nous étions et nous resterons présents sur 106 d’entre eux. Mieux, l’accueil y sera renforcé. Nous souhaitons que chacune de nos agences incarne la proximité géographique en travaillant à la fois design et mobilier. La décoration tiendra toujours compte de l’endroit où l’on est. Nos clients y sont extrêmement sensibles. C’est leur banque ».
Propos recueillis par Jean-Louis PIERRE