Immobilier : « Une hausse des prix de vente serait déraisonnable »

En matière de transactions immobilières, les notaires regardent cette année 2017 avec une relative confiance. Me Pascal Massip, qui a en charge la communication de la chambre départementale des notaires de Côte-d’Or, exprime le sentiment d’une profession très impliquée dans ce secteur qui doit, selon lui, savoir raison garder.

Dijon l’Hebdo : Comment les notaires envisagent-ils cette année 2017 dans le domaine de l’immobilier ?

Me Pascal Massip : « Au regard de ce qui s’est passé ces derniers mois, nous sommes plutôt confiants. 2016 a marqué une nette reprise confirmant ainsi ce qui s’était dessiné en 2015. Nous avons connu une belle reprise sur les volumes de ventes tels qu’on les avait vécus avant les années sombres qu’ont été 2013 et 2014. Cette situation a permis un léger rattrapage au niveau des prix, de l’ordre de 5 %, qui est loin d’avoir compensé les baisses enregistrées ».

Dijon l’Hebdo : Dès lors, peut-on imaginer une hausse des prix de vente ?

PM : « Une hausse des prix de vente des biens immobiliers serait déraisonnable et contre productive. La position des notaires vis à vis des vendeurs est de dire que le marché a été, et peut rester fluide à condition de rester à un certain niveau de prix. D’ailleurs, tous les acteurs de l’immobilier incitent les vendeurs à la sagesse ».

Dijon l’Hebdo : Comment expliquer que ce marché se soit redressé ?

PM : « Je vois plusieurs paramètres. D’abord, l’inévitable fluidification après une période d’arrêt liée à la retenue des acquéreurs potentiels. Beaucoup de projets avaient été mis en attente. Ensuite, les taux d’intérêts, très bas, qui ont solvabilisé un certain nombre d’acquisitions. Même s’ils ont été légèrement relevés à la fin 2016 , les taux restent très en dessous de 2 %.

Et puis, le marché a reçu un deuxième coup de pouce des établissements bancaires avec l’autorisation de rembourser les emprunts sur des périodes longues, voire très longues, jusqu’à 25 ans. Il est évident que cet allongement de la durée des emprunts permet à de nombreux acquéreurs de venir se positionner sur le marché. Tout laisse à penser que ces situations se poursuivront sur cette année ».

Dijon l’Hebdo : Quelle est la condition essentielle pour espérer vendre un bien immobilier ?

PM : « Un prix raisonnable reste la condition préalablement nécessaire à la vente d’un bien. Si le prix de vente reste trop élevé, il sera difficile de trouver un acheteur. Pire même, il restera en vente longtemps, donnant par là même un effet de déjà vu peu propice. Une situation qui, dès lors, obligera le propriétaire à revoir ses exigences en dessous même parfois de ce qu’il aurait pu espérer en étant raisonnable dès le départ. N’oublions surtout pas qu’il y a encore de nombreux biens sur le marché ».

Dijon l’Hebdo : Combien de temps, en moyenne, un bien reste-t-il à la vente ?

PM : « On peut espérer aujourd’hui qu’un bien sera vendu dans les quatre mois, avec évidemment des variations saisonnières. C’est une constante : il est plus facile de vendre au printemps qu’à l’automne. C’est mieux de présenter un produit sous le soleil que dans le brouillard… N’oublions pas, non plus, les flux importants qui se réalisent à l’occasion des mutations professionnelles en juin, juillet. C’est une part importante du marché qui se joue entre avril et août ».

Dijon l’Hebdo : L’immobilier peut-il être impacté par la prochaine élection présidentielle ?

PM : « Je ne vois pas d’impact direct sur le marché de l’immobilier. Je ne pense pas que le résultat des urnes influera sur les options des établissements bancaires. Il y aura un petit effet psychologique, plutôt léthargique, qui placera certains investisseurs en situation d’attente d’une éventuelle réforme fiscale qui pourrait leur être favorable. Et sur ce dernier point, quelque soit le projet d’achat, résidence principale ou investissement, il ne faut pas attendre d’hypothétiques carottes pour se positionner sur le marché ».

Dijon l’Hebdo : Le Grand Dijon est-il une zone dynamique pour le marché de l’immobilier ?

PM : « C’est une zone tertiaire qui ne subit heureusement pas les fluctuations sociales que peut avoir une région industrielle. Oui, le Grand Dijon est une zone dynamique. Une zone dynamique sage ».

Propos recueillis par Jean-Louis Pierre