Olivier Laval joue… du couteau

« Je me sers de l’authenticité des matières nobles et naturelles pour créer mes couteaux 100 % made in Bourgogne » Œuvrant le domaine de l’enseignement, Olivier Laval consacre son temps libre à son autre passion : la fabrication de couteaux 100 % faits main. A 29 ans, il vient de créer son auto entreprise pour pouvoir partager son art et son savoir-faire. Partons à la rencontre de cet artisan autodidacte.

Dijon l’Hebdo : La coutellerie, une passion de toujours ?

Olivier Laval : « Oui. Gamin, je vivais à la campagne, et j’avais toujours mon Opinel dans la poche, pour construire des cabanes, casser la croûte ou pour la pêche. Peu à peu, je me suis constitué une collection de plusieurs dizaines de couteaux de poche, affectionnant particulièrement le travail des couteliers qui ont su suivre une ligne directrice faite d’authenticité et de savoir-faire, en promouvant l’artisanat local. J’ai toujours affectionné les objets utiles, et surtout durables, qui partagent notre vie au quotidien et qui se chargent de souvenirs à nos côtés. Pour moi, le couteau est l’archétype de cette vision des choses, en complète opposition avec l’idée du consommable, du jetable, qu’on nous impose de plus en plus ».

Dijon l’Hebdo : Une confection 100 % artisanale et locale ?

O. L. : « Du dessin initial au crayon sur une feuille blanche, jusqu’au produit fini, je m’efforce de tout réaliser moi-même, dans mon sous-sol, à la main. Les seules machines que j’utilise sont une ponceuse à bande, une disqueuse et une perceuse. A partir de l’idée de départ, je découpe la lame à la disqueuse dans une plaque d’acier. Le manche est travaillé dans un bloc de bois massif à la scie, puis à la râpe, à la ponceuse et au papier de verre. Ensuite vient le perçage des différents éléments, l’émouture de la lame (la forme qui donnera le tranchant). L’ajustement des différentes pièces est la partie la plus longue mais aussi la plus intéressante car c’est la clef-de-voûte d’un couteau bien fini. Ensuite, je réalise le guillochage du dos de lame (petites incisions décoratives) à la lime triangulaire et lime queue-de-rat. J’ai d’ailleurs développé mon propre guillochage en motifs « pattes d’oiseaux », qui participe de l’identité de mes couteaux. Je grave mon logo qui représente mes initiales entremêlées en utilisant la technique de l’électrolyse, avec un transfo 12V, un coton-tige et de l’eau salée. Après ceci, il faut chauffer la lame au rouge jusqu’au point d’amagnétisme (soit entre 800° et 830°) puis la refroidir instantanément dans l’huile afin d’augmenter la dureté de l’acier. Pendant ce temps, je termine le manche en lui appliquant soit une cire naturelle, soit de l’huile de lin. Je teins aussi certains bois clairs au brou de noix. Avant-dernière étape, le revenu : la lame trempée est chauffée à 200° pendant une heure afin de modifier encore la structure de l’acier et le rendre moins cassant en cas de chute par exemple. Pour terminer, je ponce la lame pour lui donner une belle finition, j’assemble le tout et je mate le rivet au marteau à boule. Enfin, je finis par affiler et affûter le couteau ».

Dijon l’Hebdo : Cette activité est-elle un moyen d’évacuer le stress lié à votre activité professionnelle ?

O. L. : « Oui et non. Oui car exercer une activité par passion est toujours une sorte d’exutoire et permet assurément de se libérer de toutes les tensions accumulées au travail. Et non, car je pense qu’un stress trop important est toujours néfaste à la qualité du travail fourni, et c’est d’ailleurs une problématique dont on parle de plus en plus, notamment dans le milieu entrepreneurial. Il est donc important de gérer ces tensions, ce stress, afin d’en tirer une énergie uniquement positive, et j’y travaille quotidiennement ».

Cécile Castelli

Infos pratiques – Contact : Olivier Laval, 1 B rue du moulin – 21110 Fauverney, 06.51.54.17.95, www.couteaux-laval.fr