Les obsèques : un miroir de notre société

L’entreprise familiale de pompes funèbres Meurdra a été créée à Dijon et reste indépendante depuis 1952. Direction et personnel s’attachent à perpétuer une image de proximité, appréciée dans les moments d’émotion que sont les funérailles, aussi bien religieuses que civiles. Par son statut, la maison Meurdra qui compte quinze salariés, se démarque des six autres enseignes de l’agglomération dijonnaise qui, soit appartiennent à de grands groupes, dont des fonds de pension étrangers, soit sont sous franchises. A la veille de la Toussaint, qui constitue un temps fort pour toutes ces entreprises, Michaël Lamps, directeur général de la société Meurdra, nous donne sa vision.
Son expérience professionnelle de 10 ans au sein de l’entreprise dijonnaise, lui permet de mesurer l’évolution du secteur funéraire : « C’est le miroir de notre société, de nos modes de vie actuels, de nos comportements sociaux, de nos croyances religieuses ou de la laïcité d’aucuns », explique Michaël Lamps. Reste que bien des bouleversements sont intervenus en une décennie : « Auparavant, confie-t-il, les gens se conformaient au calendrier du prêtre ainsi qu’au nôtre. Maintenant, nous travaillons sept jours sur sept, ne serait-ce que pour prendre en compte un éclatement géographique de certaines familles dijonnaises sur toute la planète. Sur les quelque 500 obsèques dont nous nous chargeons par an, 80% se déroulent selon le rite catholique et 15% sont laïques. Le pourcentage restant concerne les personnes de confession juive, protestante, musulmane ou bouddhistes. En ce qui concerne ces derniers, nous avons dû faire face à des situations inattendues : avant la crémation, les fidèles apportent moult dons et victuailles qu’ils distribuent ensuite à toute l’assistance. Reste qu’en général, les familles ou le conjoint restant ont tendance à se préoccuper de l’opinion générale. Une réflexion revient souvent : « Mais que penseront les amis ou les voisins ? » C’est là que notre rôle de conseiller prend toute sa dimension. Nous ne manquons pas de leur dire de prendre plutôt en compte la personnalité du défunt ».
La sobriété semble la règle : moins de fleurs et de plaques de marbre gravées, davantage de dons aux ligues contre le cancer, la mucoviscidose. Michaël Lamps dresse cette analyse : « La plupart des familles demandent de la simplicité. C’est en adéquation avec une société où l’on occulte de plus en plus la mort. L’absence de décorum est compensée par un parcours de vie que l’on retrace : montages photos, diffusion de séquences filmées, choix de musiques, lecture de textes ou de poèmes L’idée sous-jacente ? Emporter à l’issue de la cérémonie le souvenir d’un hommage rendu plutôt qu’une croyance dans l’au-delà ». Reste un grand distinguo entre le centre de Dijon et la périphérie qui en dit long sur le délitement du lien social. C’est ce que souligne encore Michaël Lamps : «  En ville, on note une assistance beaucoup plus clairsemée qu’à Saint-Apollinaire par exemple, où les obsèques ont encore un rôle fédérateur. Et puis, il y a l’allongement de la vie avec son cortège de maladies comme Alzheimer ou Parkinson, qui a coupé depuis longtemps le défunt de tout lien ! »
Marie-France Poirier

Mort à crédit
70% des funérailles donnent lieu à une inhumation le budget moyen pour une prestation complète avoisine alors 5 000 Eur contre 30% à la crémation et un budget moyen de 4 000 Eur.
Les opérateurs funéraires développent des contrats obsèques. Ceux proposés par la société Meurdra sont des contrats en prestations qui seront financés soit par des primes uniques (paiement comptant) soit par des primes périodiques limitées dans le temps (ex : 5, 10, 15 ans).
De même un autre service : l’entretien régulier des tombes, leur fleurissement, etc. Des photos sont faites et envoyées aux souscripteurs pour leur montrer que la tâche a bien été effectuée. Il semble que ce secteur qui décharge les familles de tout tracas matériel soit en expansion.