François-Xavier Dugourd : « Je suis le mieux placé pour gagner »

La politique n’est pas un long fleuve tranquille. Pour preuve, on se bouscule au portillon des investitures pour les élections législatives qui se dérouleront après la présidentielle, en juin 2017. Sur la première circonscription, la lutte est serrée même si Anne Erschens a déjà été désignée. François-Xavier Dugourd, conseiller départemental (Les Républicains) et 1er vice-président du conseil départemental, explique pourquoi il est le mieux placé pour permettre à la droite de l’emporter.

Dijon l’Hebdo : C’est une véritable bombe que vous avez lancée sur la 1ere circonscription avec l’annonce de votre candidature aux prochaines élections législatives…
François-Xavier Dugourd : « Ça n’a rien d’une bombe pour les habitants de la circonscription, ni d’une surprise. Voilà déjà de longs mois que j’ai exprimé ma volonté d’être présent aux élections législatives et je suis convaincu que je peux reprendre cette circonscription à la gauche. Toutes les conditions sont réunies à condition de choisir le meilleur candidat ».

Dijon l’Hebdo : Pourtant, c’est Anne Erschens qui a été désignée par la commission d’investiture de votre parti. La dissidence, François-Xavier Dugourd, n’a jamais été votre tasse de thé et, malgré tout, vous êtes en contradiction avec la décision prise au niveau national ?
F.-X. D. : « Je suis un vrai légitimiste. Depuis mon adhésion en 1988, j’ai toujours respecté les règles de ma formation politique. Et j’en profite pour inviter le président de la fédération (ndlr : Rémi Delatte) à bien les connaître. Ces règles, elles sont claires. Dans nos statuts, c’est l’article 40 qui stipule que la commission d’investiture peut prendre une position à condition que la moitié de ses membres soient présents. 80 personnes y siègent et lorsque la situation de la Côte-d’Or a été abordée en juin dernier, en fin de journée, 15 seulement étaient présentes alors qu’il en fallait au minimum 40… 9 voix se sont portées sur Anne Erschens et 6 sur moi.
Ce soir-là, il y a eu un règlement de compte politique entre une alliance de copéistes et de lemairiens contre un sarkozyste. Avec l’argument de la parité… La position prise est non conforme à nos règles. C’est pourquoi j’ai engagé un recours qui s’appuie aussi sur d’autres éléments. Ce recours sera examiné par la commission d’investiture fin novembre – début décembre après la primaire. Ensuite, les investitures seront validées par le conseil national, c’est à dire le parlement de notre mouvement. Les décisions pour toutes les circonscriptions de France seront donc prises en décembre prochain dans le cadre de ce conseil national.
Le problème, il est aussi sur le fond. La commission d’investiture n’a pas examiné le potentiel de chacun des candidats. La question de savoir quelle était la meilleure candidature pour gagner cette circonscription ne s’est pas posée. Je demande donc que la commission d’investiture se réunisse dans les formes, réglementairement, et qu’elle analyse sur le fond celui ou celle qui peut être en mesure de faire gagner les Républicains en juin prochain.

Dijon l’Hebdo : En quoi votre candidature est-elle meilleure que celle d’Anne Erschens ?
F.-X. D. : « Ma candidature est plus que légitime. Elle est naturelle et s’appuie sur des éléments objectifs. Je suis élu et réélu facilement dans cette circonscription depuis 2004 comme conseiller général puis comme conseiller départemental. Mon canton représente approximativement un quart de la population de la circonscription. C’est donc un territoire important que je connais bien, que je parcours en permanence. Je connais bien ses habitants, ses problématiques, ses interlocuteurs. Il est donc légitime que je poursuive ce travail sur l’ensemble de la circonscription. Et puis, il n’est pas inutile de dire aussi que j’ai été réélu, au début de l’année, délégué de cette circonscription par les adhérents des Républicains ».

Dijon l’Hebdo : Vous pensez vraiment que Nicolas Sarkozy pourrait remettre en cause le choix de la commission d’investiture s’il sort vainqueur de la primaire à droite ?
F.-X. D. : « Je ne le pense pas, j’en suis sûr. Il l’a même dit publiquement en présence de leaders nationaux tels que François Baroin, Luc Chatel, Christian Jacob… Début septembre, il a réuni les référents de sa campagne, une centaine de personnes. Il m’a interpellé dans la salle pour me dire qu’il était hors de question que la situation reste en l’état et qu’il ferait tout pour revenir sur la décision aberrante prise en juin dernier. Alain Juppé a également dit, qu’en cas de victoire à la primaire, il reverrait un certain nombre d’investitures. Quelques-uns de ses proches, et non des moindres, m’ont même dit qu’ils étaient scandalisés par cette situation ».

Dijon l’Hebdo : Alain Joyandet, dont on peut dire qu’il est dans le cercle rapproché de l’ancien Président de la République, affiche son soutien à Anne Erschens qui, elle, n’est pas sarkozyste… N’est-ce pas gênant ?
F.-X. D. : « Avez-vous vu l’organigramme des Républicains ? Il n’y a pas qu’Alain Joyandet aux côtés de Nicolas Sarkozy. Ce sont certainement des raisons locales sur lesquelles je n’ai pas envie de m’étendre, qui poussent Alain Joyandet, qu’on connaît bien ici à Dijon, à faire ce choix. Sa parole n’est pas du même niveau que celle de Nicolas Sarkozy ».

Dijon l’Hebdo : Ne payez-vous pas là votre proximité avec François Sauvadet, président du conseil départemental de Côte-d’Or ?
F.-X. D. : « De la part d’Alain Joyandet, certainement. Il est sur d’autres considérations qui n’ont rien à voir avec la 1re circonscription. Je n’en dirai pas plus ».

Dijon l’Hebdo : Rémi Delatte, le président des Républicains de Côte-d’Or, vous reproche de succomber à votre ego et d’assouvir des ambitions personnelles…
F.-X. D. : « Mon engagement politique, il est simple. On peut le résumer ainsi : je suis au service de l’intérêt du territoire, de ses habitants, de leurs projets, des entreprises, des associations… C’est la façon dont je conçois mon mandat politique depuis que je suis élu. Si je suis élu député, ce sera dans la même optique ».

Dijon l’Hebdo : On vous attendait à la présidence du conseil départemental en cas de victoire de François Sauvadet à la région… On vous attendait vainqueur, avec Alain Suguenot, de la confrontation qui vous a opposé à Rémi Delatte pour la présidence des Républicains de Côte-d’Or en janvier dernier… Un nouvel échec, cette fois dans votre démarche d’être investi par Les Républicains, ne serait-il pas un sérieux coup d’arrêt à votre carrière politique ?
F.-X. D. : « Je ne raisonne pas comme ça même s’il y a des hauts et des bas en politique. Certainement aussi parce que j’ai une vie professionnelle, dans le monde de l’entreprise, à côté de la politique ».

Dijon l’Hebdo : Une victoire en juin 2017 ferait de vous une tête de liste incontournable à droite pour tenter de reconquérir la mairie de Dijon en 2020 ?
F.-X. D. : « La reconquête de la 1re circonscription est capitale dans le cadre des enjeux nationaux. Elle l’est aussi sur le plan local en particulier pour les élections municipales. Ce sera une échéance majeure. Nous sommes aujourd’hui dans une fin de cycle. En 2020, nos formations politiques doivent proposer et réussir l’alternance. 18 ans, ça suffit. Il est temps qu’une nouvelle équipe prenne en charge les destinées de cette ville. Dans ce cadre-là, en tant que député, j’ai l’intention de m’y intéresser de près. Plutôt en terme de soutien et d’accompagnement des forces et des talents qui existent : Ludovic Rochette, Emmanuel Bichot, Catherine Vandriesse, Franck Ayache, et Anne Erschens bien sûr ».

Dijon l’Hebdo : A l’heure où l’on se parle, il y a trois candidats issus des Républicains pour les prochaines législatives sur la 1re circonscription… C’est bien le signe du profond malaise qui touche votre famille politique dans le département ?
F.-X. D. : « Ce n’est pas propre à notre famille. Quand vous observez les mouvements politiques vous voyez bien qu’il y a des concurrences, des appétences pour certaines consultations électorales. La concurrence, elle est saine, à condition que l’on examine réellement et sincèrement, en profondeur, les qualités des uns et des autres. Ce qui compte, c’est de désigner le meilleur capable de gagner. Car dans cette circonscription, on doit gagner. Et moi, c’est ce qui me motive. Les responsables départementaux doivent bien mesurer leurs responsabilités. Il ne s’agit pas de régler des comptes et de tomber dans les petites manœuvres politiciennes ».

Dijon l’Hebdo : Ces divisions présentent un autre risque : celui de diviser votre majorité au sein du conseil départemental ?
F.-X. D. : « Dans cette majorité, que j’anime aujourd’hui au nom des Républicains aux côtés de François Sauvadet, il y a une tradition d’union de la droite et du centre. C’est cette union qui nous a permis de gagner les dernières élections départementales en confortant notre majorité. C’est une donnée objective et tout le monde en est conscient. Nous savons tous que la divergence est trop souvent synonyme de défaite. J’ai confiance dans la sagesse de mes collègues ».

Propos recueillis par Jean-Louis PIERRE

C’est lui qui le dit

« Depuis mon adhésion en 1988, j’ai toujours respecté les règles de ma formation politique. Et j’en profite pour inviter le président de la fédération à bien les connaître »

« La commission d’investiture n’a pas examiné le potentiel de chacun des candidats »

« Nicolas Sarkozy m’a dit qu’il était hors de question que la situation reste en l’état et qu’il ferait tout pour revenir sur la décision aberrante prise en juin dernier par la commission d’investiture »

« Nous savons tous que la divergence est trop souvent synonyme de défaite »