Notaires : une rentrée sous le signe de l’engagement

Dijon l’Hebdo : Comment les notaires de Côte-d’Or abordent-ils cette rentrée ?
François Martin, président de la Chambre départementale des notaires de la Côte-d’Or : Avec une certaine appréhension. Nous sommes dans l’attente de la publication des décrets concernant la libre installation des notaires. On ne peut pas, en permanence, avoir cette épée de Damoclès au-dessus de nos têtes. On est tout à fait d’accord qu’il faut se réformer, qu’il faut bouger les lignes. C’est une nécessité. Mais cette réforme de la profession, on ne pourra pas l’entamer tant que la sérénité et la visibilité nous feront défaut.
Il n’est pas inutile de rappeler que beaucoup de pays dans le monde ont copié ce modèle chahuté par le ministre Macron. Tout comme il n’est pas inutile de rappeler l’extrême satisfaction de notre clientèle. Aussi je m’interroge : l’excellence serait-elle devenue tabou dans notre pays ?

La démission d’Emmanuel Macron du gouvernement ne vous a pas attristé ?
Le départ de Macron du gouvernement, qui n’était pas forcément une surprise, nous laisse un peu pantois et laisse un goût d’inachevé et l’impression d’un énorme gâchis. Nous n’avons toujours pas compris pourquoi on s’en est pris ainsi à la profession. Personne n’a été en mesure de nous fournir une explication. Etait-ce la volonté de mettre à mal le droit continental pour promouvoir le droit anglo-saxon dans le cadre du Tafta (1) qui est lui même remis en cause aujourd’hui ? On ne sait pas.
Par contre, comme on le craignait, on s’aperçoit que les études en milieu rural commencent à faire face à de grosses difficultés liées à la baisse des tarifs. Il faut défendre la présence de ces études en milieu rural et ceux qui les animent au quotidien. Elles représentent le dernier accès au droit pour nos concitoyens. La menace qui pèse sur elles est très sérieuse et ne manque pas de nous inquiéter.

Il y a quand même des motifs de satisfaction ? L’immobilier, par exemple…
Il y a une augmentation du nombre de transactions immobilières qui n’est pas négligeable. Et ce qui est encourageant c’est de voir que le premier semestre 2016 s’inscrit dans l’embellie du dernier trimestre 2015.
Une situation que nous suivons au plus près du calendrier. Nous avons, en effet, mis en place des outils informatiques qui nous permettent d’analyser rapidement et efficacement l’évolution du marché de l’immobilier. Notre profession est la seule à fournir des statistiques qui s’appuient sur des chiffres fiables dès les avant-contrats. Ces outils confortent notre professionnalisme.

L’actualité des notaires semble riche d’ici la fin de l’année…
Effectivement. Première date importante : le 27 septembre avec l’université départementale du notariat organisée par la chambre. Toutes les études seront fermées ce jour-là. Les notaires de Côte-d’Or et leurs collaborateurs, pratiquement 500 personnes, se réuniront au Palais des Congrès de Dijon. 22 ateliers seront organisés sur des thèmes les plus divers comme l’accueil de la clientèle dans une étude, la réforme de la succession internationale, le régime matrimonial européen…
Nous participerons au salon « Vous et votre argent ». L’occasion nous sera donnée d’expliquer que la performance juridique est peut-être plus importante que la performance économique d’un placement. Là encore, la pertinence de nos conseils auront toute leur place pour organiser un patrimoine et protéger les intérêts de chacun.

Et vous remettez en place les Journées de Maillot ?
Oui. Il y aura les Journées Maillot courant octobre. Ces rencontres notariales ont pour objectif de rendre le notaire plus accessible à tous et de confirmer ainsi son rôle de service public. Chaque année, de nombreux notaires, viennent, bénévolement, donner des consultations. En Côte-d’Or, ces consultations se faisaient dans le cadre de cafés-conseils. Nous les avions suspendues pendant la période de tension avec le gouvernement. On a senti qu’elles faisaient défaut à la population. C’est pourquoi nous avons donc décidé de les reprendre. Elles se feront de façon très conviviale autour d’un café dans des établissements dijonnais et beaunois.

Des consultations que vous ne réservez pas seulement aux particuliers ?
En décembre, nous participerons au salon des collectivités, à Dijon. Là encore, c’est important de montrer le rôle important qui est le nôtre notamment auprès des petites collectivités qui trouvent auprès des notaires les conseils utiles pour les accompagner dans leurs démarches. Ce qui montre bien que nous sommes résolument au cœur de la vie de nos concitoyens.

Propos recueillis par Jean-Louis PIERRE

(1) Tafta (Trans-Atlantic Free Trade Agreement, aussi connu sous le nom de TTIP Transatlantic Trade and Investment Partnership ou Partenariat Transatlantique de Commerce et d’Investissement) est un projet d’accord commercial entre l’Union européenne et les États-Unis.