L’épouse qui sort de l’ombre

Au 17 Cours du Parc, une belle demeure toute blanche, des murs aux volets. Et au sein de cette maison, une histoire…
Cette histoire, c’est Thérèse Dubuisson qui la raconte dans son livre Madame Mistral. Sorti il y a quelques semaines, il retrace la vie d’une famille, celle de Marie Rivière, dijonnaise qui épousa le poète provençal Frédéric Mistral.
Le récit commence avec une photographie des deux époux. L’un s’impose et attire la lumière tandis que l’autre, morose et austère, reste dans l’ombre. Un contraste saisissant qui met le doute quant à leur prétendue rencontre passionnée, prélude d’une grande histoire d’amour.
« Elle s’est mariée à 19 ans à un homme de 26 ans son aîné, sans avoir eu le choix et a dû supporter ses tromperies avec toute la passivité qui convenait à une femme du XIXe siècle. Ce n’est pas un roman d’amour, mais le récit d’une existence triste et gâchée par cette rencontre entre le poète et les Rivière ». L’histoire continue en serpentant entre les différents membres de la famille de Marie Rivière, des grands-parents commerçants ruinés par leur gendre à la tante disparue brutalement.
Derrière ces lignes, une quête à travers les archives départementales de la Côte-d’Or qui a conduit l’ancienne professeure d’arts-plastiques et son époux à faire ressurgir la vérité sur cette femme demeurant jadis aux allées du Parc.
Installée à Dijon depuis 1992 dans ces mêmes allées, Thérèse Dubuisson s’intéresse à l’histoire de sa ville et publie des ouvrages sur les portes et les lieux symboliques de Dijon, illustrés de ses dessins à la plume. « Les Dijonnais ont un véritable intérêt pour le patrimoine architectural de leur ville, c’est quelque chose qui m’a très vite marqué. »
Pourtant, derrière les murs des bâtiments, les portes, sous les toits d’une ville, ce sont ses habitants qui font la lumière sur le passé d’un lieu, des récits de vie particuliers qui, mis bout à bout, forment une seule et grande histoire.
Léna DUMONT