Après le déménagement des œuvres débute la phase 2 des travaux du Musée des Beaux Arts de Dijon. Un chantier d’envergure, mobilisant 40 M€ et s’étendant jusqu’à l’été 2019, destiné à offrir 51 salles rénovées et dédiées à l’art du XVIIe au XXIe siècle. Les ailes Moyen-Âge et Renaissance restent, quant à elles, ouvertes. Gros plan sur la Métamorphose 2 du célèbre MBA…
Le premier ministre de la Culture en France, André Malraux, à qui l’on doit certainement l’un des plus beaux discours de la République, à savoir celui prononcé lors de l’entrée de Jean Moulin au Panthéon, écrivait : « La culture ne s’hérite pas, elle se conquiert ! »
Cette formule ne peut s’appliquer qu’à moitié pour le sujet qui nous intéresse aujourd’hui, à savoir l’acte II de la rénovation du Musée des Beaux Arts. En effet, ce musée bénéficiant d’un écrin historique que beaucoup nous envient – le Palais des Ducs – et de collections magnifiques obtenues au fil des siècles, l’héritage existe bel et bien. Mais encore fallait-il lui redonner ses lettres de noblesse… républicaine s’entend ! C’est en cela que la deuxième assertion de la formule de Malraux s’applique au chantier d’envergure que vous avez pu découvrir en passant place de la Libération ou bien cour de Bar. « La culture se conquiert » en effet actuellement derrière les échafaudages gigantesques installés sur le palais des Ducs sur lesquels vous pourrez bientôt découvrir une affiche, elle aussi, de taille (pratiquement 400 m2 !) annonçant, aux yeux de tous, la Métamorphose 2 du célèbre MBA. Franz Kafka aurait certainement apprécié…
« Un projet majeur »
« C’est un projet majeur pour Dijon, pour son cœur de ville inscrit au patrimoine mondial de l’Unesco dans le cadre des Climats de Bourgogne. Mais c’est un aussi un projet majeur pour son attractivité touristique, pour sa notoriété internationale et pour sa vie culturelle », a dévoilé le maire de Dijon, François Rebsamen, qui, dès son premier mandat, avait fait de la rénovation du MBA l’une de ses priorités. A dessein… que les œuvres puissent enfin sortir de leurs réserves et s’offrir au regard du public et que le palais des Ducs puisse recouvrer sa splendeur et apporter sa pierre à l’attractivité de la capitale régionale.
Créé à l’origine par François Devosge et son école de dessin en 1766, ouvert au public en 1799, ce musée était l’un des plus anciens de l’Hexagone et l’un des rares à disposer d’un palais. Tout comme le Louvre…Mais nombre de ses trésors tombaient aux oubliettes et les conditions d’accueil du public devenaient de plus en plus surannées si bien que les bâtiments arrivaient à la fin de leur histoire ! A l’image de nombre de peintures, décision a été prise de le restaurer. Cette tâche a été confiée à l’architecte en chef des Monuments historiques ainsi qu’à l’Atelier Yves Lion & Associés qui a, notamment, signé la Maison Européenne de la Photographie à Paris. Et ce, afin que l’alchimie opère entre l’architecture historique et les réalisations contemporaines dans ce chantier de taille… qui n’aurait pas déplu au sculpteur François Pompon.
Des larmes de joie…
Pas moins de 40 M€, répartis entre la Ville de Dijon, la Communauté urbaine dijonnaise, le conseil régional et l’Etat – avec une participation sous forme de mécénat de Suez – seront investis pour l’aménagement des espaces du XVIIe au XXIe siècles. Il s’agit de la phase la plus importante puisqu’elle impacte les deux tiers du musée et plus de 2200 m2 autour, avec notamment une partie de la cour de Bar et de la place de la sainte-Chapelle. 51 salles font actuellement peau neuve et viendront s’ajouter aux 14 salles de la 1re phase qui avait concerné les ailes Moyen-Âge et Renaissance. Une première qui s’était déroulée de février 2011 à juin 2013 saluée, souvenez-vous, par la tournée triomphale des Pleurants qui avait fait couler des larmes de joie sur les joues américaines…
Tout comme la Brasserie des Beaux Arts et sa terrasse cour de Bar, la partie restaurée du MBA reste ouverte au public durant les travaux qui se prolongeront, cette fois-ci, jusqu’à l’été 2019. Vous pouvez ainsi continuer, entre autres, d’aller rendre visite aux Ducs de Bourgogne qui restent de marbre dans leur tombeau malgré la métamorphose de leur résidence. Le parcours Moyen-Âge et Renaissance demeure, en effet, accessible et gratuit comme l’ensemble des musées de Dijon afin de favoriser la démocratisation culturelle chère à un certain… André Malraux.
La première cure de rajeunissement a trouvé l’aval des visiteurs puisque plus de 225 000 visiteurs ont poussé les portes du MBA en 2014. Combien seront-ils en 2020, au moment où les œuvres de l’inclassable Nicolas de Staël, de l’exceptionnelle Maria-Helena Vieira da Silva ou bien du premier empereur… de l’art contemporain dijonnais, Yan Pei-Ming, disposeront d’un nouvel écrin ? il faudra patienter pour connaître la réponse jusqu’à la fin de ce chantier royal… pardon ducal !
Xavier Grizot