Membre du Laboratoire d’Etude de l’Apprentissage et du Développement, Margaux Gelin, 25 ans, est doctorante en psychologie cognitive. Originaire de Saône-et-Loire, cette jeune chercheuse vit sur Dijon depuis 7 ans.
Au départ, Margaux se destinait au métier de pédopsychiatre et puis une rencontre avec une chercheuse en psychologie lui a fait changer d’avis. « J’ai découvert que la psychologie est un champ beaucoup plus vaste que je ne l’imaginais avec 4 spécialités : la psychologie cognitive (qui s’intéresse aux habiletés mentales), la psychologie du développement (qui étudie l’évolution avec l’âge de ces habiletés), la psychologie sociale (dont l’objet d’étude est l’homme dans la société) et la psychologie clinique (qui s’intéresse aux pathologies) ».
Aujourd’hui, cette jeune chercheuse s’intéresse à « la mémoire adaptative et l’effet animé », en se posant la question suivante : notre mémoire fonctionne-t-elle toujours comme à l’âge de pierre ? Ce qui est certain, c’est que notre cerveau trie les informations pour ne retenir que les plus importantes, et notamment celles qui sont essentielles pour notre survie : c’est ce qu’on appelle la mémoire adaptative. Dans ce cas, pourquoi la théorie de Darwin (sur l’évolution de l’homme) ne s’appliquerait-elle pas au cerveau et aux fonctions qu’il abrite ?
Telle est la thématique de recherche actuelle de Margaux. « Je travaille sur l’impact du vivant sur la mémorisation. Montrer que nous sommes toujours capables de mieux mémoriser les « entités animées » (c’est-à-dire vivantes) pourrait être une preuve de la fonction d’adaptation de la mémoire ». En effet, le vivant avait une très grande importance pour nos ancêtres qui devaient être capables de retenir un maximum d’informations à son sujet. Pour démontrer cela, Margaux réalise des expériences avec des participants. « Je leur montre des mots, la moitié renvoie à des entités vivantes, ils doivent soit les lire, soit les catégoriser ou encore évaluer leur agréabilité. Ensuite, je regarde ce qu’ils ont le mieux mémorisés, le vivant ou le non-vivant. La finalité de ces tests étant de comprendre comment fonctionne notre mémoire de façon automatique ».
Les résultats obtenus jusqu’à maintenant montrent clairement une meilleure mémorisation des entités animées. Pour analyser les mécanismes de mémorisation de ces informations, Margaux explore différentes pistes telles que l’imagerie mentale qui consiste à faire une représentation imagée des choses que nous cherchons à apprendre ou encore la catégorisation qui permet de regrouper les informations à mémoriser en catégories facilitant ainsi leur récupération ultérieure.
Demain, Margaux souhaite obtenir son doctorat et aimerait, dans l’idéal, occuper un poste de maître de conférences pour continuer ses recherches tout en enseignant à l’université. A côté de sa passion pour ses recherches sur la mémoire, cette jeune scientifique aime cuisiner et voyager. Sa prochaine destination ? Le pays du soleil levant.
Quand on demande à Margaux comment elle a trouvé sa voie, elle raconte cette anecdote : « Je suis persuadée d’en être arrivée là grâce à un jeu de rencontres et de circonstances mais pour ma mère ça n’est pas un hasard. Toute petite, il paraîtrait que je voulais être « trouveuse » et que je suis rentrée de l’école en disant : « C’est le plus beau jour de ma vie, je sais d’où on vient » le jour où ma maîtresse de CE1 nous a parlé pour la 1ère fois de la préhistoire. Ma mère aurait parié sur l’archéologie, mais c’est finalement via la psychologie que je suis retournée à mes 1ers amours… ».
Cécile CASTELLI
INFO. http://experimentarium.u-bourgogne.fr