L’anxiété de performance… l’ennemie de l’homme…

« Docteur il y a 6 mois, j’ai eu une panne d’érection et depuis j’appréhende les rapports sexuels, je suis très anxieux, obnubilé du matin au soir par mon problème, j’aime mon épouse, je la trouve belle… mais j’ai peur, elle va finir par me quitter !… »

La perte d’érection est un événement fréquent dans la vie sexuelle d’un homme, associant étroitement éléments d’ordre organique, psychologique et relationnel. La souffrance des hommes placés dans cette situation s’installe en effet rapidement et se déploie dans trois dimensions. La première d’entre elles est le sentiment de ne plus être un homme. Il est curieux qu’un homme qui a toutes les raisons de se savoir homme se sente si diminué dès qu’il perd son érection ! La deuxième dimension est la peur de l’abandon, l’homme est persuadé que sa femme ne restera pas avec lui s’il n’est pas à la hauteur. La troisième est l’anxiété de performance qui est la grande ennemie. Elle va en effet se développer et empêcher toute guérison spontanée.

L’érection répond à un mécanisme de commande réflexe nécessitant un point de départ, l’envie, qui se situe dans le cerveau pour aboutir ensuite au niveau de la verge. Mais avant d’atteindre son point d’arrivée, il passe par la moelle épinière, où se trouve une zone appelée « centre orthosympathique » qui sécrète la noradrénaline, qui empêche l’érection. Quand le désir survient, le cerveau le ressent, il bloque alors l’activité du « centre orthosympathique » et débloque donc le frein, les alvéoles de la verge vont pouvoir se relâcher, se remplir de sang et l’érection va survenir. Le cerveau dispose par ailleurs d’une autre arme, il peut activer le « centre parasympathique » se situant toujours au niveau de la moelle épinière mais un peu plus bas, c’est lui qui facilite l’érection. Le réflexe d’érection est donc bloqué au départ de façon active, permanente, et libéré par le désir.

Après une panne d’érection, l’anxiété de performance s’installe, elle aura des répercussions sur le comportement de l’homme qui en souffre. Soit il multipliera les tentatives pour se convaincre que le problème n’en est pas un, soit il fuira tout rapprochement avec sa compagne, la privant même d’affection, de peur que cela les mène au rapport sexuel, donc à l’échec.

La vie intime d’un homme est comme étant composée de deux grandes parties. La première est celle où tout va bien, son désir déclenche systématiquement une érection et l’homme ne se pose pas de questions. La seconde phase s’amorce avec les premières pannes déclenchant ainsi une anxiété de performance. Soit il reste dans cette angoisse qui se renouvellera à chaque tentative, soit il cherche à s’en sortir grâce à une aide extérieure. Après guérison, l’homme rentre dans la période dite de maturité sexuelle, il comprend alors que l’érection n’est pas systématique puisqu’il n’a pas les moyens de la commander volontairement.

Docteur Dany Jawhari
Médecin Sexologue à Dijon

Secrétaire Général Adjoint de la Société Francophone de Médecine Sexuelle