Avec le salon Apprentissimo, c’est l’apprentissage que vous avez mis au coeur de vos préoccupations ?Certes, c’est un temps fort. Mais nous n’allons pas nous contenter d’un salon par an car l’apprentissage nous occupe toute l’année. Je serai même tenté de dire que c’est une préoccupation quotidienne.
Apprentissimo nous est cher parce que c’est un véritable levier pour l’emploi des jeunes. 33 entreprises ont répondu présentes, représentant plus de 400 offres d’embauche en alternance.
Qu’est-ce qui fait le succès d’Apprentissimo ?
C’est un événement unique dans notre région, fédérant tous les acteurs de la filière. Il apporte ainsi une réponse à la fois globale et ciblée aux questions que se pose tout candidat à l’alternance.Et c’est aussi un événement 100 % pratique. Il est divisé en quatre villages, jalonnant le parcours de tout candidat à l’alternance et permettant à chacun de trouver des solutions quelque soit le stade d’avancement de son projet professionnel.
Pour moi, l’apprentissage est une voie royale vers l’emploi. Et les chiffres sont là pour en témoigner : plus de 80 % des jeunes qui ont un contrat d’apprentissage se voient offrir un débouché. C’est donc un secteur qu’il est primordial de développer. C’est ce qui a motivé la création de ce salon Apprentissimo qui est une rencontre entre les entreprises et les jeunes qui cherchent un métier.
Tout n’est pourtant pas rose dans le monde de l’apprentissage…
Il y a eu beaucoup trop de lieux communs sur l’apprentissage, trop souvent considéré par les jeunes et les familles comme une voie de garage et un pis-aller.
Nous payons aujourd’hui cette culture qui était la nôtre hier où pendant des décennies nous avons favorisé la culture générale et cette célèbre formule : « Passe ton bac d’abord » que l’on a assénée à des enfants qui n’étaient pas faits pour suivre la voie classique. Des enfants qui ont pris ensuite la direction de l’université dans un cursus qui ne les a pas conduits vers l’emploi.
Le décalage existe également du côté des chefs d’entreprises : ils reconnaissent l’apprentissage comme une voie de l’excellence, et pour autant le nombre de contrats signés n’est pas à la hauteur de l’engouement affiché.
En dehors de l’organisation d’un salon comme Apprentissimo que fait une chambre de commerce pour promouvoir l’apprentissage ?
Permettez moi déjà de rappeler que l’apprentissage est tout à fait dans les compétences d’une chambre de commerce. Nous faisons de la répartition de taxe d’apprentissage. Et puis la chambre de commerce est, ne l’oublions pas, un établissement public. A ce titre, elle relaie les décisions prises par l’Etat.
Nous avons la prétention de connaître parfaitement notre territoire économique et les demandes et les besoins qui sont les siens. A partir de là, nous sommes en mesure d’adapter nos formations et mettre en adéquation la demande des entreprises et celles des salariés ou des demandeurs d’emplois.
A Dijon comme ailleurs, on part d’un constat qui relève d’un actualité pénible : il y a eu 35 700 chômeurs de plus en février et les jeunes ne sont pas épargnés. 25 % d’entre eux sont dans cette situation délicate. A titre de comparaison, ce taux de chômage est, en moyenne, dans les principaux pays européens, entre 5 et 10 %.
On s’aperçoit qu’il y a une inéquation entre l’offre et la demande. C’est le cas dans le commerce, la restauration, l’industrie, l’informatique… Nous n’avons pas suffisamment de candidats à proposer. En Bourgogne, il y a un an, 450 emplois dans la restauration-hôtellerie n’étaient pas pourvus. C’est tout simplement surréaliste. Ce n’est pas seulement un problème qui affecte la Côte-d’Or et sa chambre de commerce, c’est un véritable problème national qui doit mobiliser toutes les énergies. Et nous avons bien l’intention de tenir toute notre place dans cette bataille.
Contrat d’apprentissage mais aussi contrat de professionnalisation. Ne serait-il pas raisonnable de proposer un contrat unique ?
C’est évident. Voilà même un choc de simplification. Tout ce qui peut servir à faciliter la relation entreprise-salarié est essentiel. Dans ce dossier, comme dans d’autres, il faut avancer encore plus vite.
Au fil du temps, on a réussi à décloisonner le pédagogique mais malheureusement pas l’administratif.
Ne pensez-vous pas que pour redonner du sens, de la valeur et bien évidemment de l’efficacité à l’apprentissage, il faudrait tout simplement l’intégrer dès le collège ?
J’en suis convaincu. C’est une véritable question de fond et j’en ferai une mission clé de la prochaine mandature de la CCI 21 : le rapprochement des entreprises et des collèges. On bénéficie d’une belle écoute du rectorat pour que dès le plus jeune âge on inculque aux élèves la notion d’entreprise et la notion d’apprentissage. Un apprenti peut très bien, un jour, devenir le patron de l’entreprise qui l’a embauché.
Propos recueillis par Jean-Louis PIERRE