Un solide gaillard de 46 ans avec un physique de deuxième ligne de rugby. Mais ce n’est pas le ballon ovale qui passionne Francis Pouget mais la moto. Depuis sa plus tendre enfance. Témoin ce déguisement de gendarme motocycliste offert quand il avait 4 ans. Et ses parents étaient bien loin d’imaginer que le cadeau du Père Noël allait déclencher une vocation… Francis Pouget n’a que 18 ans quand il intègre l’école de la gendarmerie qui le conduira à Maison-Alfort où il portera l’uniforme des mobiles jusqu’en 1996.
1996, c’est à la fois l’année de la retraite militaire mais aussi celle de la création d’une entreprise à Dijon, rue de Mulhouse : « Camerone », petit clin d’oeil à la Légion étrangère, spécialisée dans la personnalisation de textiles. Et c’est tout naturellement un peu plus tard qu’il reprend l’entreprise de son père, « L’Atelier du Timbre », à Genlis, qu’il déplace à Dijon, sur Cap Nord, sous l’enseigne « Dijon Broderie ».
Et la moto dans tout ça ? Elle est toujours là. Omniprésente. Dans sa tête et dans le garage. Bien plus qu’un moyen de locomotion sur lequel il parcourt bon an mal an 30 à 35 000 kilomètres. Une passion qui se renforce même avec l’âge et qui va le pousser à prendre un risque : vendre l’entreprise et lancer une activité où la moto va jouer un rôle… moteur. C’est ainsi qu’est née « Moto-Urgence 21 », un concept négligé en France alors que de nombreux pays ont déjà recours à la moto médicalisée d’intervention d’urgence. Une activité qui suscite bien plus que la curiosité des services publics et qui a réveillé chez Francis Pouget le secouriste bénévole qu’il était sur ses temps de repos de gendarme au sein du groupe d’intervention de la protection civile du Val de Marne.
L’idée force de Francis Pouget : s’imposer comme un nouveau maillon dans la chaîne des secours. « Qualité et rapidité d’intervention, c’est notre atout majeur qui plus est moins onéreux qu’un équipage ambulancier » explique Francis Pouget. « La moto qui sauve des vies, c’est un métier d’avenir. Aujourd’hui, en France, un pourcentage non négligeable d’intervention SMUR-SAMU ne nécessite pas le retour du patient ou de la victime dans un centre hospitalier. Et puis, sans parler de vitesse, la moto médicalisée s’infiltre plus facilement dans le trafic routier. »
Et pour conforter son propos, Francis Pouget a fait réaliser des tests. Au départ de la zone d’activités Cap Nord : sa moto, une Triumph Trophy 1200, et un Ford Transit simulant l’ambulance. Destination : la gare de triage Gevrey-Chambertin. Même itinéraire pour les deux véhicules. A l’arrivée, nette avantage pour la moto qui, tout en respectant les limitations de vitesse a devancé le « 4 roues » de 9 minutes. « Et quand on sait que sur la route, une minute de gagnée c’est 10 % de plus de sauver une victime, on mesure tout l’intérêt de faire appel à une moto médicalisée » se plait à remarquer Francis Pouget.
Ses clients potentiels ? Les centres hospitaliers, SAMU, SMUR, pompiers. Le développement de l’activité s’accompagnera d’embauches car, outre les premiers secours, l’utilisation de la moto sera tout à fait adaptée aux transports de sang ou d’organes. « Ce seront des pilotes confirmés, anciens gendarmes ou policiers, secouristes diplômés… Les médecins passagers bénéficieront d’une formation pour trouver la meilleure position sur la moto ».
Et pour mieux convaincre, Francis Pouget met en avant l’excellent travail qu’il réalise depuis quelques années avec des clubs cyclistes comme le SCOD qui lui fait une entière confiance pour sécuriser ses courses sur routes.
Aujourd’hui, Francis Pouget est prêt à passer la vitesse supérieure.
Jean-Louis PIERRE