Que cette grand-messe ait lieu à Congrexpo sous le nom de « Cérémonia » ou qu’elle se déroule au Klube sous le nom plus sobre de « Salon du Mariage », il n’en reste pas moins que la célébration d’une union reste un des temps forts incontournables, à Dijon comme partout en France.
Selon les années et selon le nombre de couples ayant l’intention de passer devant monsieur le Maire ou devant monsieur le curé (ou l’imam, ou le rabbin), ce sont entre 3 700 et 4 700 visiteurs qui s’y pressent (1). Pour les amateurs de statistiques, sachez qu’à 45 % les futurs mariés qui visitent ces salons proviennent de Dijon et son agglomération, à 31 % du reste de la Côte-d’Or, à 16 % des départements limitrophes et à 8 % des autres départements.
Voici donc la preuve, s’il en était besoin, que le mariage n’est pas encore cette institution désuète que d’aucuns voudraient éradiquer de notre vie quotidienne… Pour ce qu’il est convenu d’appeler « le plus beau jour de sa vie », rien n’est trop beau et les budgets flambent, parfois au-delà du raisonnable. Faire-parts (150 à 300 €), alliances (de 600€ jusqu’à 2 ou 3 000 €), fleurs (300 €), dragées (300 €), décoration de la salle (3 à 500 €), animation avec disc-jockey (1 000€), location de salle avec traiteur ou restaurateur (40 à 70 € par convive), photographe (500 €), coiffeur (200 €), maquilleuse (100 €), hébergement des familles (de 75 à 100 € par chambre d’hôtel), location d’une limousine ou d’une sympathique roulotte avec son cheval (600€), sans oublier la robe de la mariée (de 500 à 2 000€) et le costume de son fiancé (de 250 à 1 500€), tout concourt à une addition élevée (2).
A cela, il faut éventuellement rajouter la poursuite des festivités le lendemain avec concours de golf, promenade en péniche et nouvelles ripailles cette fois plus modérées, etc. Il est communément admis que le prix total d’un mariage oscille entre 10 et 25 000€ pour les mariages les plus courants et qu’il peut même atteindre les 100 000€ (voire plus) pour celles et ceux qui ont le portefeuille bien garni ou … la folie des grandeurs.
Les banquiers sont désormais habitués à octroyer des prêts à court ou moyen terme pour financer ces cérémonies. Le business du mariage représente au niveau national 3 milliards d’euros, ce qui est loin d’être anecdotique. Pour information, une femme se marie pour la première fois à 29,8 ans et un homme à 31,7 ans (3).
La très grande majorité des mariages ayant lieu entre mi mars et fin août, c’est le moment de s’y intéresser.
Un mariage se prépare généralement entre un et deux ans à l’avance, la première chose à faire étant la réservation de la salle où se tiendra le dîner qui réunit en moyenne entre 60 et 120 convives. Sur ce chapitre, il y a des anecdotes amusantes comme ces tourtereaux qui s’y sont pris plus de 5 ans à l’avance (on n’est jamais trop prudent, n’est-ce pas ?), ou plus dramatiques comme ce jeune couple qui a appris deux mois avant le mariage que l’hôtel retenu (arrhes versés) venait de déposer le bilan et qu’il leur fallait trouver une solution de remplacement de toute urgence (pas facile !). Au Salon du Mariage, on en a même vu qui venait se renseigner alors qu’ils n’avaient pas encore rencontré l’âme sœur et qui étaient persuadés qu’il y aurait une sorte de stand « rencontres » pour remédier à cette carence évidemment bien ennuyeuse pour un futur marié…
Le second souci est celui de la robe de la mariée qui, c’est bien normal, entend être la plus belle pour le jour J. Feuilleter les catalogues, parcourir le net, rien n’y fait et elle devra passer par la case essayages au cours desquels elle ne manquera pas de demander moult modifications qui, au final, verront la robe dite de prêt-à-porter passer au statut de robe quasi sur mesures, d’où un budget conséquent.
Les hommes diront à mi voix que ce n’est pas bien raisonnable de dépenser autant d’argent pour une robe qui ne sera portée qu’une journée et les femmes leur répondront qu’ils ne comprennent rien à rien ! Comme quoi les hommes viennent bien de Mars et les femmes de Vénus…
Puisque je parle des hommes, le costume ne semble pas être leur préoccupation première puisqu’ils s’y prennent entre 2 et 3 mois seulement avant la date du mariage. On m’a même cité le cas d’un monsieur qui a poussé la porte d’un magasin un matin à 10 heures pour y acheter son costume et qui, tenez-vous bien, se mariait le jour même à 15 heures (histoire véridique, vécue à Dijon)… Sûrement un étourdi ! Décidément, il semble que les histoires drôles soient légion dans les mariages… A Dijon et sa périphérie, les magasins spécialistes du mariage ne manquent pas, un simple coup d’œil dans l’annuaire suffit pour trouver les bonnes adresses.
Chez POINT MARIAGE, à Quetigny, la directrice de la succursale observe que son chiffre d’affaires reste stable d’une année sur l’autre. Par contre, elle ne cache pas que la crise frappe également ce secteur d’activité. Les ventes d’accessoires ont chuté significativement alors que les robes de mariées (de 149 à 1 000€) sont des incontournables. Les messieurs, quant à eux, se contentent souvent des costumes dits de prêt-à-porter et délaissent ceux qui sont par trop typés cérémonie ; les petits pages -bien souvent les propres enfants des mariés– restent une valeur sûre. Dans ce magasin où quasiment tout ce qui se rapporte au mariage est présent (jusqu’aux alliances), on sait équiper l’ensemble du cortège, parents et beaux-parents compris. La majorité des mariés assument désormais l’intégralité de leur mariage et il est de plus en plus rare que même la robe soit prise en charge par les parents.
La loi sur le mariage pour tous ayant été votée, les mariages homosexuels commencent à pointer leur nez, ce qui évidemment double les tenues… et de citer ces 4 mariages aboutissant à 8 robes de mariées… Enfin, il y a les mariages et les remariages qui, là aussi, sont des occasions de participer à ce « business », la mariée tenant absolument à « sa » robe. Romantisme, quand tu nous tiens !
Les futures mariées n’ayant pas de problème de budget s’y prennent entre un et deux ans à l’avance et trouvent leur bonheur soit chez CYMBELINE, soit chez FAN DE SOIE, soit chez GRAIN DE POUDRE où les prix d’une robe vont de 1 200 à 3 000€. On est là clairement dans les très grands mariages où le photographe est souvent doublé d’un vidéaste professionnel histoire de filmer la sortie de la messe à la cathédrale avec grandes orgues jouant la marche nuptiale de Félix Mendelssohn ou de Richard Wagner… Quand on vous dit que l’amour n’a pas de prix !
Chez CARACTERE D’HOMME, rue des Forges, où l’on équipe environ 60 mariés par an, sans compter évidemment les costumes plus classiques pour les autres hommes de la noce, on souligne que la tenue complète avec costume, lavallière, chemise à col cassé et chaussures vernies, c’est un peu passé de mode. Les mariés demandent surtout un beau costume deux pièces qui sera assorti d’une belle chemise et cravate, le tout pour un budget moyen de 900 €. Dans cette boutique, le mariage est bien rôdé et l’on participe à trois salons en octobre, janvier et prochainement en mai dans les Salons de l’Hôtel de la Cloche sous la dénomination « Les Ateliers du Mariage ». Le propriétaire fait remarquer que s’occuper d’un futur marié ça prend du temps ! Une première visite pour repérer une tenue, une deuxième avec sa fiancée, une troisième pour montrer le costume aux parents et – peut-être – une quatrième pour éventuellement conclure…
Chez NATURE D’HOMME, rue Amiral Roussin, là aussi on note une quasi désaffection générale du costume très typé « mariage », les futurs mariés ne voulant plus se « déguiser » et jouant la carte de la sobriété avec un beau costume 2 ou 3 pièces, le tout pour un budget moyen de 900 à 1 000€ hors chaussures. Même si c’est encore très marginal, le mariage pour tous étant passé par là, les ventes à « coup double » débutent, à preuve ces deux messieurs venus chercher leurs costumes pour leur mariage en mai prochain. Comme il se doit, ils ont été raccompagnés avec la formule « tous mes vœux de bonheur ».
Le propriétaire explique que sur 10 ventes de costumes, 7 à 8 sont le fait de mariages, qu’il s’agisse des mariés proprement dits ou d’autres membres du cortège. En conséquence, les futurs mariés deviennent plus malins et il me cite le cas de ces jeunes messieurs qui ont profité des soldes de janvier pour un mariage qui aura lieu à l’automne. Dure, dure la vie de marchand de vêtements !
J’ai constaté que, pour une fois, pas un seul de mes interlocuteurs n’a évoqué internet, ce qui tend à prouver que pour la préparation de ce jour si important, les futurs mariés préfèrent s’en remettre aux conseils et au savoir-faire de vrais spécialistes. Le défenseur des commerces de proximité que je suis ne peut que s’en réjouir.
En fait, on le voit bien, tout le monde reste très attaché à cette notion de mariage qui reste quand même un des temps forts dans la vie des heureux élus. Les tendances évoluent, les moeurs aussi, mais le mariage n’est pas pris à la légère, ce qui est plutôt réconfortant.
Les esprits fâcheux feront remarquer qu’en province 1 mariage sur 3 finit par un divorce. J’en déduis que 2 sur 3 sont le ciment d’unions durables et de belles histoires d’amour, c’est plus positif… Dans tous les cas, vive la mariée et vive le marié !
Jean-Pierre COLLARD
(1). Chiffres de 2012 à Dijon. Les futurs couples homos, lesbiennes, trans, etc. ne se signalant pas forcément, il est difficile de les comptabiliser. Cependant, à Paris, où la Préfecture tient des statistiques, depuis l’entrée en vigueur de la nouvelle loi ils représentent 13 % des mariages et jusqu’à 48 % dans le Marais.
(2). Chiffres moyens communiqués par les magasins et prestataires de service.
(3). Source : Salon du mariage Rhône Alpes.