Le 8 avril dernier, lors de son discours de politique générale à l’Assemblée nationale, notre nouveau Premier Ministre nous a annoncé qu’il entendait diviser par deux le nombre de nos Régions avant fin 2016 et supprimer nos Départements à l’horizon 2021. Rien que ça ! Cette idée de réforme de notre délicieux mille-feuille administratif n’est pas nouvelle. Maints Présidents ou Premiers Ministres ont plus ou moins tenté de s’attaquer à cette spécificité française et… nous en sommes toujours au même point.
L’Etat c’est nous, il n’est pas inutile de le rappeler et ce genre de réforme devrait nous interpeller. Mais ce sont aussi des armées de fonctionnaires et c’est précisément ce que soulignait déjà en 2008 la Cour des Comptes : « En 2008, les trois fonctions publiques (Etat, collectivités territoriales, hôpitaux) emploient 5,3 millions d’agents, dont près de la moitié appartiennent à l’Etat (2,5 millions d’agents). Entre 1980 et 2008, la progression de l’emploi public résulte essentiellement des collectivités territoriales qui ont vu leurs effectifs augmenter de 71% (sans qu’il existe un lien direct avec la décentralisation) et, dans une moindre mesure, des hôpitaux (54%). L’Etat a renforcé ses effectifs de 350 000 agents (soit + 14%) entre 1980 et 2006, mais a depuis supprimé 75 000 emplois équivalents temps plein. Néanmoins, dans le même temps, les opérateurs de l’Etat (établissements publics administratifs) en ont créé 50 000 ».
Que cela s’appelle la RGPP de Nicolas Sarkozy ou la Réforme territoriale du Président actuel, une évidence saute aux yeux : nous sommes sur administrés. Alors, commencer par la réduction du nombre des Régions semblerait être le plus facile. Eh bien, non ! A peine annoncée, cette mesure génère une levée de boucliers de la part des Présidents des dites Régions. « Touche pas à ma Région » semble être le leitmotiv des plus bruyants (cf. la Région PACA où l’inoxydable Jean-Claude Gaudin, dans un langage typiquement marseillais, a fait savoir à M. Valls qu’il pouvait aller se « brosser avec des oursins ! »).
En Bourgogne, dans le Magazine du Conseil Régional de Bourgogne d’Avril 2014, n° 31, Mr. François PATRIAT n’affiche pas un enthousiasme démesuré puisqu’avec le verbe qu’il manie à merveille il écrit à propos du rapprochement entre Régions: « C’est une piste de travail qui mérite d’être explorée (…) Dans la perspective d’une nouvelle étape de la décentralisation, nous venons d’engager une réflexion commune avec nos voisins franc-comtois. Des contacts sont en cours entre nos collectivités pour poser les bases d’une collaboration afin d’étudier de nouvelles pistes de mutualisation qui permettront de renforcer l’efficacité des politiques régionales en Bourgogne comme en Franche-Comté ». Voici qui s’appelle foncer à pas prudents et mesurés…
Ne nous voilons pas la face, TOUS les Présidents de Régions sont aussi des élus de la République et on comprend bien –à moins d’un masochisme exacerbé– qu’il ne faut pas trop compter sur eux pour se faire hara-kiri en votant cette énième tentative de réforme administrative. C’est d’ailleurs pourquoi Manuel Valls a bien précisé qu’en l’absence de résultat il déciderait d’une nouvelle carte des régions le 1er janvier 2017 si les régions n’ont pas « fusionné par délibérations concordantes ». C’est ce qui s’appelle une menace de passage en force.
Alors quoi ? Nous serions condamnés à un immobilisme qui se traduit dans les faits par le souhait vertueux d’économies à faire à la seule condition qu’elles impactent les autres, c’est-à-dire nos voisins ? Eh bien, très modestement, je me hasarde à lancer ici une proposition : peut-on demander à l’un des futurs candidats à l’élection présidentielle de 2017 de proposer dans son programme la création d’une VIe République, assortie d’une nouvelle Constitution qui fera table rase de toutes ces baronnies qui, au final, génèrent des doublons quand ce ne sont pas des « triplons » et qui nous coûtent des fortunes en impôts ?
Un exemple : Nous avons un office du Tourisme Région Bourgogne, qui est « aidé » par un office du Tourisme dans chacun de nos 4 départements. Si vous cherchez un peu, vous verrez que nous avons aussi des Offices du Tourisme pour certains cantons et que certaines bourgades ont aussi le leur (cf ; le nouvel Office du Tourisme de la butte de Thil financé par le conseil général à hauteur de 37 500 € / source Côte d’Or Magazine n° 140, page 5)). Tout ce petit monde édite force brochures, bâtit des sites internet, loue des locaux, etc.
Les intentions sont louables mais excessivement onéreuses pour des résultats quelque peu décevants : – 5,2% de touristes en 2012, malgré tous les efforts de l’excellent Président du Tourisme de Bourgogne, Didier MARTIN et ses équipes (source : http://www.bourgogne-tourisme-pro.com). J’aurais aussi bien pu prendre l’exemple de tous les dispositifs censés favoriser l’emploi et qui sont tellement nombreux au sein des différentes collectivités qu’on en vient à se demander si leur vertu première ne serait pas, en réalité, de donner du travail à ceux qu’elles emploient.
Toujours est-il qu’il nous faudra bien crever l’abcès de cette sur administration et j’invite de talentueux DRH à se faire connaître d’urgence pour remettre un peu d’ordre dans la maison France. D’avance, merci !