Patrick Jacquier : « Seuls les touristes américains et chinois sont en hausse »

Toujours la dent dure contre les politiques ?
Même si je me réjouis de la nomination de François Rebsamen au ministère du Travail et de l’Emploi, cela ne m’empêche d’être critique à l’adresse de nos gouvernants. Nos métiers comptent dans l’économie française et nous devons engager une véritable concertation car nos entreprises croulent sous les avalanches de hausses d’impôts, de charges et de règlementations permanentes et imprévisibles. Comment un chef d’entreprise peut-il maîtriser sa gestion dans une pareille incertitude ? L’Etat nous demande d’investir et d’embaucher. Le message est reçu mais nous avons besoin d’une vision définitive de notre futur.

Quel message souhaiteriez-vous que François Rebsamen porte à ses nouveaux collègues ministres ?
La restauration, les débits de boissons, l’hôtellerie sont indispensables à l’activité économique de notre pays. Quel serait l’avenir du tourisme sans nous ? Notre profession incarne la France auprès de la clientèle étrangère, nos établissements offrent du rêve, des loisirs, de l’évasion et du plaisir à nos concitoyens. Il faut donc que la pression fiscale cesse pour ceux qui travaillent en France, emploient en France et payent leurs impôts en France.

Et vous avez des arguments forts pour vous faire entendre ?
Je voudrais rappeler les chiffres clefs du tourisme et le poids économique que notre secteur CHRD représente au niveau national :
– 149 milliards d’euros de chiffre d’affaires (80 milliards pour les CHRD)
– 7.3 % du PIB. Nous sommes le 4e employeur privé de France.
– 273 500 entreprises.
– 2 millions d’emplois directs et indirects non délocalisables.
– 7.1 % du nombre total de salariés.
– Plus de 100 000 jeunes en formation.
Et, malgré ce poids indéniable dans l’économie française, nous déplorons l’absence d’un ministre du Tourisme dans le gouvernement de Manuel Valls.

Quel bilan avez-vous dressé de l’année 2013 ?
L’année 2013 ne restera pas dans les annales de l’hôtellerie française, ni en positif, ni en négatif. Le maître mot de l’année écoulée sera indiscutablement : stagnation.
L’année 2013, dans l’hôtellerie dijonnaise, a démarré par une chute de la fréquentation des nuitées sur le 1er semestre mais une nette amélioration des séjours à partir de juillet a redressé la barre, et ce malgré une conjoncture économique très morose.
La progression en 2013 pour les nuitées s’élève à +1% par rapport à l’année 2012.
Ce contexte économique a eu pour conséquence une baisse de la durée moyenne du séjour pour les entreprises et les particuliers qui font attention à leur budget et limitent leurs séjours.
Les nuitées étrangères, toutes nationalités confondues, sont en recul, seuls les touristes américains et chinois sont en hausse.

La Bourgogne est-elle à l’image de Dijon ?
Les situations sont différentes. En Bourgogne, la Nièvre, la Saône-et-Loire et l’Yonne enregistrent une baisse de fréquentation sur 2013, seule la Côte d’Or montre un léger frémissement. L’évolution des chiffres d’affaires hébergement entre 2012 et 2013 progresse légèrement.
Par contre la baisse constante, chaque année, du nombre de couverts dans la restauration d’hôtels est de plus en plus alarmante, elle est due, entre autre, à un changement d’habitude de consommation : – 4.6% en 2013 ce qui correspond à – 19 314 couverts.

Des résultats qui vous motivent plus que jamais pour défendre l’aéroport Dijon-Bourgogne ?
Dijon est une ville qui bouge, qui avance en tram, en vélo, parfois en voiture, mais pas en avion malheureusement … J’espère que nous aurons prochainement le retour de l’aéroport tant attendu, qui ne peut être qu’un plus au niveau du tourisme d’affaires que nous pourrions perdre faute de facilité et moyens d’accès modernes.

Propos recueillis par Pierre SOLAINJEU