Âge : 23 ans. Signes particuliers : féru de sports automobiles et fan de Maserati. Maxence Chollet, étudiant en dernière année de Master management et marketing de l’hôtellerie à l’IAE (Institut d’administration des entreprises) Savoie Mont-Blanc de Chambéry, vient tout juste de terminer un périple bien connu des étudiants : le 4L Trophy, 17e édition. Cette course humanitaire, qui rallie la France au Maroc en passant par l’Espagne, s’est déroulée du 13 au 23 février derniers sur quelque 6 000 kilomètres et a rassemblé 1230 équipages âgés de 18 à 28 ans issus de près de 500 écoles.
Le jeune homme raconte comment il est tombé dans le sport automobile et non le rugby, comme son père, Pierre Chollet, illustre dirigeant et entraîneur du Stade dijonnais. « Depuis tout petit, j’ai commencé à piloter des kartings à Prenois, puis j’ai eu la chance de monter en catégorie pour aller jusqu’à la conduite de Formules Renault à Magny-Court. » Sa démarche aujourd’hui est bien différente. Exit la compétition et les moteurs gonflés à bloc. C’est en naviguant un beau jour sur le site Internet de son université qu’il découvre le 4L Trophy et son concept. « Des trophistes issus de mon école avaient participé à la dernière édition » explique-t-il. Charmé par « l’aventure humaine, l’idée de découvrir le continent africain et surtout le côté humanitaire », il décide de s’engager dans ce raid avec son ami, Rémi Gesset, étudiant tout comme lui à l’IAE.
Le duo de choc se préinscrit et là commence la course folle pour valider cette inscription. Leur nom de guerre : les Raid Bull. « Il leur a fallu collecter de l’argent, environ 10 000 euros, en faisant appel à des sponsors. » Le but : se payer une 4L, première voiture de tourisme à traction avant fabriquée par Renault de 1961 à 1992, accessoirement deuxième automobile française la plus vendue, par ailleurs très appréciée, en son temps, des gendarmes, PME et PTT. Maxence Chollet se tourne évidemment vers sa région bourguignonne d’origine où il obtient notamment le soutien de Fabrice Gillotte, chocolatier reconnu à l’international, et de la brasserie La Comédie pour laquelle il avait travaillé.
Trouver le véhicule sera finalement un jeu d’enfant. Les coéquipiers font l’acquisition de celui de l’équipage précédent de leur école. 128 000 kilomètres au compteur, sièges baquets, klaxon du Tour de France et ventilateurs supplémentaires pour éviter les surchauffes. Autre avantage notoire, la voiture connaît la route, ils n’ont qu’à regarder le paysage. Non ? Dommage. « Nous avions prévu des pièces de rechange en cas de panne et avons passé une journée dans un garage pour nous former aux bases de la mécanique » ajoute Maxence Chollet qui se doutait bien que les pistes marocaines n’auraient rien d’un circuit. « Nous avons aussi démarché des commerces pour trouver les fournitures scolaires, les denrées alimentaires et les équipements sportifs à distribuer au Maroc. Et nous avons revendu avec un petit bénéfice des stylos du 4L Trophy, achetés 30 centimes pièce à l’organisation, dans les foires et centres commerciaux. Comme on y allait avec la 4L, les gens étaient intrigués, elle faisait son effet. »
Pendant le raid, petits déjeuners et diners sont assurés par les organisateurs. Les concurrents doivent tout de même prévoir conserves et réchaud pour midi ainsi qu’une tente et des sacs de couchage pour les nuits froides passées près du Mont Atlas. Mais dites donc cette voiture avec tout ce chargement, c’était une 4L ou un bourricot ? Ce qui est certain, c’est que le jeune pilote, prudent, a tout fait pour ménager sa monture. « Nous avons roulé tranquillement, l’objectif était surtout d’arriver au bout, pas forcément de revenir avec la coupe. Une 4L, c’est sympa à conduire mais ça tangue déjà pas mal à vide. » Sans chrono, le classement du 4L Trophy s’effectue uniquement sur la base du kilométrage minimum réalisé quotidiennement par les équipages, simplement dotés d’une boussole et d’un road-book, pour aller d’un point A à un point B.
Au total, près d’un tiers des équipages a dû arrêter l’aventure pour des raisons mécaniques. Maxence Chollet et Rémi Gesset, eux, sont allés jusqu’au bout, non sans avoir connu quelques déboires, comme une étape marathon dans le désert sans pare-brise, ou encore la perte de leur haillon qui a dû être bricolé à la hâte. En voulant visiter, aller à la rencontre des autochtones, les coéquipiers se sont parfois perdus. Toutefois, c’est avec des étoiles plein les yeux qu’ils sont actuellement sur le chemin du retour avec la 4L. Pour le jeune pilote de Formule, « le 4L Trophy est vraiment une expérience à faire, avec beaucoup d’émotion, d’entraide, des moments inoubliables… »
Son expédition dorénavant accomplie, Maxence Chollet, la tête bien vissée sur les épaules, terminera ses cours en avril. S’ensuivra un stage pour valider son diplôme puis une toute autre odyssée l’attendra, professionnelle, cette fois. « Je me destine à un poste de manager d’hôtel, restaurant ou bar mais à l’étranger. L’Europe de l’Est m’attire beaucoup. Si j’en ai l’opportunité, je ferai peut-être d’autres raids, mais tout ce qui touche aux sports automobiles coûte cher, alors on verra… »
Florence CAROLE