Daniel Cicekli, le sourire en prime (ur)

C’est l’histoire d’un mec, comme disait Coluche, qui régale et donne du plaisir à sa clientèle depuis 30 ans. Passionné par son métier, il est l’un des visages marquants, une des « gueules », du marché des Halles, à Dijon. Daniel Cicekli est ce mec. Ou plutôt ce Monsieur. Car son parcours, son professionnalisme et sa simplicité, imposent le respect. Placé juste sous l’horloge du marché couvert, son stand est toujours bien achalandé en fruits et légumes. Le visage apaisé et le sourire franc, il sait mettre à l’aise ses clients et ceux qui passent devant son étale.
Daniel Cicekli détaille avec humilité, mais fierté, son travail, sa passion. Ayant commencé à 18 ans dans les années 80, il a écumé tous les marchés de l’agglomération dijonnaise. Centre ville, Grésilles, Chenôve… Et il est devenu un visage familier de beaucoup de familles dans les quartiers où il distribue ses primeurs. Le rythme est matinal et soutenu : de 4 heures à 15 heures tous les jours. 6 jours sur 7. Néanmoins, l’érosion du pouvoir d’achat de sa clientèle, la baisse de la consommation et donc de ses ventes le poussent à réfléchir pour donner un second souffle à son affaire.
Début des années 2000, il acquiert une place sous les halles du centre ville. Il restera discret sur le prix de la transaction mais il révèle néanmoins que les places dans ce lieu peuvent aller de 50 000 jusqu’à 500 000 euros. Et les charges restent assez élevées. De l’ordre de 80 000 euros par an pour un commerce comme le sien. Cependant, la place reste enviée. Véritable « poumon économique, sans lequel le centre ville serait mort » selon lui, le marché des halles est effectivement un lieu d’affluence importante. Il se réjouit des futures améliorations qui y seront apportées, notamment au niveau du chauffage et de l’isolation. Et il garde tout de même une place au marché de Ruffey les dimanches. Question, sans doute, de changer d’air une fois par semaine…
Son nouveau credo est devenu « la qualité plutôt que la quantité ». Son sens du contact et du service ont trouvé dans ce lieu et cette niche leur point d’orgue. Sa clientèle, plutôt aisée, exige le meilleur. A 14 euros le kilo de pêche, effectivement, il faut apprécier – et en avoir les moyens – pour acheter. La fraicheur des produits est son mot d’ordre. En ce sens, il investit dans un entrepôt sous les halles même, avec une chambre froide personnelle, et offre la possibilité à sa clientèle de payer par carte bancaire, chose rare dans ce métier, mais pas chez lui (« 90 % des paiements se font maintenant en carte bleue »).
Il va lui-même chercher ses produits à Lyon-Corbas toutes les semaines. « J’achète en priorité ce qui est frais et français ». Qualité, fraicheur, proximité ont permis à notre entrepreneur vitaminé d’attirer donc une nouvelle clientèle et celle-ci le lui rend bien. « 99 % de ma clientèle m’est fidèle », dit-il, non sans fierté. A ce moment, un couple d’Américains débarque à point et se sert sur son étalage. « Voyez ces gens, ils sont venus la première fois, ont goûté à mes fruits et, maintenant, c’est la quatrième fois qu’ils reviennent »…
Et la concurrence dans tout ça ? « Je ne m’occupe pas trop d’elle. Vous savez, moi, j’ai déjà ma clientèle qui vient 1 à 2 fois par semaine. Je fais ce que j’ai à faire, tout simplement ». Il insiste sur sa connaissance des produits, sa relation privilégiée, quasi familiale, avec sa clientèle mais aussi une réponse toujours adaptée à ses attentes. Une nouvelle fois, il est interpelé par une dame avec son cabas lourdement chargé. Il l’invite à laisser ses courses derrière son étale et lui promet de les lui porter vers sa voiture, le temps de finir son entretien, s’excuse-t-il. Elle s’exécute et s’en va finir son tour du marché. « Vous voyez, c’est aussi une question de confiance », ajoute-t-il.
Son dynamisme ? S’il n’a pas attendu le slogan des 5 fruits et légumes par jour pour avoir la pêche quotidiennement Il résume son envie de toujours apprendre sur les nouveaux produits, être à l’écoute de sa clientèle, irréprochable sur la qualité. L’argent ? « On en parle pas trop ici… ». Il emploie son frère et il a acquis un deuxième stand sous les halles. « Les responsabilités sont devenues plus importantes et la partie administrative prend du temps aussi ».
Un conseil à ceux qui veulent se lancer ? « Un apport financier – il faut compter 20 000 euros minimum – pour investir dans l’achat de produits, une structure de transport et stockage (un camion, un frigo…), une bonne connaissance des produits mais aussi, et surtout, un rapport affectif avec les clients ». Avis aux amateurs…