« Cocotte & Compagnie”, le “blog-note de Lolotte”, un “Dimanche à la Campagne”. Vous êtes bien sur Internet, à l’heure où les blogs culinaires mitonnent, en toute liberté, leurs nouvelles recettes pour communiquer. Changement de style, de ton surtout. Chacun y va de son humeur, de sa candeur. Un espace créatif, récréatif, qui tranche avec l’impression un peu glacée des beaux livres de cuisine. La photo d’art fait place ici à l’album perso. Des clichés, pris sur le vif, de plats et de préparations. La vie qui déborde, aussi, avec toute ses manières de poser le décor et de mettre en secène sa propre vie : ses goûts, ses voyages, ses lectures.
En un mot, tout ce qui renvoie à un univers, dont la cuisineest comme le centre ou le foyer. Avec, en prime, tous les signes de la proximité, de la simplicité, là où d’autres, pour parler cuisine, se sentent obligés de toucher les hautes sphères de l’art, de la littérature, de la science. Les blogs sont à l’image de notre époque. Un zeste de créativité, une touche de plaisir, une pincée de narcissisme. Apparence d’humilité, registre un peu décalé, mais une bonne estime de soi quand même, qui s’accorde souvent avec la familiarité d’un prénom : “Chez Georgette” ; “Cléa Cuisine” ; “Les gamelles d’Emmanuelle”. Beaucoup de prénoms féminins, il est vrai, car neuf fois sur dix, c’est une bloggeuse qui met la main à la pâte ou reprend la main, pendant que les chefs se starifient dans l’édition. Là, il est plutôt question de transmettre le simple tour de main, le truc qu’on se confie entre proches, ces petits délits d’initiés, entre amateurs de cuisine, qui permettent aux plus nuls de s’en sortir et aux plus talentueux de progresser.
Une manière de s’installer dans le quotidien – c’est le principe du blog – avec un bon sens pratique. Mais l’envie pas moins forte de laisser parler sa fantaisie, sa créativité, à son niveau, sans culpabilité. Les sociologues y voient des performances culturelles, sublimant le quotidien. Elles nous comblent de satisfaction, à bricoler des recettes, à les bidouiller, pour mieux les transmettre. Le sentiment aussi de se sentir maître du jeu, si ce n’est son propre chef, au plus beau de la cuisine domestique. Près d’un millier de blogs culinaire ont ainsi vu le jour. Occasions rêvées de créer de l’émulsion, du buzz, et de voir naître trophées et palmarès, salons, comme ceux qui se tiennent un peu partout en France, et même des revues. Preuve que le papier participe, sans rancune, de ces réussites en ligne. D’ailleurs, si vous avez un peu de mal à surfer ou surnager dans la blogosphère, rien de tel qu’un bon livre sur les blogs culinaires, pour garder un œil sur ce qui bouge. Et qui sait si vous n’en sortirez pas “beau à la louche”, comme nous y invite l’un d’entre eux.