« Le concept Foyers des jeunes travailleurs n’est plus adapté. Il est obsolète”.
Jugement sévère, sans concession, porté par… son propre directeur, Dominique Pillot, dont la lecture des situations sociales a toujours été d’une étonnante précision. Pour justifier son propos, Dominique Pillot avance des chiffres qui parlent d’eux-mêmes : “En 2008, nous avions 97 % d’occupation. En 2012, nous sommes descendus à 75 %. Il y a cinq ans, 50 chambres étaient occupées, en moyenne, par des intérimaires. Aujourd’hui, on n’en loue plus que trois aux mêmes profils…”.
Pas question pour autant de subir une situation qu’il ne considère pas inéluctable, même à un an de la retraite professionnelle. Ce n’est pas dans les gênes de Dominique Pillot. La bataille, il connaît. Et quelque soit l’adversaire, il affronte. Courageusement. Comme il a pu le faire récemment en faisant condamner le conseil général qui avait supprimé brutalement un engagement financier.[pullquote align= »right »]“60 à 70 % de nos locataires vivent des situations précaires”[/pullquote] Il ne faut pas chercher très loin pour expliquer la baisse de fréquentation. Des jeunes de plus en plus touchés par le chômage et par la précarité. Ce que confirme d’ailleurs Dominique Pillot : “60 à 70 % de nos locataires vivent des situations précaires”.
Ensuite, ce qui a fait le succès de ce type d’établissement il y a 50 ans, ne correspond évidemment plus aux attentes des jeunes. “C’est à nous de prendre en compte, par exemple, la mode des colocations” explique ce Mâconnais d’origine, ancien inspecteur des affaires sociales qui dirigea le service d’aide sociale du département de la Côte-d’Or et qui fréquenta également le monde bancaire en qualité de sous-directeur du Crédit municipal de Dijon.
Autres temps, autres moeurs. C’est en octobre 1960 qu’est inauguré le premier bâtiment, rue du Pont des Tanneries. Certains souvenirs amusent Dominique Pillot : “Il a fallu attendre six ans pour que l’eau chaude alimente toutes les chambres. La liste d’attente était impressionnante et le contrat de travail était nécessaire pour devenir locataire”. Mais le directeur d’ALIS n’est pas du genre à ressasser les heures de gloire de l’établissement, celles notamment celles du self, le premier de l’agglo, qui servait plus de mille repas par jour et où il n’était pas rare de voir jusqu’à deux cents mètres de file d’attente. “Nous avons mis en place une campagne de communication qui vise à mettre en avant les services que nous proposons. Et ils sont nombreux.
L’établissement s’appellera URBAN ALIS …
… et il lui faudra démontrer sa nouvelle jeunesse. Nous réfléchissons aussi à la mise en place de colocations. Cette évolution est inévitable“ précise Dominique Pillot. Derrière la façade un peu austère du grand bâtiment de la rue du Pont des Tanneries, ce sont aujourd’hui 222 chambres individuelles, 13 studios et T1bis qui sont disponibles. Avec toujours cette même philosophie à l’adresse des résidents, celle insufflée en 1956 par le patronat chrétien. Les années passent. Les fondamentaux demeurent.
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Historique
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[li]1956 : Le Foyer des Jeunes travailleurs est une initiative du patronat chrétien portée par Roger Brain, Christian de Charentenay, Charles Bernard, Pierre Schnebelen (qui fut le premier président). C’est le 21 février 1956 que l’association des foyers de jeunes travailleurs de la région dijonnaise est déclarée en préfecture.[/li]
[li]1960 : Le premier bâtiment, rue du Pont des tanneries, est ouvert en octobre 1960.[/li]
[li]1965 : Ouverture d’un deuxième foyer exclusivement réservé aux apprentis.[/li]
[li]1970 : Création d’un troisième foyer, à Longvic, à la demande de la CCI de Dijon.[/li]
[li]1972 : Ouverture du foyer Aubriot pour les jeunes travailleuses. 2010 Michel Juncha succède à Bernard Thomas à la présidence de l’association. 18 au 24 septembre 2013 made in dijon[/li]
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Article par Pierre SOLAINJEU – Photos Eric Capelli