Laurent Bourguignat : « Je suis et resterai un homme de droite »

A moins d’un an des prochaines élections municipales à Dijon, la grande partie de jeu d’échecs à droite a commencé. Laurent Bourguignat, conseiller municipal d’opposition et membre de LR, entend prendre une part active à cette prochaine échéance électorale.

A moins d’un an des élections municipales, Laurent Bourguignat est-il en mesure de nous dire s’il sera ou pas candidat à Dijon ?

« Je serai engagé dans ces élections : j’aime Dijon ; j’aime ses habitants, j’ai des idées pour la ville. Engagé à quelle place ? C’est tôt pour le dire. Des discussions vont avoir lieu. Je pense que les choses se figeront en septembre.

Pour préparer cela, avec mon équipe, nous travaillons à la synthèse du travail effectué depuis 2020. Nous aboutissons à quelque chose de cohérent, structuré en 7 défis, avec des propositions pour les classes moyennes, l’économie, la sécurité, ou encore l’innovation sociale ».

La composition du gouvernement Bayrou avec des ministres socialistes, centristes, LR et macronistes n’est-elle pas de nature à rebattre les cartes politiques locales ?

« Ce qui rebat les cartes, à mon avis, c’est la progression des extrêmes. Aux Européennes, la liste de Bardella arrive en tête à Dijon et, dans certains bureaux de vote, la France Insoumise réalise plus de 40 % des voix. Cela appelle à la vigilance et à la responsabilité. Il y a une tectonique des plaques, avec l’entrée des Républicains au gouvernement et l’émergence de ce qu’on appelle « le bloc central ». Je ne sais pas s’il y aura des répercussions locales. Quoi qu’il arrive, je suis et resterai un homme de droite ».

Justement, vous organisez prochainement une conférence sur l’extrême-gauche…

 J’y invite Jean-Philippe Lefevre, enseignant en histoire, qui va nous montrer que des Enragés de la Révolution aux Insoumis de Mélenchon, il y a une menace persistante de l’extrême-gauche en France. On le voit bien aujourd’hui à l’Assemblée nationale : les députés LFI cherchent à déstabiliser l’institution. Je trouve qu’on s’habitue trop à leurs provocations, et intimidations ».

L’annonce du rétablissement de la liaison TGV entre Dijon et l’aéroport international Roissy – Charles de Gaulle est une bonne nouvelle pour notre territoire. Une décision que vous liez sans hésitation à la présence du Président de Dijon Métropole à la tête du Ministère en charge des transports… 

« Oui. C’est une évidence. Ça en fait aussi une décision fragile. J’espère qu’au-delà du rétablissement de la liaison TGV vers Roissy, utile à beaucoup de nos entreprises, on pourra le faire aussi vers Lille, qui est un point d’entrée vers Bruxelles, Londres et le nord de l’Europe ».

C’est aussi une bonne chose que la Métropole dijonnaise soutienne l’aéroport de Dole-Jura ?

« Oui. Cette plate-forme, proche de Dijon, dispose d’équipements adaptés, en particulier du contrôle aérien de l’État. Elle est complémentaire à l’aéroport de Longvic. Avec ce soutien à un département voisin, Dijon affirme son rôle de capitale régionale, et c’est bien. L’enjeu, à présent, c’est que l’aéroport ne serve pas uniquement aux vols « départ » mais nous permettent aussi d’accueillir plus de touristes ».

Finalement, vous n’êtes pas très loin de la gouvernance de Dijon Métropole et de Dijon ? A part, peut-être, sur le tracé de la 3e ligne de tram qui vient d’être dévoilé ?

Il y a l’urbanisme aussi ! Et la nécessité de réviser le PLUI-HD. Même si, avec le départ de Pierre Pribetich, une inflexion semble enfin possible.

Sur la 3e ligne de tram, ce qui dérange, c’est qu’elle sort du chapeau. Je ne suis pas défavorable par principe à l’extension du réseau de transport en commun. Mais je suis surpris par le tracé retenu pour cette T3. Elle semble desservir plusieurs quartiers qui le sont déjà. Compte tenu du coût de 200 millions d’euros, il nous faut des explications.

Les élus métropolitains n’ont pas eu accès aux études des ingénieurs qui ont conclu à ce tracé. Ce n’est pas acceptable. Le Président Rebsamen s’est engagé à nous faire recevoir par le bureau d’études. Nous aurons donc plus d’éléments pour nous prononcer après ce rendez-vous ».

Après l’inauguration de l’exposition temporaire, fin février, intitulée « Croquez ! La BD met les pieds dans le plat », vous avez demandé le retrait de l’espace interdit au moins de 18 ans qui présente des dessins érotiques et pornographiques.

N’est-ce pas une position rétrograde que vous tenez là ?

« Ceux qui me connaissent savent que je ne suis pas vraiment du genre « prude ». J’ai même tendance à apprécier la liberté d’expression artistique sous toutes ses formes. Là, il me semble inapproprié que cette expo, conçue pour un public familial, contienne des photos pornographiques. Les enfants un peu grands de taille ou des pré-ados peuvent les voir ».

Il y a un peu plus de 10 ans, vous avez manifesté, comme beaucoup de Français, pour exprimer votre soutien aux victimes de l’attentat contre Charlie Hebdo. Pour autant, vous n’avez jamais demandé la suppression de ce journal satirique qui, lui aussi, présente des dessins érotiques et pornographiques…

« Ça n’a rien à voir. Vous achetez un journal. Je suis attaché à la liberté de la presse. Dans un monde envahi par les fakes news, je crois en l’avenir de la presse car elle certifie une information sûre et vérifiée. Elle est aussi le reflet d’une société qui change et qui avance ».

Comment réagissez-vous à la condamnation de Marine Le Pen ?

« Elle est coupable de détournement de fonds publics : ce n’est pas rien ! En droit, la sanction est logique. Mais elle ne sera pas sans conséquence politique. La neutralisation électorale de Marine Le Pen ne peut qu’attiser la colère des Français ».

Propos recueillis par Jean-Louis Pierre