Le centre hospitalier universitaire Dijon Bourgogne est l’un des très rares établissements français habilités à implanter le nouveau cœur artificiel total conçu par la medtech Carmat. Cette prothèse dernière génération, qui remédie aux inconvénients des cœurs artificiels précédemment utilisés, constitue une révolution pour les patients insuffisants cardiaques en impasse thérapeutique.
Le CHU Dijon Bourgogne est l’un des dix centres hospitaliers français – et l’un des sept en dehors de l’Île-de-France (Lyon, Rennes, Lille, Strasbourg, Montpellier, Nantes et Dijon) – dont l’équipe de chirurgie cardiaque, dirigée par le professeur Olivier Bouchot, a été formée à l’implantation du nouveau cœur artificiel Aeson® développé par la startup française Carmat.
Le premier patient du CHU à avoir bénéficié de cette révolution est un Bourguignon de 43 ans souffrant d’insuffisance cardiaque, dont le pronostic vital était engagé à court terme, et qui était en attente d’une greffe cardiaque. L’opération, qui a eu lieu le 10 avril dernier pendant plusieurs heures, s’est très bien déroulée : le patient a quitté l’hôpital François-Mitterrand après deux mois d’hospitalisation pour retourner à son domicile et reprendre une vie normale. Cette pose d’un cœur artificiel total s’inscrit dans le cadre de l’étude EFICAS, qui doit inclure 52 patients à l’échelle nationale (actuellement plus de 20 patients inclus) et doit permettre la mise sur le marché français. Cette étude permettra également d’obtenir le remboursement du dispositif en France.
Une première mondiale
Aeson®, le cœur artificiel développé par l’équipe du Professeur Alain Carpentier, chirurgien et cardiologue français, avec l’appui de la société Matra, marque une véritable révolution en chirurgie cardiaque. En effet, contrairement aux cœurs artificiels précédemment utilisés, ce nouveau dispositif ne fonctionne pas avec des pompes bruyantes et lourdes (environ 4 kg à porter dans un sac à dos) mais avec des batteries d’une autonomie de quatre à cinq heures, beaucoup plus faciles à transporter, ce qui permet au patient de retrouver de la mobilité.
La technologie embarquée dans ce cœur artificiel permet à celui-ci de s’adapter automatiquement à l’effort du patient : le rythme cardiaque, programmé de manière fixe dans les cœurs artificiels jusqu’alors proposés, évolue ici en fonction des besoins du patient, ce qui lui permet d’entreprendre une activité physique régulière.
Aeson® est le premier cœur au monde à être hautement hémocompatible : les matériaux qui le composent, bioprothétiques pour les surfaces en contact avec le sang, n’endommagent pas les cellules sanguines et réduisent le risque de formation de caillots. Enfin, le cœur de Carmat n’est pas doté de valves mécaniques, contrairement aux modèles plus anciens, ce qui, à terme et si les résultats de l’étude EFICAS en confirment la possibilité, autorisera les patients à se passer du traitement anticoagulant très lourd jusqu’alors prescrit. Le nouveau cœur offre donc aux patients l’opportunité de retrouver une véritable qualité de vie.