Un chantier historique : Terrot… fertile

La reconversion de la friche industrielle du boulevard Voltaire s’accélère. Le 1er octobre, le top départ officiel du chantier « Terrot Town » du nom de l’ancien fabricant historique de motos de Dijon, a été donné. Il faudra attendre 2026 pour que le drapeau à damier soit agité. Les passants devraient alors avoir les yeux de Chimène pour ce quartier qui inscrira Dijon sur la route de l’avenir. Gros plan sur ce Terrot (urbanistique)… fertile !

L’une des plus célèbres publicités avant-guerre de l’emblématique usine Terrot à Dijon, l’un des premiers fabricants français de moto, montrait une pin-up pilotant un engin les yeux bandés et la jupe relevée. Eh oui, c’était une autre époque… aujourd’hui cette publicité subirait les foudres du politiquement correct. Depuis que le groupe japonais Jtekt – le dernier propriétaire – a abandonné les lieux de cette usine qui avait accueilli jusqu’à 2 000 ouvriers dans les années 30, beaucoup détournaient les yeux de ce qui était devenu l’une des friches industrielles les plus importantes de la Cité des Ducs. Bientôt – en 2026 plus précisément lorsqu’il sera achevé –, l’ambitieux quartier qui sortira de terre en lieu et place de ce site pas comme les autres, dont le poids de l’histoire se résume désormais seulement à l’immense façade Art Déco, tapera dans l’œil, à n’en pas douter… Il faut dire que les chiffres donnent le tournis (rien à voir certes avec les tours à vitesse grand V qu’effectuaient les pilotes sur les circuits de l’époque mais tout de même !) : 2,5 ha, une surface de plancher de 40 000 m2, un jardin central de 5 600 m2, 302 logements en location ou accession à la propriété (avec 2 bâtiments en R+ 8 et R+ 9 qui s’apparenteront aux futurs phares emblématiques du site), une résidence étudiante de 146 appartements, une résidence gérée jeunes actifs de 142 logements, un EHPAD de 165 chambres, un bâtiment de 15 logements locatifs sociaux adaptés aux séniors. Sans omettre, comment le pourrait-on, l’école spéciale d’architecture de 4 500 m2 qui s’implantera derrière la façade réhabilitée et son fronton historique dans le bâtiment principal du site.

Premier tour de roue

Cette école possédera une terrasse extérieure au dernier étage, appelée la « Serre du vivant » et dédiée aux innovations en construction et paysage expérimentées par les étudiants. Un restaurant ouvrira également ses portes au sommet. Les clients devraient là aussi en prendre plein les yeux avec vue garantie sur les toits dijonnais. A noter que l’association Arbracam qui fait perdurer le souvenir des motos Terrot disposera, elle aussi, de son propre espace…

Aussi ne fut-il pas étonnant que la pose d’une plaque, marquant l’entrée dans cette nouvelle ère (préférée à la traditionnelle pose d’une première pierre), s’est conclue par les vrombissements d’anciennes motos Terrot conduites par les membres de l’association. A l’occasion de cette première, aux côtés, notamment, de Frédéric Marchal de Nexity, de Laurent Putzu d’Adim Lyon –les deux maîtres d’ouvrage (1) –, de Patrick Chapuis, vice-président du conseil départemental, le 1er vice-président de Dijon métropole, Pierre Pribetich, n’a pas manqué de souligner : « La ville se reconstruit sur elle-même. Cela ne signifie pas faire fi du passé. Ce projet capitalise sur l’histoire industrielle du site. Ce patrimoine restera présent dans le quotidien des Dijonnais et répond aux enjeux environnementaux actuels ».
Quant au préfet Fabien Sudry, non sans conjurer les oiseaux de mauvais augure, « ceux qui estiment que dans un monde comme le nôtre, on ne peut plus construire », il s’est souvenu de balades avec son père sur une moto Terrot quand il était enfant… C’est ainsi que le quartier « Terrot Town » a vécu son premier tour de roue. Ce futur quartier au centre duquel sera exposée une sculpture dessinée par Béranger Papasodaro, représentant, vous vous en doutez, la légende Terrot, vaudra le coup d’œil…

Camille Gablo

  1. Les maitres d’œuvres sont les agences d’architecture Reichen & Robert ainsi qu’AA Group

Photo : Bérénice Billoué