Faire vivre les personnes atteintes de handicap mental et des accompagnants dans les mêmes unités familiales… tel est le concept de L’Arche qui a le partage inscrit dans ses gènes. Et l’antenne dijonnaise dispose d’un nouvel écrin sur l’ancien site de la clinique de Chenôve pour favoriser l’épanouissement de tous.
1964 ne fut pas seulement l’année où Nelson Mandela entamait son terrible emprisonnement, où Jacques Anquetil remportait son 5e et ultime tour de France, devant un certain Poulidor… Ce fut aussi cette année-là que fut écrite, dans l’Oise, la première page de l’histoire de L’Arche, dont le but est de réunir, sous le même toit, personnes en situation de handicap et personnes qui les accompagnent, salariés ou volontaires. Depuis, la Fédération L’Arche en France compte 36 structures et elle a essaimé à l’échelle internationale (avec 153 communautés présentes dans pas moins de 38 pays).
A Dijon, sa genèse (et nous n’écrivons pas cela en référence à l’Arche d’Alliance) remonte à 1984. Alors qu’était publié Le monde selon Georges Orwell, la cité des Ducs découvrait le monde selon L’Arche, un monde d’échange, de partage, où les adultes handicapés pouvaient recevoir tout en donnant eux aussi aux personnes les entourant. Et 2021 marque un tournant majeur pour la communauté dijonnaise puisqu’elle a regroupé sur un même lieu ses 3 précédents foyers d’hébergement, son centre d’activités de jour ainsi que son siège.
Cette association a, en effet, emménagé dans une nouvelle résidence de taille (1 800 m2) réalisée par le promoteur Edifipierre, avec le soutien technique et financier d’Orvitis (4,5 millions d’euros au total d’investissement), le premier bailleur social du Département, sur le site de l’ancienne clinique de Chenôve.
Aux 15 et 17 rue Alphonse-Mairey plus précisément, dans un secteur particulièrement bien desservi à proximité du tramway, L’Arche dispose dorénavant d’un vaisseau amiral on ne peut plus fonctionnel et contemporain, avec 2 bâtiments juxtaposés, forts de 3 unités familiales hébergeant, dans des locaux particulièrement spacieux et confortables, 18 personnes handicapées, âgées de 21 à 70 ans, ainsi que son centre d’activités de jour qui accueillera bientôt 26 personnes. Celui-ci a changé de dimension, le conseil départemental finançant l’association lui ayant accordé 12 places supplémentaires…
« Des handicapés normaux »
Les 15 salariés, les volontaires du service civique mais également les 35 bénévoles sans lesquels rien ne serait possible disposent ainsi d’un nouvel écrin pour « partager des moments de vie », comme la directrice Juliette Seeuws le souligne. Et où « l’épanouissement peut se faire à l’échelle humaine », selon l’expression de Christian Roux, qui s’apprête à succéder à Jacques Brossier à la présidence de L’Arche dont les passagers peuvent revendiquer d’être « des handicapés normaux ». Le « vivre ensemble » n’est pas ici un slogan vide de sens… bien au contraire celui-ci donne du sens à tous, par le bais de relations authentiques et quotidiennes !
Et cela n’est pas prêt de s’arrêter puisque L’Arche a de nouveaux projets. Elle a, en effet, conservé son bâtiment appelé « La treille », rue Sainte-Anne à Dijon, la pépite de son patrimoine, disposant d’un jardin de 600 m2 au cœur de la Cité des Ducs…
Une réflexion collégiale, selon une gouvernance basée sur le discernement – une caractéristique essentielle aussi de cette structure – se déroule actuellement pour en faire un espace novateur de rencontre entre le handicap et le non handicap… Un espace « différent », au sens où Albert Camus l’entendait. Sa citation pourrait, en effet, être apposée au frontispice de L’Arche : « Etre différent n'est ni une bonne ni une mauvaise chose. Cela signifie simplement que vous êtes suffisamment courageux pour être vous-même ! »
Espérons que les partenaires et les donateurs seront, une nouvelle fois, nombreux, pour que de plus en plus de passagers puissent monter à bord de L’Arche !
Camille Gablo