On ne tire pas sur une ambulance !

Ce n’est pas la tentation de Venise mais plutôt la tentation… de l’Atlantide, lorsque l’on est amené à suivre le sillage du DFCO, tellement les flops s’enchaînent. La plongée dans le bas-fond du classement est actée (à tel point que lors du multiplex de Canal +, le nom du DFCO, déjà relégué, n’apparaît même plus), et les adversaires n’ont de cesse de lui mettre la tête sous l’eau. Notre rôle est de regarder vers la ligne d’horizon : la Ligue 2, où Dijon, on l’espère, pourra surnager !

« On ne tire pas sur une ambulance ! » Telle est la ligne de conduite raisonnable que l’on devrait appliquer pour parler du DFCO et commenter ses résultats…En tout cas, c’est la nôtre : le malade est dans un état suffisamment grave pour l’accabler encore. Nous refusons d’appuyer sur la tête du noyé…A l’enfoncer trop vivement, on risque d’annihiler toute chance de résurrection future. Et plutôt que se complaire dans une tâche de démolition par un empilement de moqueries, c’est l’avenir qu’il faut sauver et déjà reconstruire. N’ajoutons pas à la succession de résultats catastrophiques, qui se suffisent à eux-mêmes, la terre brûlée des quolibets ou autres sarcasmes définitifs et faciles. Sur laquelle il sera trop ardu de faire repousser la suite…Nous ne donnons pas de leçon, mais nous assumons notre nuance : nous avions dit, à une époque de bonne récolte, que nous possédions des yeux de Chimène pour le DFCO ; aujourd’hui, le bas étiage ne nous fait pas changer de chemin. La tempête n’édulcore en rien notre soutien…

Un soutien qui n’affaiblit nullement notre vue : depuis février, plus précisément la déroute à La Mosson face à Montpellier, nous affirmons que le maintien est impossible, que la rétrogradation devient irrémédiable. Et nous mettions déjà en garde contre les marchands d’illusions… Aujourd’hui, apprenons à tourner une page… pour éviter de froisser celle qui arrive. Apprenons à accepter l’agonie, même si elle fait mal : le calvaire arrive à son ultime station le 23 mai prochain, dans le chaudron stéphanois. Où l’on peut s’attendre là encore à une nouvelle déception et un score difficile, voire une autre déroute pour les Dijonnais. Mais quel que soit cet épilogue, il sera un soulagement !

Parler ainsi, ce n’est ni minorer la gravité de l’échec d’aujourd’hui, ni jouer l’observateur laxiste qui ne voudrait pas voir les fautes, les insuffisances, les carences… C’est simplement ne pas jeter de l’huile sur un feu qui est déjà éteint et qu’il faudra réanimer ! Oui, ce DFCO joue mal, empile lourde défaite sur lourde défaite, commet des erreurs de gamins qui lui font encaisser bien trop de buts. Ne défend plus avec abnégation, n’attaque plus avec envie.

La spirale de la fatalité

Pis, il a perdu son âme… Et sombré dans une spirale de la fatalité qui additionne les naufrages. Le dernier déplacement, à Angers, qui n’avait pourtant plus gagné le moindre match depuis mars, fut une faillite collective : un premier but angevin dû à la mésentente de la charnière centrale et du gardien, un second sur un tir détourné dans ses propres filets par Saturnin Allagbé et un troisième inscrit trop facilement par un ailier autrefois adulé à Gaston-Gérard pour la vivacité de son drible, Loïc Diony…Au temps où il portait le maillot dijonnais.

Le match face aux Nantais n’apporta rien de mieux, avec un score encore plus lourd : 4 à 0. Une défense sans corps, quasi-inexistante, souvent perturbée par la naïveté de Senou Coulibaly ou de Dina Ebimbe, les relances trop approximatives d’Ecuele Manga… Le milieu de terrain, trop fragile et manquant singulièrement d’épaisseur autour de Jordan Marié, régulièrement dépassé par le pressing des visiteurs, n’a pu soutenir la comparaison. Comme l’attaque, réduite au service minimum, en se contentant d’actions trop épisodiques… Un manque de volonté de bien faire qui entraîna sans doute l’effondrement en fin de partie : deux buts encaissés dans les trois dernières minutes. Bref, une lourde et logique addition ! Aux dépens d’une formation timorée, paralysée, qui ne sait plus avancer et recule trop fréquemment… Le contraire du football !

L’apparition dans ce sombre tableau d’un moment plus dynamique pour les Dijonnais, juste après la pause, atténue un peu la déception. En dix minutes, Glody Ngonda, Julien Siwe et Dina Ebimbe sont prêts de marquer. Et deux joueurs, sans toutefois retrouver leur brio de la saison dernière, tentent de sortir la tête de l’eau : Mounir Chouiar d’abord, qui met du temps à se mettre dans la partie et essaie d’organiser le jeu. Mama Baldé, ensuite, rentré en fin de match, rappelle ses lointaines réussites en tentant sa chance en profondeur.

Peut-être cette équipe dijonnaise a-t-elle souffert sur l’exercice 2020-2021 de l’absence d’un meneur, expérimenté, écouté, qui pèse sur ses partenaires et montre le chemin… A l’image d’un José Tavarès ou d’un Florent Balmont… Une recommandation à conserver pour l’ouverture des pages futures !

André Grizot