Nous avons perdu le contact avec la faune sauvage. Jusqu’au 18ème siècle, les chemins des chasseurs, les itinéraires des chamans ou les parcours des caravaniers interféraient encore avec cet opéra sauvage. Aujourd’hui, on s’offre pour le pire ou le meilleur un safari, un séjour dans une réserve naturelle d’Afrique du sud. Peu d’humains vont au-delà, alors qu’un désir de connaissance ou de peur teintée de fascination continuent de nous habiter. Seuls les artistes retissent ces liens entre nous – les petits d’hommes, et eux – les représentants de ce bestiaire en passe d’être englouti par notre modernité cannibale. L’artiste dessinateur Skima ne se mesure pas à l’univers animal, il bat la campagne de son imaginaire pour être avec…
Tout jeune, il n’avait pas dans l’idée d’être artiste dessinateur. Il avait la musique en tête, toute la musique. Lorsqu’il lui a fallu faire des études, il s’est dirigé vers un bac pro de menuiserie ; puis vers une classe prépa Habitat/Décoration pour devenir designer en mobilier. Ossature en bois, conception des dessins et des étoffes, tout était là pour séduire Skima. Mais-mais… On le retrouve par la suite en pleine remise à niveau « Arts appliqués » à Dijon afin de décrocher un BTS en Design Espace. Il en vient vite à sculpter l’Ours de Pompon en chrome, en vente à la boutique du Musée des Beaux-Arts. C’est alors qu’il se lance dans la voie, peu pratiquée en France, d’œuvres, de dessins grand formats crayon-papier, crayon couleurs et pierre noire. Bingo ! Depuis 2 ans il vit de son art et s’en montre à juste titre plutôt fier… Il commence à obtenir une reconnaissance hors les murs de la cité des Ducs, en Belgique ou au Luxembourg notamment, où les amateurs d’art réaliste sont assez nombreux. La Covid l’a privé de toute possibilité d’exposition dans ses galeries habituelles, mais le booste vers les réseaux sociaux et la création d’un magnifique site Internet (voir encadré).
Skima a toujours aspiré à quelque chose de personnel, hors les sentiers tapageurs à la mode. Il travaille dans ce qu’il connaît le mieux : la nature géante. La force qui se dégage de ses oeuvres, la magie que l’on ressent, résultent d’un réalisme totalement achevé et maîtrisé. Skima n’hésite pas à travailler des centaines d’heures sur un tableau, d’après les photos réalisées par Guillaume Mordacq. La force ainsi que la précision du trait, la minutie accordée au pelage de ses animaux font songer à Jean Siméon Chardin, à Courbet, ou à Pieter Boel.
Même ses éléphants à la majesté souveraine témoignent de la double nécessité vitale que Skima s’assigne : celle de donner écho à la formation d’artisan qu’il n’a jamais oubliée et de celle de l’artiste dessinateur qui consiste à nous faire entrer dans d’immenses dessins avec son (et notre) imagination, avec son (et notre) corps et enfin avec son (et notre) esprit. Nous voilà tous les invités des escapades grandeur nature et universelles de ce pionnier … A contempler sa création, nous devenons les rêveurs éveillés à un univers animalier que nous étions à deux doigts d’oublier. Ou pire de domestiquer …
Marie-France Poirier
Voir depuis chez soi !
Les voies virtuelles ont leur nécessité dans la période de « reconfinement ». Depuis le 13 novembre, on peut se rendre sur le site Internet assez fantastique que Skima a nouvellement créé avec Hostline – webmaster à Quétigny. Pour une visite numérique des œuvres de Skima : www.skimadrawing.com ou contact@skimadrawing.com
Facebook : Skima Realistic Drawing
Instagram : @skimadrawing