François Rebsamen : « Construire est un bel acte ! »
Depuis 2001, Dijon a grandi et entend poursuivre sa croissance… durable. C’est en substance le message adressé par le maire et président de Dijon métropole, François Rebsamen, lors de la Journée mondiale de l’Habitat organisée chaque premier lundi du mois d’octobre par les Nations Unies afin de mettre l’accent sur le droit fondamental de tous à un logement adéquat.
Afin de gagner des habitants mais aussi respecter la loi SRU qui impose 20% de logements à loyer modéré – c’est dorénavant chose faite –, les exécutifs successifs pilotés par François Rebsamen ont fait du logement une grande cause… dijonnaise. Cela a porté ses fruits puisque, sur la dernière décennie, 1000 constructions de logement ont en moyenne été autorisées chaque année à Dijon. La politique de la Ville et de Dijon métropole a été volontariste sur le plan quantitatif mais aussi sur le plan qualitatif, avec des bâtiments basse consommation, des éco-quartiers, le raccordement au réseau de chaleur urbain, l’avènement de bâtiments le long des lignes du tramway… C’est cet urbanisme vertueux prônant « la densification de l’habitat afin d’éviter l’étalement urbain et de préserver les terres agricoles et les espaces naturels » – qu’a détaillé l’ancien ministre du Travail qui n’a pas manqué d’évoquer le dynamisme économique pour les entreprises de la Côte-d’Or. La politique du logement étant régulièrement sujette à controverse, il a également tenu à faire le point sur l’opération Garden State réalisée par Ghitti Immobilier avenue de Langres. Et ce, en diffusant une vidéo de la leader écologiste, Stéphanie Modde, au conseil municipal de Dijon, qui, à la fin du précédent mandat (lorsqu’elle était encore dans l’exécutif), se félicitait de ce projet… Quant à ceux qui l’ont fustigé durant la récente campagne électorale en le qualifiant de « maire bétonneur », il a eu, à leur intention, cette conclusion : « L’acte de construire est un bel acte, ce n’est pas à dévaloriser sauf si l’on veut décroître ! » A bon entendeur…
Camille Gablo
« 9500 demandes de logement »
François Rebsamen : « 4 millions de personnes sont mal logées en France. Notre pays compte également 200 000 sans-abris. Il est très important de dire que la Ville de Dijon avec ses partenaires de construction, que ce soit Grand Dijon Habitat, Habellis…, est pleinement mobilisée dans la construction de logements pour répondre à la demande qui continue d’exister sur notre agglomération. 9500 demandes sont ainsi enregistrées sur la métropole et ce ne sont pas des doubles demandes puisque les organismes HLM se sont mis d’accord sur un fichier unique. Rappelons aussi que la durée d’obtention pour un logement à loyer modéré sur Dijon est, en moyenne, de 300 jours. Il faut que les familles patientent 10 mois avant d’avoir accès à un logement. Il faut penser aux habitants, à ceux qui veulent devenir locataires ou propriétaires, en accession libre ou en accession sociale. Il faut construire tout type de logements sur une métropole comme Dijon et c’est ce que nous faisons afin de permettre aux habitants de réaliser un parcours résidentiel ».
« La transition écologique »
François Rebsamen : « L’effort de construction que nous avons fait nous a permis enfin d’atteindre les 20% de logements à loyer modéré fixé par la loi SRU. C’est la loi et la moindre des choses est de la respecter. Nous avons respecté la loi en limitant l’étalement urbain mais aussi en préservant les terres agricoles. C’est une alliance des territoires qu’il faut réaliser aujourd’hui. Il nous faut mettre en œuvre le nouveau Plan local d’urbanisme intercommunal Habitat & Déplacements – j’ajoute pour ma part à chaque fois Environnement. Celui-ci sera le garant d’un développement urbain indispensable au regard de la population à loger ; il sera aussi responsable écologiquement en préservant les ressources naturelles du territoire ; il sera enfin intelligent, c’est à dire que l’on construit là où il existe des moyens de transports en commun. C’est le cas de l’éco-quartier Arsenal, de l’éco-cité du Jardin des Maraîchers, de la Via Romana. Un tiers du programme d’habitat est à moins de 500 m du tramway ou d’une gare. A cela il faut ajouter la création des nouvelles pistes cyclables sur l’ensemble de la métropole. Nous avons comme objectif 40% de réduction des émissions de gaz à effet de serre en 2030. La transition écologique est ainsi très importante pour nous. 20 ha seront alloués aux extensions d’habitat pour la période 2020-2030 contre 168 ha entre 2010 et 2020. C’est un effort conséquent avec 1000 nouveaux logements, la mobilisation du parc existant, les réhabilitations, les extensions, les surélévations que permet le PLUI-HD sur de l’existant. Nous généraliserons aussi les bâtiments à basse consommation. Nous avons reclassé en zone naturelle agricole près de 350 ha qui étaient précédemment en zone urbaine ».
« Des subventions de taille »
François Rebsamen : « Entre 2010 et 2020, la réalisation de 4000 logements à loyer modéré a nécessité des subventions de plus de 8 M€ de la métropole. Nous avons également apporté plus de 50 M€ de garantie d’emprunts. Cette question du logement illustre parfaitement l’engagement social, écologique de la Ville et de la métropole. Il faut éco-rénover notre habitat, réduire les passoires thermiques – elles sont nombreuses – et donner du pouvoir d’achat aux Dijonnais. C’est pour cela que l’on développe le réseau de chauffage urbain pour qu’il soit dans les 5 plus grands de l’Hexagone ».
Saint John-Perse : « Des entreprises de Côte-d’Or »
François Rebsamen : « L’acte de construire est un bel acte, ce n’est pas à dévaloriser sauf si l’on veut décroître. Mais nous ne voulons pas décroître, nous souhaitons croître raisonnablement. Et cela donne du travail aux entreprises. Sur Saint-John Perse, ce ne sont que des entreprises de Côte-d’Or qui œuvrent et les matériaux sont d’origine française. Certains sont même réalisés à Chalon-sur-Saône par une entreprise d’insertion : la ouate injectée entre le zingage-bois extérieur et le bois intérieur pour la protection thermique. C’est aussi un cabinet d’architecte dijonnais, Studio Mustard, qui a conçu ce beau projet porté par Habellis ».
Garden State : « Les jardins à l’honneur »
François Rebsamen : « Le projet Garden State propose de réhabiliter une friche qui existe depuis les années 2000 en proposant 4000 m2 de jardins publics, avec un verger conservatoire, un château d’eau pour collecter les eaux pluviales et irriguer les jardins familiaux à venir, ainsi que 330 logements. La construction alliera logements à basse énergie, bio-climatisme, végétalisation des toitures, raccordement au réseau de chaleur urbain et compostage. Il faut rappeler que c’est une opération qui a commencé il y a fort longtemps. Il faudrait que ceux-là même qui critiquent ce projet se replongent dans l’histoire, puisque la maîtrise foncière a été imaginée par la Ville de Dijon au début des années 70. C’était à l’époque pour réaliser un stade d’athlétisme dans le quartier des Varennes. Nous n’en sommes plus là mais nous avons pris le relais pour permettre le passage du tram. Personne aujourd’hui ne se rappelle ce qu’était l’avenue de Langres dans les années 90. Ce n’était pas l’endroit le plus beau de Dijon. Aujourd’hui, avec les aménagements effectués, la qualité d’habitat est au rendez-vous. Il faut continuer cette mutation urbaine que nous avons engagée, avec ce projet qui met les jardins à l’honneur dans une démarche environnementale volontariste ».
Les logements en chiffres
Les constructions
Plus de 1000 logements autorisés en moyenne chaque année sur la dernière décennie
Entre 2001 et 2019
6711 résidences principales (soit 373 en moyenne par an)
3853 logements relevant de la loi SRU (HLM – soit 214 en moyenne par an)
Les écoquartiers
Arsenal : 1304 logements dont plus de 400 logements à loyer modéré (LLM)
Heudelet 26 : 470 logements, dont 124 LLM et 167 unités pour étudiants
Ecocité du Jardin des Maraîchers : 880 logements, dont 376 LLM
Via Romana : 220 logements, dont 60 LLM et 40 en réhabilitation
Saint-John Perse : projet urbain de 40 maisons individuelles (24 logements en LLM et 16 en location-accession)
Les éco-réhabilitations
4000 logements à loyer modéré rénovés entre 2010 et 2020
250 logements privés rénovés par an