L’édition 2020 de la Semaine bleue – du 5 au 11 octobre – a un goût particulier… Covid-19 oblige. Malgré la crise sanitaire, la Ville de Dijon et le Comité départemental de la Semaine Bleue ont décidé de maintenir des actions destinées aux plus de 60 ans. Certaines ne pouvant pas dérouler sur le même modèle que les années précédentes, d’autres sont programmées. L’occasion d’interviewer l’adjoint dijonnais en charge, notamment, des solidarités, Antoine Hoareau qui nous en dit plus sur ce rendez-vous mais qui balaye aussi plus largement l’actualité…
Dijon l’Hebdo : Une épée de Damoclès pèse sur la Semaine bleue comme, au demeurant, sur toutes les manifestions programmées actuellement eu égard au contexte sanitaire…
Antoine Hoareau : « Nous vivons un moment inédit. Nous n’en sommes pas encore sortis. Nous avons eu une période très compliquée lors du confinement où nous avons été dans une situation extraordinairement exceptionnelle. La crise sanitaire est toujours là et nous ne savons pas encore quelle sera son évolution. Nous avons présenté les actions et les manifestations programmées dans le cadre de la Semaine bleue mais il est impossible de savoir si celles-ci seront encore valables les jours prochains. Tout peut bouger avec le contexte sanitaire. Une chose est sûre : dans le travail réalisé avec le Comité départemental de la Semaine bleue, présidé par Pierre-Henri Daure – la Ville de Dijon et le CCAS viennent en appui –, toutes les actions mises en place se font dans le strict respect des protocoles sanitaires. C’est ce message rassurant que je veux adresser aux personnes âgées : tout est fait pour qu’il n’y ait aucune prise de risque ! Il ne faut pas être dans la peur. Aujourd’hui, une personne âgée peut sortir de chez elle, aller faire ses courses… donc elle peut aussi participer à des actions collectives, culturelles, sportives… bref tout ce qui crée du lien social ».
DLH : Comment avez-vous appréhendé ce rendez-vous annuel des seniors dans ce contexte si particulier ?
A. H : « Beaucoup de choses évidemment ne peuvent pas se faire comme les années précédentes. C’est le cas du spectacle organisé sur deux jours à l’Auditorium offert par la Ville de Dijon qui conclue traditionnellement les actions de la Semaine Bleue. Cette manifestation est annulée cette année. Néanmoins nous proposons à tous les habitants du département de plus de 60 ans un calendrier de manifestations. A l’instar du spectacle à l’Auditorium, nous voulons de la culture, de l’activité économique pour les transporteurs et du lien social pour les bénéficiaires. Nous conservons ce triptyque et proposons 44 visites guidées gratuites au Musée des Beaux-Arts ou de la Vie bourguignonne jusqu’au 30 octobre pour des groupes de 20 personnes maximum. Les inscriptions sont obligatoires et s’effectuent auprès de la Maison des Seniors (1). Contrairement à ce que certains disent, la métropole et la ville de Dijon ne sont pas auto-centrées sur elles-mêmes et organisent un certain nombre de manifestations à destination de l’ensemble du département, puisque notre patrimoine a vocation à rayonner sur toute la Côte-d’Or et même au-delà. Voilà une action très concrète qui démontre que nous sommes évidemment tournés vers notre beau département et tous ses habitants !
DLH : Durant le confinement, la Ville a innové, grâce, notamment, à On Dijon, afin de maintenir le lien avec les personnes âgées en situation d’isolement. L’innovation est ainsi au cœur de votre action pour les seniors…
A. H : « On Dijon a permis de maintenir et même de développer encore plus un lien entre la collectivité et les populations. Ce fut un portail d’entrée unique et nouveau pour toutes les questions qui concernaient les compétences municipales. Pour des personnes en grande solitude ou celles qui étaient en situation de grande fragilité, nombre d’autres dispositifs ont été mises en place. Les travailleurs sociaux et les assistantes sociales du CCAS ont été, malgré le confinement, extrêmement actifs et je tiens à leur rendre hommage. Elles ont effectué un travail remarquable parce qu’il ne fallait absolument pas rompre le lien social avec les personnes en grande précarité. Il a fallu également répondre à des demandes nouvelles. Nous avons vu une augmentation assez substantielle du nombre de personnes qui se sont tournées vers le CCAS durant la crise sanitaire. Car le coût pour les familles, qui avaient les enfants à manger matin, midi et soir, n’était pas le même que si elles avaient eu recours à la cantine. Je n’oublie pas non plus le dispositif Séniors en contact, ressemblant quelque peu au fichier canicule, et répertoriant quelque 450 personnes en situation d’isolement. Ce dispositif a permis aussi de garder le lien… Beaucoup de choses ont pu être poursuivies et heureusement. C’est cela aussi le service public : même en temps de crise, la continuité est maintenue ! »
DLH : L’Organisation mondiale de la Santé (OMS) a décerné à Dijon le label Ville amie des aînés. Cela montre-t-il votre efficience auprès de cette population dont le nombre n’a de cesse de croître, vieillissement oblige ?
A. H : « Sachez que le maire de Dijon, François Rebsamen, est même président du réseau français des Villes Amies des Aînés. Cela montre l’ampleur de l’engagement que nous avons pour les seniors. Tout comme les choix politiques importants en terme de gouvernance puisque nous sommes trois élus à Dijon en responsabilité vis-à-vis des personnes âgées. C’est un signe politique très fort. Les actions envisagées sont nombreuses mais il est difficile, encore une fois, de se projeter car, dans la situation sanitaire actuelle, nous vivons au jour le jour. J’aimerais pouvoir faire nombre d’annonces mais nous sommes déjà dans la gestion de l’urgence et la réponse immédiate à la crise. Et celle-ci n’est pas que sanitaire. Ses conséquences sociales sont graves. Elles ont été retardées parce que le gouvernement a pris des mesures qu’il faut saluer – pour une fois qu’il en prend des bonnes, faisons-le ! – avec, notamment, la mise en place du chômage partiel qui a permis de limiter la casse. Mais les annonces de plans sociaux tombent pratiquement chaque jour. Nous avons aussi un travail d’organisation avec les transferts de compétences entre le Département et la métropole sur la question des personnes âgées. Nous sommes par exemple en train de déployer l’ensemble de nos travailleurs sociaux dans les quartiers afin d’avoir une réponse en proximité. Ce ne sont pas les habitants qui doivent aller à la ville mais c’est à la ville d’aller auprès des habitants. Nous aurons quatre accueils répartis sur le territoire regroupant l’ensemble des interventions sociales. Améliorer le quotidien des habitants et notamment des seniors figurait parmi les 7 défis de Dijon c’est capitale. C’est par exemple l’un des objectifs de l’Observatoire de l’Age pour lequel la réflexion se poursuit afin de le relancer d’ici la fin de l’année ou au début de l’année prochaine. Ce sera un organe de consultation des personnes âgées. La mise en place d’assises au centre-ville afin qu’ils disposent d’espaces de repos dans les secteurs piétonniers ont vu le jour dans ce cadre… »
DLH : La piétonnisation du cœur de ville, afin de faciliter les modes de transport doux qui bénéficie pleinement aux seniors, représente l’un des nombreux arguments de Dijon pour le titre de capitale verte européenne. Etes-vous confiant quant à la finale qui se joue le 8 octobre à Lisbonne ?
A. H : « Nous avons un très bon dossier. Nous avons une ville qui a su anticiper depuis longtemps le réchauffement climatique et qui a su développer de grands projets et qui continue à le faire afin de limiter son empreinte carbone. Je pense à la méthanisation des boues, à l’hydrogène, au champ photovoltaïque de Valmy, etc. Dijon a su changer ses sources d’énergie pour être moins dépendante des énergies fossiles. Mais on nous reproche de ne pas être assez dans l’adaptation parce que, effectivement, lorsque l’on fait de l’hydrogène, cela ne se voit pas au quotidien mais cela a un impact beaucoup plus grand pour lutter contre le réchauffement climatique que de planter quelques arbres ».
DLH : Vous venez d’être élu président du conseil d’administration de la société d’économie mixte à objet particulier (SEMOP) en charge de l’eau et de l’assainissement sur la métropole. Pouvez-vous nous expliquer la particularité de cette société ?
A. H : « La SEMOP appelée ODIVEA a été créée fin 2019 afin d’assurer la gestion de l’eau et de l’assainissement à Dijon et dans la métropole. Jusqu’à présent, c’était une délégation de service public attribuée depuis 1991 sans appel d’offres à l’époque, à un délégataire, en l’occurrence la Lyonnaise des Eaux, devenue depuis Suez. Ce contrat est arrivé à échéance 30 ans plus tard, le 1er avril 2021. Dans le cadre du renouvellement de ce contrat, il a été décidé de modifier la forme. Nous avons fait le choix de ne plus être sur une DSP classique mais d’innover avec une SEMOP permettant à Dijon métropole d’avoir un regard sur la gestion, l’organisation, les investissements de l’eau et l’assainissement. Dijon métropole détient 49% du capital et assure la présidence du conseil d’administration… et le délégataire – Suez a remporté le marché – 51% et la direction générale de la société. Notre idée est de remettre du contrôle démocratique et politique dans les choix d’investissement fait au niveau de la SEMOP. Nous aurons ainsi notre mot à dire sur ce dossier important pour toute la collectivité ».
DLH : Quels seront les premiers projets que porteront cette SEMOP ?
A. H : « Dès le prochain conseil métropolitain, en novembre, nous lancerons un certain nombre de projets autour, notamment, de la méthanisation des boues de la station d’épuration hôpital. C’est un engagement de campagne que nous avions pris et pour lequel nous allons lancer les études préliminaires. Il en ira de même pour la micro-filtration des plastiques et des micro-polluants à la sortie de la station d’épuration pour limiter au maximum les rejets de plastique dans les milieux naturels. La technologie est encore à l’état de recherche et Dijon sera, là aussi, un territoire expérimental comme nous le savons le faire dans beaucoup de domaines ».
Propos recueillis par Camille Gablo
(1) Maison des Seniors
Rue Mère Javouhey
21000 Dijon
Tel. 03.80.74.71.71.
maisondesseniors@ccas-dijon.fr