Dijon Congrexpo : Les curseurs de plus en plus haut

Afin de maîtriser les impacts de ses activités, Dijon Congrexpo a, au fil du temps, structuré et renforcé la prise en compte du développement durable. Cerise sur le gâteau : Dijon est la seule ville de Bourgogne – Franche-Comté à disposer d’un Palais des Congrès et d’un Parc des Expositions certifié ISO 20121, une norme internationale propre aux acteurs du secteur événementiel. Entretien avec Nadine Bazin, directrice générale de Dijon Congrexpo.

Dijon l’Hebdo : Cette sensibilité à l’environnement, elle remonte à quand ?

Nadine Bazin : « Dans les têtes, elle est présente depuis longtemps. Mais concrètement c’est une démarche volontaire que notre président Jean Battault a souhaité initier voilà déjà plus de trois ans. Cette démarche qui ne répondait à aucune pression particulière, a été couronnée de succès puisqu’elle a abouti le 1er avril de cette année à une certification propre aux acteurs du secteur de l’événementiel, la norme ISO 20121. Nous sommes le seul parc des expositions et des congrès certifié en Bourgogne – Franche-Comté. On met les curseurs de plus en plus haut. Il n’est pas question de nous reposer sur nos lauriers car nous aurons un nouvel audit en novembre prochain pour conserver cette norme ISO 20121. ».

 

DLH : C’est votre côté compétiteur qui a pris le dessus ?

N. B : « On pourrait presque le dire puisque cette norme est officiellement apparue aux Jeux olympiques de Londres. Mais cette démarche était aussi un véritable projet d’entreprise. Une démarche collective qui associe évidemment tous nos collaborateurs mais aussi toutes les parties prenantes, et elles sont nombreuses, que ce soit nos fournisseurs, nos prestataires, nos clients… ».

 

DLH : Qu’est-ce que la norme ISO 20121 ?

N. B : « La norme ISO 20121 est parue en Juin 2012, juste avant les Jeux Olympiques de Londres. Cette norme dédiée aux « systèmes de management responsable appliqués à l’activité événementielle » vise à promouvoir le développement durable intégré à l’activité événementielle.

C’est donc une réponse à ce besoin urgent d’entraîner la filière de l’événementiel vers une logique d’amélioration. Avec cette norme, l’événementiel est le premier secteur d’activité à avoir créé une démarche pour standardiser l’approche développement durable au niveau international.

La norme ISO 20121 est une norme internationale de management certifiable. Elle intègre les principes du développement durable dans son ensemble (environnemental, social/sociétal et économique). La norme vise à mettre en place un ensemble de procédures permettant d’identifier les enjeux clés du développement durable s’appliquant à l’activité de l’entreprise, à l’événement, et de les intégrer à l’entreprise elle-même ou à l’élaboration de l’événement. 

DLH : Quels sont les ingrédients, si on peut dire, qui ont permis à votre dossier d’être validé ?

N. B : « Nous y avons mis un plan d’action important et surtout ambitieux. On a voulu traiter tous les aspects de notre activité et leurs impacts sur l’environnement. Notre métier se singularise par son côté éphémère. Et qui dit éphémère dit consommation de ressources et de déchets importants au terme de chaque manifestation. C’est donc sur ces points là que nous avons porté toute notre attention dans un premier temps. C’est ainsi que nous sommes passés de 6 % de déchets valorisables en 2017 à 61 % en 2019. Notre prestataire Bourgogne Recyclage valorise nos DIB – les déchets industriel banals, c’est à dire les déchets ménagers – en permettant la fabrication de combustible solide de récupération utilisé par les cimentiers, les chaufferies industrielles ou encore les fours à chaux ».

 

DLH : Et que deviennent les éléments qui composent les stands que l’on retrouve sur les manifestations que vous organisez ou que vous accueillez ?

N. B : « C’est le propre de nos manifestations : on monte, on démonte… Il y a donc une consommation importante de revêtements de sols, moquettes, tentures… Les moquettes, par exemple, sont recyclées et, en partie, proposées à des associations. La revalorisation de ces déchets était de 21 % en 2018. Elle est passée à 28 % en 2019, au delà de l’objectif que nous avions fixé à 25 %.

 

DLH : Qu’en est-il de la consommation d’énergie ?

N. B : « Le moins que l’on puisse dire, c’est que nos activités sont énergivores. Les consommations d’électricité et de chauffage sont donc importantes. Nous avons réalisé de gros investissements qui nous ont permis de réaliser des économies d’énergie grâce à la technologie LED. Pour ce qui concerne le chauffage, c’est plus compliqué. La vétusté du Parc des Expositions et ses défauts d’isolement qui occasionnent des déperditions de chaleur réduisent évidemment les objectifs que l’on souhaiterait atteindre.

De son côté, le Palais des Congrès est raccordé au réseau de chaleur urbain qui utilise des énergies renouvelables issues de chaufferie biomasse et d’usines d’incinération locales. Cela va donc bien dans le sens de notre démarche environnementale ».

 

DLH : Quels sont les impacts sur les congressistes et vos visiteurs ?

N. B : Nous travaillons également sur la réduction de l’empreinte carbone, notamment dans les déplacements.

L’emplacement est un avantage indéniable pour le Palais des Congrès qui profite aussi du passage du tram devant sa porte. Ce qui est évidemment un plus pour nos congressistes quand ils viennent de Paris en TGV ou plus simplement qu’ils utilisent le train pour rejoindre Dijon.

Nous avons aussi une démarche active sur le visitorat de nos manifestations. Nous avons, par exemple, mis en place depuis déjà quelques années un partenariat avec Keolis pour proposer des billets d’entrée couplé. Et cela fonctionne de mieux en mieux. Et c’est tant mieux quand on connaît

les problèmes de stationnement qui nuisent à l’activité du Parc des expositions, très enclavé, et qui ne dispose pas de parkings suffisants.

Il est important de souligner notre volonté de travailler en priorité avec des partenaires et des prestataires de la région. C’est bon pour l’empreinte carbone et c’est très bon pour l’économie locale qui bénéficie jusqu’à 75 % du montant des factures émises. Et ça, je peux vous assurer que c’est vraiment dans notre ADN ».

 

DLH : Et l’impact social dans tout cela ?

N. B : « S’il y a un point dans notre contrat de délégation de service public auquel nous avons souscrit bien volontiers, c’est l’insertion sociale. En 2019, Dijon Congrexpo a réalisé 3 351 heures d’insertion professionnelle sur les 5 460 prévues sur toute la durée de la convention qui est, je le rappelle, de quatre ans. Cela veut dire qu’en une année nous avons réalisé 61 % de cette obligation qui s’inscrit parfaitement dans cette responsabilité sociale que nous assumons pleinement avec le soutien efficace de nos prestataires locaux ».

 

DLH : La réduction du papier, vous y pensez également ?

N. B : « On consomme beaucoup de papier. Les cartons d’invitation, les différents supports de communication, les billets d’entrée plein tarif, demi-tarif, gratuit… C’est pourquoi nous avons développé avec succès le principe de la billetterie en ligne. Nous ne voulons pas nous arrêter là : nous poursuivons le développement de cet outil pour continuer à dématérialiser au maximum les accès à nos manifestations. Et la situation sanitaire liée à la Covid nous conforte dans cette initiative ».

 

DLH : Vous utilisez même un calculateur de performance ?

N. B : « Nous faisons partie d’une fédération des métiers de l’événementiel qui a mis en place différents outils tel que le calculateur de performance qui permet aux sites de mesurer toutes les retombées à la fois économiques et environnementales de leurs événements. Il sera ainsi facile de mesurer l’impact carbone des manifestations. Du coup, nous avons entrepris une démarche active auprès de nos clients organisateurs de congrès pour qu’ils alimentent eux aussi ce calculateur de performance. Il leur sera ensuite d’autant plus facile de « vendre » leurs événements à des élus en capacité de les héberger ».

 

DLH : Votre démarche, vous l’appliquez à vos exposants ?

N. B : « Bien sûr. Pour la Foire internationale et gastronomique, nous leur soumettons une charte qui est en quelque sorte un guide éco-responsable. Ils prennent tout un tas d’engagements. Par exemple de s’informer sur les bonnes pratiques en matière d’écoconception, de s’équiper de sacs et de matériels permettant le tri des déchets, de former et d’informer leurs collaborateurs sur les « bons gestes » à suivre. Sachez que pendant la Foire, il y a plus de 20 points de tri sélectif disposés à différents endroits et qu’une collecte régulière des déchets est réalisée sur les stands ».

 

DLH : Et Florissimo, au printemps prochain, n’échappera pas à cette démarche environnementale ?

N. B : « Florissimo, ce n’est pas que de la fleur coupée comme on a pu l’entendre. Les végétaux seront réutilisés à 90 %. C’est un objectif que l’on partage avec la conceptrice de l’exposition, Pascale Jacotot, une architecte dont on connaît la forte sensibilité environnementale et dont l’expérience est reconnue par les collectivités ».

Propos recueillis par Jean-Louis Pierre