Fin 2019, avant la crise des Gilets Jaune puis celle du coronavirus, les touristes venus de Belgique, d’Allemagne et des Pays-Bas avaient davantage séjourné dans les hôtels de la région. Toutefois, les nuitées étaient en légère baisse pour la troisième année consécutive. La fréquentation des résidents britanniques marquait un fort repli (- 11,7 %). En revanche, celle de la clientèle chinoise avait progressé de 5,4 %, avec plus de 79 000 nuitées enregistrées, notamment dans l’hôtellerie de luxe, sans atteindre toutefois l’excellent score enregistré en 2015. Pour sa part, la fréquentation des Suisses avait retrouvé son plus haut niveau depuis ces cinq dernières années. La Bourgogne se classait parmi les huit régions de France à avoir un parc hôtelier bien côté.
Au lendemain du déconfinement, le climat d’inquiétude persiste parmi le millier d’hôteliers de Bourgogne Franche-Comté. C’est pourtant avec courage et ambition de retrouver leur situation initiale, que l’ensemble de la profession rouvre progressivement les établissements, mais différemment : le Covid-19 contraint à observer des règles d’hygiène et de salubrité très strictes.
Incursion dans un sympathique 2 étoiles de Dijon : l’Hôtel Thurot, situé au n° 4 de la petite rue Thurot, à deux pas de la Gare et de l’avenue Victor Hugo. L’endroit rêvé pour les personnes à la recherche de tranquillité tout en étant au centre-ville… Fabienne et Christian Bouvier, les patrons, ont mis à profit ces quelque deux mois où la clientèle d’habitués a figuré aux abonnés absents, afin de procéder eux-mêmes à des travaux de maintenance et de rénovation. Aujourd’hui, leurs 28 chambres sont fin prêtes. Et déjà, une poignée de clients se profile à l’horizon… Ils abordent « cette rentrée », l’espoir rivé au cœur.
Fin avril, Fabienne s’est attelée à son listing, afin de reprendre contact par mail avec les clients, demandant des nouvelles et leur précisant qu’ils seront comme toujours les bienvenus… Le couple a eu la satisfaction de recevoir bon nombre de réponses. Hélas, leurs habitués – des fonctionnaires, des commerciaux, des agents SNCF etc – attendent pour réserver, le temps de prendre la mesure de la reprise économique et, derechef, la montée en puissance de leurs activités et de leurs déplacements professionnels. Attentisme oblige, Fabienne et Christian n’envisagent pas pour l’instant de faire appel au personnel qu’ils ont été contraints de mettre au chômage. Ils vont donc, pour l’instant, ne devoir compter que sur eux-mêmes, en s’appuyant toutefois sur la charte de qualité définie par le groupe d’hôteliers indépendants Contact Hôtels auquel ils sont affiliés : « Nous nous sommes toujours montrés très à cheval sur les règles d’hygiène » explique Fabienne Bouvier. « Contact Hôtels est un « plus ». Il nous apporte un appui logistique fort précieux dans le cadre du combat du Covid plus que jamais d’actualité : installation de distributeurs de gel hydro-alcoolique aux entrées de l’hôtel et d’un écran en plexiglas à la réception, marquage au sol etc. Bien entendu, le port de masques et de gants pour mon mari et moi-même constitue une obligation vitale, ne serait-ce pour les petits-déjeuners servis sur des plateaux et que nous apporterons jusqu’aux portes des chambres ! De même, après le départ de chaque client, nous allons « mettre en jachère » la chambre pour n’en faire le nettoyage à fond que 24 heures après, voire 48 heures. Quant à la fourniture du linge de toilette, nous nous sommes assurés que la blanchisserie nous le livrerait après lavage à 60° avec une lessive antivirale. Il va de soi que nous le déposons, munis de gants. Il est bon de rappeler que nous observons un modus operandi absolument impératif au niveau de l’aseptisation des poignées de portes, des télécommandes, des interrupteurs. Et ce, avec de l’alcool ménager à 90° ainsi que des produits d’entretien anti-viraux.»
Le « plus » de l’Hôtel Thurot, c’est sa charmante cour arborée avec un mobilier de jardin aux couleurs pimpantes. Là encore, un changement s’est opéré… Et Fabienne de poursuivre : « Nous avons le bonheur d’avoir pas mal de place, ce qui va nous permettre d’observer au maximum la fameuse « distanciation sociale ». Et, lorsque l’autorisation sera accordée aux cafés et restaurants de rouvrir, nous comptons assurer auprès de nos clients un petit service de boissons fraîches ou chaudes ».
En attendant ce déclic, Christian et Fabienne ont pris contact avec des restaurateurs dijonnais qui livrent des repas commandés en ligne : « Nous sommes donc en mesure de proposer un plateau repas le soir à ceux qui le souhaiteront. Les plats présentés en barquette seront déposés devant les chambres, en observant la même discipline de sécurité sanitaire que celle des petits-déjeuners. »
« Les Suisses ont su construire un très beau pays autour de leurs hôtels », a dit un humoriste. Dijon aussi, mais avec quel patrimoine ! Or justement, le Thurot est l’un des rares lieux au centre-ville à jouir d’une grande cour, où se dresse un arbre somptueux, un Taxus baccata du 17ème siècle. Beau symbole de pérennité, n’est-ce pas ?
Marie-France Poirier