Et si vous preniez l’air avec ailes ?

Si vous êtes un homme et, qui plus est, misogyne (ce que, nous en sommes presque sûrs, vous n’êtes pas), ne lisez pas la suite de cet article parce que vous allez devoir revoir votre jugement sur la gent féminine. Au lendemain de la journée internationale de la Femme, nous nous sommes intéressés à l’aéroclub de la Côte-d’Or où le mot pilote se conjugue aussi au féminin.

L’aéroclub de la Côte-d’Or a décidé que la journée de la Femme durerait… 365 jours par an ! Voire 366 en année bissextile, ce qui est le cas pour 2020. Si l’aviateur-écrivain Antoine de Saint-Exupéry, dont le souvenir est, au demeurant, entretenu dans le hall d’accueil, avait fréquenté le tarmac de Darois, peut-être aurait-il alors écrit Terre des Femmes… plutôt que Terre des Hommes. Celui qui fut visionnaire dans nombre de domaines – ne lui doit-on pas cette citation qui a fait florès : « l’avenir n’est pas à prévoir mais à rendre possible ! » aurait, qui sait, apprécier que cet aéroclub déroule le tapis rouge (pardon, nous aurions dû écrire la piste…) aux femmes ? Elles sont ainsi plusieurs à porter l’écharpe blanche et à s’inscrire dans le sillage de Thérèse Peltier, qui fut la pionnière… puisqu’elle restera à jamais comme la première à avoir quitté le sol aux commandes d’un aéroplane. Ou encore d’Amelia Earhart, qui aurait, tout autant que Charles Lindberg, mérité d’entrer au Panthéon des pilotes, puisqu’elle n’est autre que la première femme à avoir traversé l’Atlantique sur un Fokker F. VII. Pratiquement un siècle plus tard, alors que l’heure est aux DR 400 et Cap 10 BK (pour les avions), aux Tetras et XLU (en ce qui concerne les ULM multiaxes), ou encore au Robinson R22 (hélicoptère), il est très fréquent que le manche de ces appareils soit tenu par des femmes à l’aérodrome de Darois.

La voie… des airs

Titulaires d’un brevet ULM, d’un brevet de base avion ou bien d’une licence de pilote privé avion (PPL), elles sont de plus en plus nombreuses à montrer la voie… des airs. Et ce, à tout âge : Jeanne, étudiante à l’Université de Bourgogne, côtoie ainsi sur le tarmac Edith, retraitée de l’administration. Jeanne est pilote d’ULM depuis 2018. « Voir le monde depuis là-haut permet d’apprécier les choses sous un autre angle. Cette liberté est magique », explique l’étudiante, qui, disposant de l’emport passager, « n’apprécie rien moins que faire partager cela avec ses proches ». Quant à son aînée Edith, disposant du PPL depuis 5 ans, elle glisse, avec humour : « Je suis moi aussi une jeune pilote. J’ai suivi mon mari durant 15 ans et je me suis dit qu’il fallait que j’apprenne à poser l’avion au cas où… J’ai alors compris pourquoi les hommes volaient ». Etant allée jusqu’à Biarritz mais aussi bien au-delà des frontières de l’Hexagone (Cork en Irlande ou encore Dubrovnik en Croatie), cette passionnée de photos a des images (vues du ciel) plein les yeux. Il n’est pas besoin d’aller aussi loin pour que « la notion de plaisir » soit aussi forte : pilote depuis un an et demi d’ULM, « au demeurant beaucoup plus abordable financièrement », Stéphanie adore « cette sensation d’oiseau » : « J’ai depuis toujours été attirée par les airs. J’ai comme objectif de partager cette sensation avec mon fils », souligne cette quarantenaire, qui insiste également sur « la  solidarité et de bienveillance dans cette activité » : « Nous mesurons toutes et tous la dangerosité. Aussi l’humilité, la rigueur et la persévérance sont-elles essentielles ! » Les mêmes valeurs sont portées par sa sœur avec qui elle a poussé la première fois les portes de l’aérodrome pour un stage découverte : tout comme Stéphanie, Aurélie n’en est jamais repartie non plus. Bien au contraire, elle se forme aujourd’hui à la voltige, à raison « d’au moins une séance par semaine ». Cette kinésithérapeute enseigne même le Brevet d’initiation aéronautique (BIA) au collège Malraux afin de susciter des émules chez les plus jeunes.

« Le piéton en pilote »

Volant quant à elle depuis 10 ans, Séverine a la même passion des arabesques dans le ciel : « Je voulais être encore plus à l’aise dans le vol à plat. Je me suis mis à la voltige afin de mieux maîtriser l’avion mais aussi moi-même, notamment les actions dans des états de stress ». Formée à Bourges, elle fait aujourd’hui partie des piliers de l’aéroclub de Darois, dont elle est membre du comité… Jeanne, Edith, Stéphanie, Aurélie ou encore Séverine ont toutes la même passion… « Contrairement à une idée reçue, l’aviation est ouverte à tous et toutes, jeunes et moins jeunes. Je pourrais même ajouter de 7 à 77 ans. Ce n’est pas la peine non plus d’être polytechnicien pour apprendre à piloter », rappelle le président emblématique Jean Wiacek, tout en développant : « Si l’on veut s’orienter vers l’armée de l’air ou l’aviation civile, il faut passer des concours, des tests, etc. Si, en revanche, l’on a envie juste d’être pilote, il suffit de pousser la porte de notre aéroclub, où l’on transforme le piéton en pilote. C’est vrai au masculin comme au féminin ! » Avec l’humour qui le caractérise, le leader de ce club comptant 212 pilotes actifs (et une soixantaine de jeunes inscrits au BIA) glisse : « Que les femmes pilotent, c’est bien. Qu’elles pilotent comme nous, c’est acceptable. Qu’elles pilotent mieux que nous, cela nous remet en question ! Et cela arrive… L’aviation est une école de modestie… même dans ce domaine ! » Aussi, si vous avez vous aussi envie de devenir Princesse des airs (pour laisser le mot de la fin à Saint-Ex !), n’hésitez plus : Mettez le cap sur Darois !

Camille Gablo

 

Aérodrome de Dijon Darois

2, Route de Troyes, 21121 Darois

Tél. 03.80.35.61.09.

www.aeroclub-cotedor.fr

 

Journée portes ouvertes le 22 mars

Si vous voulez tout savoir sur les ULM, l’aérodrome de Dijon-Darois vous donne rendez-vous le dimanche 22 mars pour une journée portes-ouvertes. Celle-ci se déroulera de 10 heures à 17 heures. Des informations sur les ULM « multiaxes » et « autogire » – capacités, performances, rayon d’action, formation, offre de l’aéroclub – sont ainsi au programme. Sans omettre la présentation des différents appareils dont dispose l’aéroclub : Tetras, Eurostar, Bristell XL8, Autogire Magni 16. Des vols de découverte seront organisés à cette occasion. Entrée libre…