Un collège à l’heure allemande

C’était il y a deux ans : Georges Maglica, adjoint au maire de Dijon, publiait L’Odeur du Seringat, un roman qui se déroule dans l’Auxois. Il s’agit d’un ouvrage attachant qui épouse la trame d’un thriller villageois : il a été écrit à partir des souvenirs de son enfance. Bien qu’issu d’une famille immigrée très pauvre, l’auteur accèdera aux études supérieures, puis gravira l’échelle sociale. Proviseur à Autun, puis à Dijon, il aura des responsabilités académiques. Aujourd’hui, Georges Maglica nous revient avec un ouvrage historique : Bonaparte à l’heure allemande.

Le titre a de quoi titiller la curiosité des lecteurs. Rien à voir avec l’épopée napoléonienne ! Il évoque la vie et les événements qui se sont déroulés entre 1930 et 1945 dans le prestigieux collège Bonaparte d’Autun que Georges Maglica connaît bien. Cet établissement à la belle façade austère – qui a accueilli des élèves au destin parfois prestigieux et des professeurs remarquables – n’a cessé de le fasciner. Et lui a donné l’idée et l’envie de remonter ces temps troublés et dramatiques de l’avant et après-guerre. Il a étayé son récit historique tout à fait passionnant, à partir de témoignages oraux et de documents émanant de résistants, tout comme de « collabos » : « J’ai voulu démontrer que, contrairement aux rumeurs, Bonaparte n’a pas été un bastion d’élèves ou de professeurs pétainistes, collaborateurs, gestapistes ou miliciens ». Autun et le collège étaient à l’image de toute la France d’alors : un condensé de courants, d’engagements violemment antagonistes. Il y avait au sein de l’établissement un fort mouvement de résistance et… une milice !

Mais le « vieux bahut » , comme l’a écrit André Rochefort dans la préface de l’ouvrage, était également le fief de la jeunesse et donc, en dépit d’un contexte très lourd, celui de la joie de vivre ou d’une certaine insouciance.  D’où en filigrane dans ce livre parfois si douloureux, une verve savoureuse. Et Georges Maglica de citer le contenu de Bonaparte Gazette, vendu au prix d’un franc le numéro à la rentrée 1943, « où humour, poésie, sport et tracas quotidiens en sont les principales thématiques ! »

Ajoutons que Georges Maglica ne se contente pas de dresser une fresque historique : Bonaparte à l’heure allemande a l’immense mérite d’offrir des pistes de réflexion permettant de décrypter notre présent, démontrant que l’entre-deux guerres ainsi que la période 39-45 dessinaient déjà les contours de la France des années 2020, tant dans ses composantes sociologiques que dans ses rapports politiques avec les USA, la Grande-Bretagne, voire l’Europe…

Marie-France Poirier

 

Georges Maglica vous invite le vendredi 3 mai, à 18 h 30, à une rencontre-conférence organisée à Sciences-Po Dijon (14 avenue Victor Hugo) par la librairie Gibert-Joseph. Attention, places limitées. Inscriptions exclusivement sur librairiedijon@gibertjoseph.com

Plus tard, en juillet, on le retrouvera au Salon d’Anost.

Pour tout renseignement concernant la diffusion de Bonaparte à l’heure allemande : cm.livres-services@outlook.fr