Le 4 novembre prochain, Maxime Cauwe sera sur la ligne de départ à Saint-Malo pour disputer la 11èmeédition de la Route du Rhum qui fête cette année ses 40 ans.
Dijon l’Hebdo : Vous avez grandi à Dijon, la Bourgogne n’est pas une région favorable à la pratique de la voile, comment avez-vous découvert ce sport ?
Maxime Cauwe :« C’est une passion familiale, mon père m’a initié comme son grand-père l’avait fait avant et puis j’ai passé toutes mes vacances en Bretagne quand j’étais enfant… J’ai donc découvert la navigation assez tôt, en pratiquant mais aussi en croisant des navigateurs ou des bateaux qui m’impressionnaient comme les grands trimarans de la Trinité. C’est devenu une passion pendant le Vendée Globe 1996, j’avais 12 ans, et j’avais suivi à la télé les différents équipages et notamment la disparition de Gerry Roufs qui m’avait marqué. Puis mon père avait acheté le carnet de bord du vainqueur Christophe Auguin, je ne sais pas combien de fois je l’ai lu, je le connais encore par cœur. »
DLH : Naviguer l’été n’est pas suffisant pour atteindre un niveau professionnel ?
M. C : « Non, une fois majeur je me suis inscrit sur des bourses d’équipiers pour compléter les équipages et j’attendais qu’on m’appelle. J’ai fait mes premières régates comme ça mais je voulais aller vite, brûler les étapes et je me suis notamment fait recadrer au téléphone par Olivier de Kersauson qui m’a gentiment conseillé de prendre encore un peu de bouteille avant de vouloir intégrer son équipage. »
DLH : Ca a été une déception ?
M. C :« Non pas du tout, il avait raison et puis les phrases de ce genre permettent d’être à la fois plus réaliste et plus solide. Une de mes professeurs de collège à qui j’avais confié vouloir devenir navigateur m’avait même répondu un jour : « On peut toujours rêver… »
DLH : Vous avez donc réalisé votre rêve ?
M. C :« Oui, la route du Rhum est une course mythique pour les voileux, ça n’est pas la plus difficile mais elle est symbolique, c’est une traversée de l’Atlantique, en solitaire et elle débute par le golfe de Gascogne qui est un passage difficile donc important pour les navigateurs.
DLH : Comment avez-vous préparé ce départ ?
M. C :« Il y a tout d’abord l’aspect pratique, c’est à dire les moyens matériels. Pour ça, j’ai proposé cette traversée comme projet fédérateur pour l’entreprise où je travaille comme responsable financier, Azeo. Ils ont immédiatement accepté et en ont fait un objectif commun : les consultants ont travaillé sur la Data du bateau, sur les acquisitions de données, ainsi qu’en réalité augmentée. Donc, finalement, ce projet a « embarqué » tout le monde, il y a eu un vrai engouement. J’ai ensuite contacté un ami dijonnais, Frédéric Mugnier, dont l’entreprise FAGUO soutient certaines aventures comme celles-ci et, ajouté à une campagne de crowdfunding, j’ai pu acheter le class 40 de 12 mètres avec lequel je ferai la course. Ensuite ce sont deux ans de préparations techniques diverses : chantier de fiabilisation du bateau, courses qualificatives, apprentissage du sommeil fractionné… »
DLH : Comment réagit votre entourage ?
M. C :« Mes parents sont contents mais partagés entre peur et fierté. Beaucoup d’amis ont été très précieux pendant la préparation mais mon premier soutien est mon épouse qui est aussi active que bonne conseillère. »
DLH : Quel objectif avez-vous ?
M. C : « Un autre skipper sur ce même bateau avait mis 19 jours à la dernière Route du Rhum. Je vais donc essayer de faire mieux et, sur 53 participants, me trouver dans les 30 premiers serait un bon résultat. Et bien sûr je veux pouvoir dire : j’ai traversé l’Atlantique.
Propos recueillis par Jeanne Vernay
Légende
Maxime Cauwe : « Me trouver dans les 30 premiers serait un bon résultat »
Encadrés
Palmarès nautique
2004 -2014 : Courses au large comme équipier (Giraglia, Fastnet, Spi Ouest France,…).
2015 : Tour du Finistère à la voile (figaro) : 16ème.
2017 : Normandy Channel Race : 12ème.
2017 : Cowes Dinard : 4ème.
2017 : Rolex Fastnet Race (UK) : 17ème.
2018 : 1000 Miles des Sables : 10ème.
2018 : Normandy Channel Race : 17ème.
La Route du Rhum
Créée en 1978.
Parcours de Saint-Malo à Pointe à Pitre (Guadeloupe) : 6 556 km.
Temps de parcours en class 40 : Entre 16 et 21 jours.
Plus de deux millions de visiteurs attendus à Saint-Malo et Pointe-à-Pitre.
Origine du nom : l’image de la Guadeloupe avait été ternie après l’éruption de la Soufrière en 1976. Cette course, créée deux ans plus tard, permettait de faire la promotion à la fois du rhum et de l’île.