Dijon l’Hebdo : Qu’est-ce qui caractérise l’habitat sur Dijon Métropole ?
Pierre Pribetich :« C’est tout d’abord un bilan 2017 exceptionnel. Nous avons autorisé, l’an passé, 2 902 logements sur l’ensemble de la Métropole, c’est à dire sur les 24 communes qui la composent. Un volume jamais atteint dans la décennie. C’est une augmentation impressionnante, de l’ordre de 64 % par rapport à 2016, qui permettra d’alimenter le développement économique local. L’explication réside dans la mise en place des grands projets tels que la Cité internationale de la Gastronomie et du Vin avec ses 540 logements.
Dans ces 2 902 logements, il y a 33 % de logements locatifs à loyer modéré. Ce qui correspond là aussi à une volonté de la Métropole et de Dijon de vouloir ainsi rééquilibrer l’ensemble du parc. On peut l’afficher maintenant : les objectifs sont atteints. La ville de Dijon remplira les conditions légales, à savoir 20 % de logements à loyer modéré durant cette année 2018. »
DLH : Où se situent ces logements et qu’ont-ils de particulier ?
P. P :« Ces logements, collectifs pour la plupart, sont situés pour les ¾ à Dijon. La part des résidences étudiantes ou séniors représente 10 % de ces logements autorisés. Ainsi, ce sont 205 logements en résidences étudiantes, auxquels viennent s’ajouter 107 logements seniors. 1 849 logements ont été commencés en 2017, situés pour les ¾ à Dijon, et 33 % sont des logements locatifs à loyer modéré. Ce volume reflète le dynamisme de la situation de la construction dans la métropole dijonnaise avec une hausse de 34 % des logements commencés entre 2016 et 2017. Enfin, 1 550 logements ont été déclarés terminés en 2017, dont 20 % de résidences spécifiques, avec 120 chambres pour une résidence de logements temporaires (jeunes actifs, salariés en mobilité géographique, étudiants, stagiaires en formation), 117 logements dans 4 résidences étudiantes au sein du quartier de l’université, et 86 logements pour une résidence séniors. Le logement locatif social représente 38 % des logements terminés, soit 595 logements répartis dans 23 programmes. »
DLH : Qu’est-ce qui a dominé ? La qualité ou la quantité ?
P. P :« Les deux, assurément. Nous avons construit en quantité et en qualité avec à la fois des grandes opérations mais mais nous n’avons pas négligé l’accession abordable. Grand Dijon Habitat, Villéo mais aussi l’ensemble des opérateurs vont pouvoir proposer à nos concitoyens des produits sous cette forme d’accession, c’est à dire avec une décote du prix de l’ordre de 20 % par rapport à l’accession libre. Nous appliquons le programme qui a été validé par les Dijonnaises et Dijonnais en 2014.
Des programmes de très haute gamme voient aussi le jour avec des prix qui oscillent entre 4 et 4 500 € du m2. La Métropole qui est capitale régionale doit avoir une large palette de prix. Par ailleurs, le PLUiHD devrait nous permettre une diversification de l’offre, avec des produits innovants, pour permettre le parcours résidentiel, du locatif à l’accession, évitant ainsi une délocalisation de l’habitat. A cet égard, un chiffre est révélateur des stratégies des années précédentes : sur 137 000 emplois, 37 000 personnes font, chaque jour, le mouvement pendulaire entre leur habitation et la Métropole. »
DLH : Combien de logements pour les années qui viennent ?
P. P :« Pour les dix prochaines années, nous avons prévu dans le PLUiHD de construire 15 000 logements neufs et de permettre la réhabilitation en cœur de ville de 1 000 logements. Ce sont des objectifs ambitieux puisque sur les 16 000 logements ainsi recensés, il y en a 10 000 pour la ville de Dijon uniquement et 6 000 qui se répartiront dans les 23 autres communes de la Métropole. Objectifs qui reposent sur une territorialisation des différents projets que nous avons pu recencer et qui permettront d’avoir une croissance démographique de l’ordre de 0,6 % pour poursuivre la dynamique enclenchée il y a maintenant plus de deux décennies et ainsi remplir notre rôle de capitale régionale. Tout cela s’appuie sur une volonté de faire de Dijon la capitale verte européenne. »
DLH : Quels sont les endroits sur la Métropole où il reste suffisamment de réserves foncières pour construire ces 6 000 logements prévus pour les dix années qui viennent ?
P. P :« Il s’agit là de grands programmes. Il en est un qui est finalisé dans sa conception, c’est la Cité internationale de la Gastronomie et du Vin avec un écoquartier de l’ordre de 540 logements. Autre quartier qui s’accélère en terme d’aménagement, c’est l’écoquartier de l’Arsenal avec plus de 1 500 logements. Idem pour l’éco-cité Jardins des Maraîchers avec 1 500 logements. Nous avons ensuite d’autres opérations, à Quetigny par exemple, où dans le cadre d’une opération de centralité, 400 logements sont prévus. Sur Sennecey-lès-Dijon, également, où 400 logements sont envisagés. Dans toutes les communes de la Métrople, il y a différents projets qui verront tôt ou tard le jour. Je n’oublie pas également à la Fontaine d’Ouche le Quai des Carrières blanches avec une opération de 300 logements. Des projets qui offriront à nos concitoyens à la fois du logement collectif mais aussi du logement individualisé. »
DLH : On sait qu’un recours a été déposé contre le projet de Cité de la Gastronomie. Est-il de nature à différer ou même menacer les constructions de logements prévues ?
P. P :« Nous avons voté en conseil métropolitain une garantie pour permettre d’afficher clairement, sur un projet de 30 millions d’euros, la volonté de la Métropole de porter toute cette opération. C’est aussi un marqueur qui témoigne de la confiance de la réalisation de ce projet. Les premières commercialisations ont été faites. Elles sont révélatrices de l’intérêt de nos concitoyens pour ce type de produits qui tournent autour des 3 500 € du m2. Dans les trois premiers jours, 9 logements ont été vendus sur les 40 qui sont proposés actuellement. »
DLH : Dans certains quartiers, dès lors qu’une maison, avec un peu de terrain, se vend, on y voit pousser un immeuble pour la remplacer. Ce qui ne manque pas d’émouvoir les voisinages concernés. La Métropole a-t-elle les moyens de peser pour inverser cette tendance ?
P. P :« Chacune des 24 communes de la Métropole doit respecter son PLU. Pour la ville de Dijon, c’est l’éco-PLU qui a été validé au cours de la dernière décennies pour permettre l’évolution de la ville sur elle-même. Il s’avère qu’avec les grandes opérations que j’ai citées, nous ne sommes plus dans les mêmes dispositions. François Rebsamen et moi-même allons, à l’horizon 2020, proposer de revoir les règles d’urbanisation et les possibilités sur l’ensemble de la ville de Dijon de limiter dans certains quartiers pavillonnaires la hauteur des constructions à 7 mètres qui ne permettra plus la réalisation d’opérations d’une certaine densité. J’espère que nos concitoyens soutiendront cette démarche. Nous allons aussi introduire un coefficient de biotop qui va accorder, notamment dans le cadre de cession, d’avoir en quelque sorte une faveur à ceux qui planteront des arbres en pleine terre ».
Propos recueillis par Jean-Louis Pierre