Arrivé la saison dernière en provenance du Racing Club de Saulieu – où il avait obtenu la montée en 1re série et un quart de final de championnat de France – pour coacher la Nationale B (l’équipe réserve de la Première), Christophe Bonnot a décidé de relever un nouveau challenge au sein du Stade dijonnais : il vient, en effet, d’être nommé manager des Espoirs et des Belascains. Interview d’un passionné pour qui les valeurs véhiculées par l’Ovalie sont omniprésentes, que ce soit dans son métier – chez le Groupe ID’EES, le groupe chenevelier leader de l’insertion dans l’Hexagone – ou sur les pelouses !
Dijon l’Hebdo : Vous êtes le nouveau manager des Espoirs et des Belascains du Stade dijonnais (seniors de moins de 23 ans et de moins de21 ans). Comment appréhendez-vous vos nouvelles fonctions ?
Christophe Bonnot : « Les Espoirs ont succédé à l’équipe B. Cela montre à quel point nous croyons en la formation des jeunes. J’ai mis en place un projet sportif dans la droite ligne de celui de l’équipe première. Nous nous inscrivons dans l’idée de faire jouer ces jeunes en Fédérale 1, au minimum. Ce projet tourne autour de la responsabilité : c’est à dire, comment l’on amène des jeunes à prendre conscience à un moment donné qu’ils ne sont pas dans une démarche de rugby loisirs mais de rugby pro. Cela sous-entend des exigences. Mais j’ai aussi une autre corde à mon arc : le suivi de la scolarité. C’est une notion importante parce qu’il faut que cela s’appuie sur deux jambes : le rugby et l’avenir. Aujourd’hui, lorsque l’on voit le nombre de joueurs issus des centres de formation évoluer en Top 14, l’on s’aperçoit qu’il existe peu d’élus. Aussi devons-nous assurer le suivi de la scolarité de ces gamins afin de leur garantir un avenir, au-delà du rugby ! »
DLH : Vous oeuvrez au sein d’un groupe d’insertion, Id’ées, qui rayonne notamment pour ses valeurs humanistes. Votre implication, dans le rugby, relève-t-il de la même veine ?
C. B. : « Complètement. C’est essentiel. AU Groupe ID’ÉES, l’on porte un projet politique qui est un projet d’entreprise : l’insertion professionnelle. Non seulement on fait un métier mais on est porteur d’un projet. C’est très lié. Au Stade, non seulement on fait du rugby mais on porte aussi un projet : ce sont toutes les valeurs véhiculées par le rugby depuis longtemps comme l’engagement, la solidarité, la fraternité. Il n’y a pas de triche au rugby : quand tu joues pour toi, tu n’y arrives pas ! Il faut jouer collectif. Comme disait Jean-Pierre Rives, c’est un sport qui se joue à 15 contre 15 et à la fin ce sont les Anglais qui gagnent. Pour ma part, j’aimerais bien qu’à la fin les Stadistesgagnent ! Parce que je trouve que l’on remet l’église au cœur du village. Cela me va bien. On leur parle de valeurs et on va jusqu’au bout en nommant chaque semaine 3 joueurs afin de nettoyer les vestiaires, les terrains et le bus lorsque l’on va en déplacement. Les plus grands, comme les Blacks, le font ! »
DLH : Le stade sort d’une saison difficile. Et c’est un doux euphémisme…
C. B. : « Le Stade, c’est à la fois la SASP et l’association. J’ai eu la sensation la saison dernière que les deux structures avaient du mal à créer du lien. Là,aujourd’hui, nous mettons en place tous les outils pour que l’osmose soit bien réelle et que les jeunes le ressentent. On dit aux Belascains et aux Espoirs : voilà, vous vous engagez dans un circuit qui va vers le professionnalisme. Vous n’êtes pas là par hasard. Il va falloir vous donner les moyens d’y arriver. Nous n’avons pas comme à Nevers un président/mécène qui va amener 9,5 M€ de budget. Nous devons nous appuyer sur la formation des joueurs. C’est essentiel. Si demain, nous voulons être dans la poule haute de la Fédérale 1, il va bien falloir s’appuyer sur nos jeunes qui sont bons ! »
DLH : Fondez-vous des espoirs pour la saison qui débute ?
C. B. : « J’en suis persuadé. Je ne sais pas comment va se dérouler la saison. Nous en reparlerons à la fin. Mais, sincèrement, l’état d’esprit n’est pas le même du tout ! L’équipe première, avec les deux nouveaux entraîneurs, devrait devenir le tracteur pour les plus jeunes. Cela devrait être royal pour les gamins ! »
DLH : Pensez-vous réellement qu’un jour le Stade dijonnais pourra recouvrer les sommets ?
C. B. : « Le Stade dijonnais a cet avantage de disposer d’une antériorité, et ce y compris par rapport au DFCO. Il y a, ici, l’amour du rugby et s’il y a des résultats les passionnés reviendront. Nous nous donnons trois ans pour être dans la poule haute de la Fédérale et pourquoi pas monter en pro D2 ! »
Propos recueillis par Xavier Grizot