Certes, ce n’est pas la fin du monde mais c’est quand même la fin du système bi-partisan à la française que l’on connaissait depuis des lustres. La droite républicaine incarnée par Les Républicains est-elle en mesure de faire mieux que s’accrocher aux branches et éviter le précipice aux prochaines législatives ? Là aussi l’incertitude demeure même dans des circonscriptions comme la 2e détenue depuis 2007 par le maire de Saint-Apollinaire, Rémi Delatte.
Le discrédit qui frappe les partis et leurs chefs sera-t-il aussi d’actualité sur le plan local ? Dans cette circonscription à la fois urbaine et rurale, Rémi Delatte est bien conscient qu’il marche sur des œufs. Le patron des Républicains en Côte-d’Or est bien décidé de tenter de reconstruire et de dégager la route des législatives, encombrée par les dégâts de la tempête de la Présidentielle. Le problème, c’est que ça a soufflé très fort et le score de François Fillon (20 %) est bien en dessous de ce que Rémi Delatte avait réussi lui-même en 2012 au premier tour des législatives (37,29 %).
Le député-maire de Saint-Apollinaire n’a toujours pas fait savoir s’il sera candidat à sa succession en juin prochain. Il a choisi de prendre son temps, concentré qu’il était pour faire la campagne de celui qui est parti avec l’eau du bain électoral. Ce soutien sans faille à Fillon plombera-t-il sa campagne ? Comment réagira un électorat jusque-là acquis mais aujourd’hui déconcerté, inquiet, voire même démobilisé ? Considérera-t-il que le candidat labellisé « Macron » ne sera qu’un tigre de papier qu’il se fera fort de contourner ?
Même s’il n’a jamais perdu, Rémi Delatte n’est plus dans la froide logique de la gestion rigoureuse d’une élection gagnée d’avance. Marine Le Pen a obtenu 21,91 % le 23 avril dernier, soit 7 points de plus que le score de la candidate FN au 1er tour des législatives de 2012, confirmant, au passage, le vote frontiste qui s’installe dans les espaces ruraux. C’est pourquoi le FN Franck Gaillard a peut-être les clés du prochain scrutin. Pour l’heure, son parti s’est déjà mis à cracher des mots de feu pour informer la population de Saint-Apollinaire que si Rémi Delatte est élu, elle perdra son maire…
L’œil rivé l’un sur l’autre
Rémi Delatte retrouvera aussi sur sa route le socialiste Pierre Pribetich, le premier vice-président de Dijon Métropole. Et c’est peu dire que les deux hommes ont l’œil rivé l’un sur l’autre car la dernière opposition (en 2012), si elle avait tourné en faveur du maire de Saint-Apollinaire (52 – 48), avait néanmoins marqué un repli de l’élu de droite qui n’avait fait, lors du 1er round, que 37,29 % contre 49,16 % en 2007.
Dès le soir du 1er tour de la Présidentielle, Pierre Pribetich a appelé à voter pour Emmanuel Macron alors que, dans le même temps, Rémi Delatte déplorait que le second tour allait opposer « deux populismes : le premier qui a pour seule politique le repli sur soi et le second qui, du marketing, fait une fin en soi ». Et pan sur le bec des 24,51 % d’électeurs qui ont accordé leurs suffrages à Emmanuel Macron sur la circonscription.
Au fil des années, Pierre Pribetich, qui tient une place importante dans la machine socialiste dijonnaise, a pris de l’épaisseur, du savoir-faire et un vrai talent de tacticien. Le représentant d’En Marche (a priori un élu issu du MODEM) aura-t-il le temps nécessaire pour se faire connaître et être devant lui au soir du premier tour ? Une chose est sûre : pour tous les candidats capables de se qualifier pour le second tour, l’apparence de la détermination sera aussi importante que la simple réputation.
Jean-Louis PIERRE