Paulin Bernard : « La ville de demain peut-elle devenir un lieu de plaisir ? »

 

Paulin Bernard, architecte qui dirige le cabinet BAU (1), a déjà exposé sa façon de voir la maison de demain. Cette fois, il évoque ce que pourrait être la ville du futur.

Dijon l’Hebdo : « La ville de demain, comment la réinventeriez-vous ? »

Paulin Bernard : « La ville de demain, je la vois sauvage et sécurisante, partagée et intelligente, lumineuse et laissant une large place aux espaces verts. On ne réinventera pas les places, les rues, les jardins…

On sait qu’il y a plus de la moitié de l’humanité qui vit en zone urbaine. Dès lors, la ville de demain couvrira-t-elle toute la planète ou presque ? Cette ville de demain se construira très certainement sur celle d’aujourd’hui. Le principe de faire table rase ne sera certainement jamais retenu. Les exemples de Brasilia, au Brésil, et surtout Chandigarh, en Inde, ont fait long feu. Il y aura toutefois un point essentiel qu’il faudra prendre en compte : la voiture. Aujourd’hui, la plaie de la ville, c’est l’automobile mais cette dernière demeure un symbole de liberté. C’est un dilemme qu’il conviendra de résoudre pour avancer dans cette ville de demain d’autant plus que toutes les communautés ont, depuis les Grecs et les Romains, organisé leur développement autour des voies de circulations. Et il y a une question essentielle qui devra intégrer les réflexions : le plaisir. La ville peut-elle devenir un lieu de plaisir ? Et de quel plaisir parlera-t-on ? »

Dijon l’Hebdo : « Continuera-t-on à opposer la ville à la campagne ? »

P.B : « L’urbanisation des campagnes dans certains pays comme la Chine et l’Inde est tellement rapide qu’il convient de redéfinir la notion de ville. Ce sont à la fois des espaces semi-urbains, des villes diffuses, des villes-campagne… On voit désormais apparaître des tentatives de « constructions » d’espaces verts à la verticale. Par exemple, à Singapour, où les problèmes d’hyper urbanisation sont bien présents, Sky Green est une ferme urbaine verticale qui produit des légumes pour les citadins.

J’aimerais, pour illustrer cette tendance de ville à la campagne, mettre en avant le projet dijonnais de Francesca Serpa qui figure parmi les trois cabinets retenus pour définir la nouvelle entrée Sud de Chenôve dans le cadre de l’éco-quartier des Vergers du Sud. Cette architecte aime particulièrement étudier les relations entre l’environnement et l’espace vécu, en tenant compte de la perception des gens qui y vivent car les citoyens s’approprient de plus en plus l’espace public.

A partir de cette analyse, ARscape veut proposer des projets d’architecture et de paysage innovants, générateurs de nouveaux scénarios en cohérence avec l’identité des lieux. Ce projet est séduisant parce qu’il n’oublie pas les espaces paysagers, des toitures et des terrasses végétalisées. Il dessine un quartier à taille humaine, à caractère agro-sportif, à dominante piétonne. On est déjà dans la ville de demain… »

Propos recueillis par J-L. P

(1) BAU Architectes. Bureau d’architecture et d’urbanisme.

16 rue de la Butte-Chaumont. 21240 Talant.

03 80 57 25 15

www.bau-architectes.com