Jean Battault : « J’espère que la Ville continuera de nous faire confiance »

Dijon l’Hebdo : Qu’est-ce qu’on peut souhaiter à Dijon Congrexpo en ce début d’année 2017 ?

Jean Battault : « C’est la ville de Dijon qui attribue, par délégation de service public, la gestion du parc des Expositions et Congrès. Souhaitons que la confiance qui nous a été accordée jusqu’à présent soit renouvelée dans le cadre de l’appel d’offre qui est lancé et dont nous ne connaîtrons la décision qu’à la fin de l’année 2017. Ceci dit, cette échéance ne change rien à notre engagement. Pour preuve, j’ai renouvelé récemment une partie des membres de notre bureau avec l’arrivée de chefs d’entreprise dont l’engagement n’est plus à démontrer. Il s’agit de Patrick Jacquier, Jérôme Richard, Emmanuel Chevasson et Pascal Denis. Leur expertise dans leurs activités respectives sera bénéfique à l’association Dijon Congrexpo. Il a fallu aussi remplacer Liliane Motus, un cadre pivot de notre organisation qui génère 50 % de notre chiffre d’affaires et 100 % des résultats de l’association. Cela montre bien que nous continuons à nous projeter sur l’avenir tout en ignorant le résultat final de cet appel d’offre. Cela montre aussi toute la détermination qui nous anime dans notre tâche ».

Dijon l’Hebdo : Quelles sont les points forts que vous retirez de l’année qui vient de s’écouler ?

J. B. : « Il faut évidemment dissocier l’activité du palais des Congrès de celle du parc des Expositions. Pour le palais de Congrès, nous avons fait la plus belle année en nombre de congrès, de congressistes cumulés, en terme de chiffre d’affaires depuis que nous en assurons la gestion. Modérons tout de même notre enthousiasme car c’est une activité cyclique. 2015, par exemple, était moins bonne tout en étant satisfaisante. Et 2017 ne sera pas à la hauteur de 2016. Ce phénomène est structurel et nous savons l’appréhender.

En ce qui concerne le parc des Expositions, on a incorporé une manifestation qui a tout de suite rencontré un grand succès : c’est Auto-Moto-Rétro. Mais la réussite la plus importante et la plus porteuse de sens, c’est la Foire internationale et gastronomique. Les manifestations similaires en France, à Paris, Marseille, Strasbourg… ont perdu parfois plus de 30 % de visiteurs. A Dijon, nous avons reconduit les chiffres de l’édition 2015. C’est une très belle satisfaction ».

Dijon l’Hebdo : Comment expliquez-vous ce bon résultat ?

J. B. : « C’est lié à la qualité de notre offre et à l’attachement des visiteurs – essentiellement dijonnais – à cette manifestation qui est de loin la plus importante organisée dans la région ».

Dijon l’Hebdo : Et les points faibles ?

J. B. : « Je n’en vois pas pour le palais des Congrès. On le mesure avec la satisfaction exprimée par ceux qui l’occupent. Par contre, du côté du parc des Expositions, on est au bout de l’obsolescence du produit. La structure est plus que vieillissante. Elle nécessite d’importants travaux sur les sols, la toiture. Nous constatons aussi des pertes d’eau importantes sur les raccordements des réseaux souterrains. Une réorganisation du lieu s’impose. Il doit être mis en rapport avec l’activité qui, elle, s’est bonifiée au fil du temps.

J’insiste aussi sur l’inadéquation de l’outil qui ne dispose pas des accès et des parkings tant pour les visiteurs que pour les exposants. On est arrivé au bout du bout de l’exploitation d’un fossile qui génère des coûts qui ne sont que de pures pertes ».

Dijon l’Hebdo : Il faut donc engager des travaux le plus vite possible. Qui va les prendre en charge ?

J. B. : « C’est du ressort de la mairie de Dijon. C’est elle qui est propriétaire. C’est elle qui doit à son locataire ce type de travaux. Par principe, je ne tiens pas à ce que nous en prenions une partie en charge car ce n’est pas dans l’esprit de la convention qui nous lie. De plus, le montant de ces travaux dépasse nos possibilités. Cette situation, je la compare au Concorde. L’avion supersonique était déficitaire dans sa création et profitable dans son exploitation… Nous, nous sommes dans l’exploitation. Maintenant, s’il nous revenait de lancer ces travaux, il conviendrait de modifier la convention, notamment dans sa durée pour permettre l’amortissement à la fois économique et fiscal ».

Dijon l’Hebdo : Pensez-vous faire évoluer la Foire cette année et sous quelle forme pour la rendre encore plus attractive ?

Nous avons déjà en 2016 procédé à une évolution en intégrant dans le Grand Hall le pavillon du pays hôte d’honneur. On s’interroge beaucoup sur la motivation des gens à venir à la Foire. Cette motivation n’est pas forcément celle qu’on imagine. Elle est irrationnelle. On s’aperçoit que c’est sentimental. Beaucoup de visiteurs ont connu la Foire quand ils étaient enfants. Ils y vont aujourd’hui en famille, avec des amis. On voit d’ailleurs une sociologie différente en fonction des heures d’ouverture et pendant les nocturnes.

On prévoit des modifications dans les animations. Je ne peux pas les évoquer aujourd’hui car elles ne sont pas définitivement arrêtées. Je m’avancerai tout de même sur un point : l’intérêt pour le pays hôte d’honneur n’est plus aussi important. Les valeurs sur lesquelles nous allons communiquer, ce sont celles que l’on vient chercher : l’amitié, la convivialité… »

Dijon l’Hebdo : Remettre au second plan l’hôte d’honneur, n’est-ce pas menacer cette belle initiative que vous avez eue il y a quatre ans avec la création de Vinidivio ?

J. B. : « Nous sommes sans cesse en réflexion et je ne vous cache pas que nous avons des interrogations sur Vinidivio qui reste quand même le seul endroit où l’on parle du vin à Dijon. Peut-être faudrait-il imaginer un ralentissement du rythme de la manifestation… Il faut aussi se rendre à une évidence : les vignobles ne couvrent pas la totalité du monde et nous épuiserons rapidement le nombre de pays concernés par Vinidivio ».

Dijon l’Hebdo : Pourtant avec l’arrivée de la Cité de la Gastronomie et du Vin, Vinidivio aurait toute sa place ?

J. B. : « Les choix faits par la Ville en matière de gastronomie et de vin catalysent évidemment notre réflexion. La Paulée de Dijon, que nous avons créée et qui s’inscrit dans le cadre de Vinidivio, pourrait être, par exemple, un outil municipal vraiment intéressant. La mairie de Dijon pourrait y avoir une implication beaucoup plus importante. Quand cette cité de la Gastronomie sera ouverte, il y aura des corrélations à faire pour faire résonner la Foire au rythme de ce nouvel outil. Et réciproquement. Il faut que la municipalité prenne la véritable mesure de la Foire qui est le premier événement économique et populaire de Bourgogne pour en tirer tous les bénéfices ».

Dijon l’Hebdo : Dijon Congrexpo organise ses propres manifestations mais en accueille aussi un certain nombre qui représente une manne pour l’économie locale ?

J. B. : « Absolument. Je me répète : 2016 a été une très grande année. Nous avons accueilli 210 manifestations contre 192 en 2015, ce qui représente 218 jours d’occupation contre 195 en 2015, 42 congrès contre 35 en 2015… L’année dernière aura été marquée par l’accueil d’événements atypiques comme le championnat de France de danse, avec 3 800 participants, la semaine fédérale internationale de cyclotourisme, avec 11 000 participants, le Jumping international indoor Dijon Bourgogne… Pour ces événements hors normes, la prouesse technique, le savoir-faire des équipes et la grande modularité de l’équipement ont permis de transformer les bâtiments en auditoriums de 1 600 à 3 500 places et même en carrière de concours hippique international.

Hôtellerie, restauration, commerces… profitent évidemment de ces manifestations. Le palais des Congrès, à lui tout seul, génère 11 millions d’euros de retombées sur la ville. Tout cela démontre que nous sommes un acteur économique majeur sur l’agglomération dijonnaise. Il n’y pas d’équivalent en terme de contribution extérieure à l’économie locale ».

Dijon l’Hebdo : La délégation de service public prend fin au terme de cette année. Pensez-vous que la Ville de Dijon vous renouvellera sa confiance ?

J. B. : « Je l’espère à plusieurs titres. Dans l’intérêt des manifestations, de l’association et de la communauté locale. Je rappelle que nous ne touchons pas de subventions et que nous payons à la Ville une redevance de 300 000 euros.

Notre bonne gestion et nos bons résultats peuvent créer de l’envie et de l’appétence. Nous aurons donc des concurrents mais je continue à penser que notre association représente la bonne solution à la différence d’organismes nationaux ou internationaux qui gèreront selon leurs propres critères, uniquement de bonne fortune. Nous sommes capables de monter des événements sur lesquels on se contente d’équilibrer dans la mesure où l’on estime qu’ils sont d’intérêt public. Ce qui ne sera pas le cas avec une entreprise privée ».

Dijon l’Hebdo : Vous ne coûtez pas un euro à la Ville ?

J. B. : « On ne coûte pas, on rapporte à la Ville de Dijon. Je pense que nous sommes un cas unique en France. Tous les autres palais des Congrès et parc des Expositions sont subventionnés. Nous, nous vivons de nos ressources qui garantissent une indépendance pour faire prévaloir l’esprit que nous avons initié, Yves Bruneau, le directeur général, et moi-même ».

Dijon l’Hebdo : Dijon Congrexpo nous a toujours habitués à de belles surprises. Est-ce qu’il en est une que vous aimeriez faire aux Dijonnais en 2017 ?

J. B. : « Nous avons à l’étude quelque chose de conséquent. Quelque chose qui fera du bruit. Je ne peux pas en dire plus pour l’instant ».

Dijon l’Hebdo : Un indice ?

J. B. : « Ce sera de dimension culturelle. Une dimension culturelle qui ne perdra pas d’argent. Une dimension culturelle qui fait défaut aujourd’hui et dont le pouvoir d’attractivité toucherait toute la France voire au-delà. Un événement qui n’a jamais été exploité à Dijon et dont on aura l’occasion de reparler, j’espère, très prochainement ».

Propos recueillis par Jean-Louis PIERRE