Retraités ? Pleurez… !

En Bourgogne, ils sont 38 463 retraités (source Caisse nationale d’assurance vieillesse). Au total France, au 31/12/2015, la CNAV en dénombrait 13 854 832, nombre auquel il convient de rajouter d’autres affiliés à des régimes différents comme des médecins, des mineurs, des agriculteurs et autres bénéficiaires de régimes spéciaux ; le nombre de retraités en France dépasse alors les 15 millions. Les enquêtes au sortir de l’isoloir montrent qu’ils se sont déplacés massivement lors du premier tour de la primaire de la droite et du centre. Certains médias, avides de « scoops », les ont présentés comme des nantis, qui bénéficieraient de pensions scandaleuses, qui disposeraient d’un patrimoine bien plus élevé que les jeunes débutant dans la vie active, etc. Au royaume des imbécilités on n’est plus à une ânerie près ! Ce qui est certain, c’est que les gouvernements successifs (de droite comme de gauche) ont bien remarqué que les retraités ne manifestent pas façon CGT et qu’ils ne descendent pas dans la rue pour bloquer la circulation ; sans hésitation, les gouvernements se sont mis à taper fiscalement sur cette catégorie si commodément silencieuse. Pas de bol (formule à la mode), il apparaît que les seniors se sont réveillés et ont voté en masse ; et le résultat est sans appel : Ils ont plébiscité le candidat qui leur semblait le mieux à même de défendre les fondamentaux de notre histoire, notre culture chrétienne, ces valeurs refuge que sont la famille et le travail, rajoutant au passage une dose de bon sens très terrien pour ce qui est de l’économie. Les opposants les appellent des ‘réactionnaires’…

Comme nombre d’entre vous, amis lecteurs, j’ai suivi avec intérêt les différents débats et sur le sujet des retraités je suis resté sur ma faim. Certes, il fut bien rapidement question de la énième réforme à venir des retraites, c’est-à-dire de l’âge auquel tout citoyen pourra prétendre partir à la retraite à taux plein ; mais, pas une fois, je dis bien pas une fois, je n’ai entendu quoi que ce soit pour ceux qui sont déjà retraités. Or, sur un total de 66,6 millions d’habitants (DOM compris), les retraités comptent – excusez du peu – pour 20,8 % de la population (source INSEE). Eh bien, passez muscade, le sort d’un cinquième des citoyens a été passé sous silence ! On a parlé du prix du pain au chocolat, des supposées valises pleines de billets en provenance de Lybie, du nombre de fonctionnaires à supprimer, beaucoup trop d’un trublion palois, un peu du péril islamique, mais point des retraités. Incroyable… Alors, si vous le permettez, je souhaite rappeler qui ils sont vraiment.

Selon le COR (Conseil d’Orientation des Retraites) dont on ne compte plus les rapports sur le sujet, la pension moyenne, incluant les complémentaires, est de 1 884 € pour les hommes et de 1 314 € pour les femmes, soit une pension moyenne de 1 578 € (au 31/12/2013). Pour mémoire, le salaire moyen des actifs, à la même date, s’établit à 2 202 €. Les retraités touchent donc 28,3 % de moins que les actifs ; à noter que ces chiffres sont avant les aides diverses qui peuvent être versées à telle ou telle catégorie. Les moyennes ont cet inconvénient de délaisser les cas particuliers et ne montrent pas que, parmi les retraités, 1,08 million d’entre eux se situent sous le seuil de pauvreté fixé à 840 €/mois, avant aides éventuelles. J’espère qu’on ne m’en voudra pas si je dis clairement que les retraités ne sont pas ces pseudo riches qu’on voudrait parfois nous présenter.

Quid de l’évolution de leurs pensions ? Le sujet n’ayant manifestement pas passionné nos prétendants à la fonction suprême, voici ce qu’il en est du maintien de leur pouvoir d’achat : depuis la loi du 20 janvier 2014, la hausse – quand il y en a une – s’applique au 1er octobre ; la révision est basée sur l’inflation constatée officiellement ; celle-ci étant quasi nulle, la logique du système veut que les pensions aient été gelées depuis quatre ans. Grand, noble et généreux malgré tout, le gouvernement a accordé une prime exceptionnelle de 40 € à ceux percevant une pension inférieure à 1 200 €, soit sur cette base un coup de pouce de 0,002% ; trop aimable ! Je comprendrais le raisonnement s’il était appliqué à l’ensemble du pays, de grands argentiers venant tout penauds nous expliquer que les caisses sont vides et qu’on ne peut rien faire. Or ce n’est pas le cas pour tout le monde ! Sans faire une fixation sur les fonctionnaires, leur point d’indice a été réévalué de 0,6 % au 01/07/2016 et le sera de 0,6% en 02/2017. Coût de cette mesure ? 2,4 milliards en année pleine. Une paille n’est-ce pas ! Electoralisme, que ne ferait-on pas en ton nom, surtout avec l’argent qu’on n’a pas ?!

En ces temps où chacun réclame à l’Etat ce qu’il peut faire pour lui (cf. mon Cactus précédent), une armée de citoyens silencieux attend patiemment le jour du grand scrutin pour s’exprimer, conscients qu’ils peuvent faire ou défaire les rêves de pouvoir de certains. Dans cette armée, se trouvent ceux qui ont connu la semaine de 45 heures, sans RTT, ceux qui ont bâti la France de l’après-guerre et qui en dépit de leurs maigres ressources savent encore aider la jeune génération actuelle. C’est sans doute pour toutes ces raisons qu’ils sont aussi indignement récompensés par nos élus qui, par contre, n’hésitent pas à se concocter des retraites en or massif. Moralité : retraités, pleurez, c’est le seul droit qui vous est accordé !