Le quartier de la gare sur les rails de l’attractivité ?

Les quartiers des gares françaises ont longtemps fait figure de parents pauvres. Très opportunément, depuis plus d’une bonne décennie les pouvoirs publics, la direction de la SNCF ainsi que les collectivités locales ont à cœur de les transformer en espaces de vie et de commerces dynamiques, adaptés aux modes de vie d’aujourd’hui. Dijon s’inscrit résolument dans cette perspective d’un urbanisme humaniste. Le parc hôtelier magnifiquement rénové accroche au passage des étoiles supplémentaires. En un an, il s’est opéré un renouveau et un changement spectaculaires dans le quartier de la gare, qui s’étend de l’avenue Foch à la place Darcy, à la rue Guillaume-Tell et englobe le boulevard Sévigné. Cerise sur le gâteau, derrière les façades et les vitrines, se mettent en place les mille et une initiatives de commerçants, de prestataires de services, tous soucieux d’optimiser de tels atouts. En 2010, l’association UCFDG- Union des commerçants Foch-Darcy-Gare a vu le jour. Elle entend ne pas rater le train !

Dijon L’Hebdo pose LA Question à Nathalie Rigal, la dynamique présidente de l’UCFDG, depuis juin 2015 : « Avec cette rénovation du quartier qui accueille matin et soir un flux important de voyageurs, de touristes ou de Côte-d’Oriens se rendant au travail à Dijon, quel tournant envisagez-vous d’impulser ? Quelle stratégie allez-vous développer pour attirer de nouveaux commerces dont l’installation serait tout, sauf éphémère ? Quels sont vos partenaires ? Comment vous positionnez-vous par rapport aux autres associations de commerçants du centre-ville ? En un mot, quelles ambitions nourrissez-vous ? »

Nathalie Rigal : « Je tiens à apporter une précision : je suis également secrétaire de Shop Dijon, qui regroupe une dizaine d’unions commerciales et qui s’est doté depuis peu d’un nouveau manager. Nous œuvrons donc avec l’appui de cette fédération, comme d’ailleurs avec celui de l’Office du Tourisme : il semble logique de créer une dynamique sur ce cordon reliant la gare au plein centre-ville. Notre projet de développement de l’UCDFG s’opère également dans le cadre d’une synergie plus vaste avec la Toison d’Or. De même, je suis en liaison avec Danielle Juban, l’adjointe au commerce de Dijon. En juin dernier, notre association comptait cinq commerçants. Aujourd’hui nous sommes vingt !
Un potentiel fantastique s’offre à nous : le quartier brasse quotidiennement des milliers de personnes qui empruntent soit le train, soit les deux lignes de tram desservant l’avenue Foch. Nous bénéficions à proximité de l’excellent réseau de bus ou de navettes de la place Darcy. Tout indique que les transports en commun seront de plus en plus empruntés par les touristes – déjà nombreux, mais aussi par les habitants de Côte-d’Or qui travaillent sur Dijon et sont pris par la nécessité de faire des courses avant leur retour à la maison. Il y a là tout un vivier d’acheteurs. A nous de saisir ces opportunités ! Nous voulons donc attirer dans ce périmètre des commerces de proximité, de facilité de vie. Lesquels ? Un pressing, une cordonnerie, une véritable supérette et – pourquoi pas ? – un magasin de bricolage et de petits articles ménagers. Parallèlement à cet axe commerçant, nous entendons développer notre vocation à être un quartier d’affaires. Le parc hôtelier, bien équipé en salles de conférences, les restaurants coquets et de bonne tenue de l’avenue Foch, bref tout correspond à une mode de vie moderne et dynamique…
Je note que le quartier commence à voir davantage de personnes, de touristes ou de Dijonnais, qui s’y promènent. Un pôle d’interactivité émerge : nous avons un petit marché, une pharmacie, des buralistes, des boulangeries, deux couturières retoucheuses dans la cour de la gare deux jours par semaine… Les lieux revêtent un aspect festif, à certaines heures, grâce au piano mis à la disposition du public dans le grand hall de la gare. Du jazz, à la descente d’un TGV, c’est un peu magique, non ? Voilà, bien des pistes prometteuses, si on se booste tous. Notre association a d’autres cibles en ligne de mire : je songe au phénomène du city-breaking ! Le quartier de la Gare peut constituer la halte idéale pour que cette nouvelle catégorie de touristes, le temps d’un week-end prolongé (1). A nous de jouer habilement la carte d’un Dijon, haut-lieu culturel ! Notre centre-ville, où se trouve d’ailleurs un commerce de qualité, vient d’être classé au Patrimoine mondial de l’Unesco… Rien n’empêche – pour doper ce nouveau type de tourisme – de nous appuyer sur l’union des commerçants de La Toison d’Or. Nous y travaillons, car les grands centres commerciaux sont très prisés par les touristes étrangers en villégiature pour une courte durée. Nous entendons bien être présents à tous ces rendez-vous d’un futur très proche. C’est la condition sine qua non pour que nous devenions un quartier de la gare ait le vent en poupe ! »
Marie France Poirier
(1) Le terme « city break » s´est beaucoup popularisé ces dernières années. Ce phénomène est en pleine expansion aux USA et dans toute l’Europe. C’est une escapade courte, normalement sur la durée d´un week-end (2 ou 3 nuits), dans une grande ville.