Député de la 1ere circonscription durant deux mandats consécutifs (2002 à 2012), Bernard Depierre a perdu son siège lors des dernières législatives face à Laurent Grandguillaume. Plutôt discret depuis quatre ans, Bernard Depierre fait part de sa volonté de reconquérir son siège en juin 2017. Une candidature qui va provoquer des grimaces dans le landerneau de la droite et du centre…
A un an des élections législatives, voilà Bernard Depierre qui sort du bois ?
Je ne sors pas du tout du bois pas plus que je mets fin à une retraite politique. J’ai eu la sagesse de ne pas aller aux élections départementales dans le canton de Fontaine-lès-Dijon face à mes amis Patrick Chapuis et Patricia Gourmand désignés, je le dis quand même au passage, non pas par le mouvement auquel j’appartiens mais par le président du conseil départemental. Il aurait été grotesque que je les affronte.
J’ai continué à être un militant actif. J’ai soutenu Rémi Delatte avec beaucoup d’énergie pour qu’il soit président des Républicains de Côte-d’Or. Les circonstances politiques m’ont conduit à recevoir une délégation de Nicolas Sarkozy et, par ailleurs, Michèle Alliot-Marie m’a demandé de reprendre le Chêne, l’association nationale des gaullistes qu’elle présidait avant de créer son propre mouvement en vue des primaires pour la Présidentielle.
Votre décision est prise : vous serez candidat sur la 1ere circonscription…
Oui. Je rappelle que j’ai été, en 2012, une des 107 victimes de l’élection de M. Hollande. J’ai décidé de me mettre en retrait de la vie publique tout en restant un militant actif. En Côte-d’Or, j’anime tout le domaine apprentissage-formation-sport pour les Républicains dont je suis vice-président. A Paris, je poursuis le travail qui m’a été confié.
On peut dire que je suis déjà en campagne. Avant l’heure certes, mais j’ai toujours été un homme de campagne. Je commence à rencontrer tous les maires de cette circonscription dont beaucoup étaient d’ailleurs élus quand j’étais parlementaire. Et puis, je suis aussi très présent sur toutes les manifestations qu’elles soient patriotiques, sociales, culturelles, sportives, éducatives…
Rémi Delatte est-il favorable à votre candidature ?
Oui. J’ai confiance en lui comme il a pu avoir confiance en moi. Il donnera son avis mais c’est la commission nationale qui donnera les investitures.
Cette candidature ne va pas faire plaisir à certains de vos amis politiques au premier rang desquels François-Xavier Dugourd…
Je sais qu’il y a beaucoup de gens qui pensent être candidat sur la première. C’est leur droit le plus strict naturellement. François-Xavier Dugourd n’a pas de légitimité. Aux municipales, en 2007, il a fait 32 % contre le maire de Dijon. Il n’y a même pas eu de deuxième tour.
François Rebsamen, on l’a battu, avec Robert Poujade, en 1997 et, en 2002, quatorze mois après sa victoire à Dijon, j’ai gagné 53 – 47 sur la 1ere circonscription. Et vous noterez que durant tout ce mandat, j’ai travaillé en phase avec lui. En siégeant au CNDS (Centre national de développement du sport), j’ai soutenu tous les dossiers de Dijon. Je l’ai aidé pour la piscine olympique, le stade Gaston-Gérard, les terrains synthétiques de football et de rugby. Et en 2007, il n’est pas revenu au combat car il savait très bien l’issue du résultat. Il a envoyé une adjointe qui n’a pas atteint les 44 %.
Finalement, vous semblez avoir aujourd’hui de meilleures relations avec François Rebsamen qu’avec certains de vos amis politiques ?
J’ai de très bonnes relations avec Rémi Delatte, le président des Républicains. J’ai fait sa campagne de manière très active. J’ai encore de très bonnes relations avec Alain Suguenot. C’était mon collègue parlementaire. Simplement, j’ai estimé qu’il n’avait pas vraiment beaucoup dynamisé le mouvement UMP devenu Les Républicains.
Dans un premier temps, votre principal adversaire sera François-Xavier Dugourd ?
Je ne sais pas. Il rêvait d’être président du conseil départemental de Côte-d’Or mais comme François Sauvadet a échoué aux élections régionales, il a dû garder sa place de 1er vice-président du conseil départemental. Par ricochet, il s’est fait élire secrétaire des Républicains sur la 1ere circonscription. Dans ce registre, on est sur 200 voix. Pour être élu député, ce sont 35 à 40 000 voix. Ce n’est pas tout à fait la même chose.
Et si vous n’aviez pas l’investiture de votre parti ?
Je n’ose pas supposer ne pas l’avoir. C’est la commission nationale des investitures qui se prononcera. J’ai déjà rencontré bon nombre des membres de cette commission dont le président. Il savent qui je suis, ce que j’ai fait, mes valeurs, ma fidélité. Et si d’aventure je n’avais pas cette investiture, je serai quand même candidat. Depierre, c’est dur ! Il ne sera pas question que je me retire devant Pierre, Paul, Jacques… C’est fini ce temps-là.
Je n’ai pas de problème de légitimité. J’ai été député pendant 10 ans. J’ai été le porte-parole de mon groupe sur trois grands textes de loi, le rapporteur de la loi sur le dopage, sur le statut des arbitres…
Avez-vous déjà pensé à votre suppléant ?
Ce sera une femme. J’essaierai d’avoir la meilleure suppléante possible.
Patricia Gourmand ?
Peut-être. J’ai toujours bien travaillé avec elle. A Asnières-les-Dijon, elle démontre toutes ses qualités de maire. Mais mon choix n’est pas encore fait.
Qu’est-ce que vous répondez à ceux qui diront que vous ne contribuez pas au renouvellement et au rajeunissement de la classe politique ?
Ce n’est pas parce qu’on a 30 ou 40 ans que l’on est plus compétent. Moi, je mets en avant mon expérience, une vie publique riche, composite à la ville de Dijon, au conseil général…
J’ai présidé pendant 8 ans l’office départemental d’HLM, pendant 6 ans j’en ai été le vice-président. C’est une très belle maison où j’ai laissé beaucoup de traces c’est le moins qu’on puisse dire.
J’ose affirmer que j’ai les compétences pour être parlementaire.
Quel âge avez-vous ?
Je suis jeune. Je suis en pleine forme physique, morale et intellectuelle. Je n’ai pas de soucis de santé. J’ai maintenant deux oreilles qui fonctionnent puisque je me suis fait opérer.
Sur quelles thématiques allez-vous faire campagne ?
D’abord je ne vais pas essayer d’anticiper les primaires. Il y aura un candidat qui sera désigné au mois de novembre. En attendant, je ferai campagne pour que cette circonscription continue à vivre et à exister. Quand je vois, par exemple, la situation de Darois où je me suis battu comme un fou pour avoir un pôle d’excellence aéronautique qui comptait 150 emplois. Il en reste 70. Qui s’est battu pour défendre Darois ? En dehors du maire, personne !
Il y a beaucoup de travail sur cette circonscription. Je pense au développement de la zone Fontaine-Ahuy qu’il faut soutenir car il y a beaucoup de boutiques fermées ou qui vont mal. Je pense aussi à la zone d’activités de Fleurey-sur-Ouche. Il faut continuer à soutenir le circuit de Prenois qui est un élément économique décisif. Je ferai en sorte, comme je l’ai toujours fait, d’être au service des citoyens et des élus. Chaque semaine, je fais deux permanences : aux Halles de Dijon, c’est mon quartier, où je rencontre certainement beaucoup plus de monde que certains élus dans leur permanence.
J’ai aussi la prétention de connaître entre 50 et 60 % des habitants de cette circonscription. Quand je vais dans un quartier, dans un village on me reconnaît. Sur la Première qui compte 65 % de Dijonnais, il n’y a pas une seule rue, une seule route, un seul endroit où je ne sois pas allé pendant mes 10 ans de mandat parlementaire.
Propos recueillis par Jean-Louis PIERRE